Le taux de chômage a continué de grimper en 2023 à Mayotte pour atteindre 37%, soit 7 points de plus qu'avant la crise sanitaire, à l'inverse de la tendance nationale, selon une étude de l'Insee consultée mardi par l'AFP.
« Il s'agit d'un taux historiquement haut », souligne Véronique Daudin, cheffe du service régional de l'Institut de la statistique à Mayotte, qui note une dégradation du marché de l'emploi depuis 2019. En 2023, 29 000 Mahorais de 15 ans et plus étaient au chômage, soit 37% de la population active du département. La moyenne nationale s'établit à 7,3%.
Le taux d'emploi s'établit à 29%, soit 5 points de moins qu'en 2019, contre 68% dans l'Hexagone. Au total, 50 000 habitants âgés de 15 à 64 ans travaillent, un niveau quasi équivalent à celui des années 2021 et 2022, alors que la population continue d'augmenter, d'environ 4% par an, précise l'Insee.
« Il faut que le territoire arrive à absorber 10 000 naissances chaque année et que la création d'emplois suive la courbe démographique. C'est un défi considérable pour le territoire, d'autant qu'il n'y a pas eu véritablement de reprise économique depuis la fin de la crise du Covid-19 et que les crises successives ont continué d'affaiblir le secteur économique », analyse Véronique Daudin.
Mayotte a connu plusieurs épisodes de violences au moment de l'opération "Wuambushu", visant à lutter contre l'immigration illégale, l'insécurité et l'habitat insalubre en 2023, une année également marquée par des pénuries d'eau successives qui ont continué de fragiliser les entreprises locales. Puis des barrages routiers ont paralysé l'archipel, entachant à nouveau l'activité économique de Mayotte pendant cinq semaines début 2024.
Le territoire concentre par ailleurs plusieurs difficultés d'accès à l'emploi. Le « halo autour du chômage », qui concerne « des personnes qui aimeraient travailler mais qui ne sont pas disponibles immédiatement, faute de moyen de transport par exemple », stagne autour de 20%, « une proportion particulièrement élevée » pour la cheffe du service régional de l'Insee.
La dégradation du marché du travail a davantage pénalisé les femmes (43% étaient au chômage en 2023) et les jeunes.
Avec AFP