Avec une troisième participation plus que réussie au grand rendez-vous mondial de l’innovation et de la Tech, la délégation réunionnaise fait office de pionnière pour les Outre-mer. La semaine dernière, à l’occasion de VivaTech 2025, ce sont quinze start-up innovantes, portées par un écosystème local en pleine effervescence, qui ont représenté le territoire. Soutenue par la Région Réunion et une alliance d’acteurs économiques et institutionnels, la présence, une nouvelle fois, de cette délégation confirme la montée en puissance de La Réunion dans le paysage numérique ultramarin, et plus globalement, français. Une présence remarquée, entre vitrines technologiques, rapprochements stratégiques et volonté assumée d’inscrire le territoire dans les réseaux d’innovation à l’échelle nationale et internationale.
Quatre jours après la clôture du salon international Viva Technology 2025 à Paris, il est encore trop tôt pour la délégation réunionnaise pour chiffrer les retombées, mais les signaux sont positifs informe néanmoins Julie Van Snick, directrice générale de la French Tech La Réunion. « Ce fut une édition remarquable. La délégation gagne chaque année en visibilité, mais surtout en légitimité. »
Réunissant cette année 15 start-up et huit partenaires publics et privés sur un stand coordonné par la Région Réunion, la participation du territoire a été pensée comme une vitrine du potentiel réunionnais en matière d’innovation technologique. « Nous avions toutes les conditions requises pour faire émerger nos champions péï : un stand attractif, des opportunités de pitchs sur des stands nationaux comme ceux de KPMG, Business France, Village by CA, des échanges stratégiques avec la DGOM, des prises de contact ciblées avec des investisseurs, et même le parrainage discret de deux grands groupes nationaux », détaille encore la directrice de la French Tech La Réunion.

Au cœur de cette dynamique : des entreprises aux profils variés mais complémentaires, de la tech verte à la cosmétique innovante. « Il y a eu de belles promesses, parfois conditionnées à des ajustements, mais désormais, le travail de suivi commence pour les start-up. Chaque séquence vécue sur le salon a permis de créer des liens précieux : avec des clients, des prescripteurs, des ambassadeurs potentiels, des grands groupes et des collectivités, qu’elles soient nationales, ultramarines ou internationales. »
Une montée en puissance de l’écosystème réunionnais
2025 marque donc un vrai tournant pour les entrepreneurs. « La première année restera dans les annales », tempère Julie Van Snick, « mais cette année, je suis fière de voir les résultats accomplis. » Parmi les marqueurs de progression notés par les acteurs de la délégation : la structuration croissante du réseau. « Les startuppeurs réunionnais ont cette agilité, cette “smart’titude” d’aller chercher chez chacun ce qui peut les aider à aller plus vite, plus loin. Et surtout, ils ont envie de transmettre. Neuf des vingt membres du conseil d’administration de la French Tech Réunion sont eux-mêmes des start-up. Cela prouve qu’il ne s’agit pas juste de projets individuels, mais bien d’une dynamique de territoire. »
Malgré ces avancées, certains défis restent entiers. « L’éloignement reste le frein numéro un. Pour un investisseur basé à Paris, une start-up qui réalise la majorité de son chiffre d’affaires en local depuis La Réunion peut susciter de la méfiance. Le coût d’émergence d’une start-up est neuf fois plus élevé depuis l’île que depuis l’Hexagone. » Pour y répondre, la French Tech La Réunion mise sur la régularité et la diversification des événements d’exposition et de développement commercial, ainsi qu’une participation accrue à des salons internationaux et à des concours d’envergure nationale. « C’est aussi pour cela que nous travaillons avec des partenaires comme Numeum ou la French Tech Grand Paris, et que nous avons signé la charte des + de 50 ans à VivaTech. »
Vers une meilleure reconnaissance nationale et internationale
La reconnaissance de l’innovation réunionnaise à l’échelle internationale est donc bien en cours. « Nos indicateurs sont clairs : invitations à pitcher sur des stands de grands groupes, nombre croissant de concours remportés, hausse du trafic sur notre stand, visites d’officiels, présence d’investisseurs clés à notre soirée off », énumère la directrice générale de la French Tech – La Réunion. « Il est temps d'arriver à les faire reconnaître encore davantage sur la scène mondiale. Educ'Up, Crowdaa, Flowly, Feelbat et avant eux Hub2, Datarocks et d'autres ont déjà ouvert la voie. J'ai hâte que l'une d'entre elles fasse partie des Next40 ou FT120. »

En attendant que les ambitions se concrétisent, la French Tech La Réunion se prépare déjà à ses autres rendez-vous : le 3 juillet prochain, elle réunira toute la délégation pour un retour d’expérience (REX) structuré, afin de capitaliser sur VivaTech et la learning expedition lilloise. D’autres temps forts sont également attendus, à l’instar d’une séquence dédiée à l’impact social à l’automne, un concours co-organisé avec Maddyness, et surtout, la 3ème édition des Outre-mer French Tech Days prévue en Guadeloupe et en Guyane à la fin de cette année 2025.
Pour 2026, un objectif est également dans toutes les têtes : l’organisation à Paris d’un événement “Outre-mer Connect”, réunissant toutes les délégations ultramarines autour de la tech, de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Une façon, une fois encore, d’affirmer que les territoires ultramarins ne sont plus en marge, mais bien au cœur du « game », comme aime à le rappeler Julie Van Snick.
Abby Said Adinani