Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, est arrivée à Mayotte ce vendredi, en pleine période de conflits sociaux, pour prendre connaissance des attentes des salariés mahorais. Durant sa première journée, elle s’est rendue au CHM, à la préfecture et sur le piquet de grève des salariés de Colas avant d’aller à la rencontre des adhérents le lendemain. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.
Sur le piquet de grève des salariés de Colas, les mots étaient durs et exprimaient une souffrance partagée par tous : « On n’est même pas considérés comme des êtres humains », s’exprime un salarié devant une Sophie Binet attentive à toutes les prises de parole.
Durant les échanges, la secrétaire générale de la CGT fait un constat inquiétant pour les salariés du privé : « Le minimum de dialogue social n’existe pas sur l’île ! ». Elle ajoute également que « ici, tout est dérogatoire, en dehors du droit. » Des propos qu’un gréviste de Colas confirme en expliquant que « dès qu’on veut ouvrir notre bouche, on veut nous la fermer. On menace les salariés en disant : ‘je vais t’enlever ton titre de séjour.’ »
Le reste de sa journée l’a conduite du côté de la préfecture. « La première chose que l’on va dire au préfet, c’est le scandale de ces patrons qui pensent qu’ils peuvent tout se permettre ici », dit-elle. En plus de rappeler sa volonté de faire en sorte que les droits des salariés mahorais soient les mêmes que ceux appliqués dans l’Hexagone, elle a souligné deux mesures qu’elle souhaite voir se mettre en place rapidement.
La première est l’alignement du SMIC sur celui de l’Hexagone : « Ce n’est pas normal que Mayotte ne soit pas au même niveau de salaire qu’en métropole ! » Elle espère que cela se réalisera en 2025 ou 2026. Le deuxième point concerne la demande au préfet du blocage des prix : « Ce n’est pas normal que les multinationales qui détiennent la grande distribution spéculent sur les difficultés des Mahorais », explique-t-elle. Concernant la retraite, elle a exprimé son indignation en parlant de « scandale » et des « milliers de fonctionnaires qui n’avaient pas de retraite », ce qui serait lié à l’ancien statut de collectivité territoriale de Mayotte.
Sa deuxième journée s’est déroulée dans l’enceinte plus solennelle de l’hémicycle Younoussa Bamana devant près de 60 adhérents de la CGT. Plusieurs représentants de différentes sociétés ont ainsi pu s’exprimer et remonter leurs difficultés à leur secrétaire générale. Les revendications sont les mêmes : droits, salaires, conditions de travail. Sophie Binet s’est dite « très choquée des scandales que je découvre » en faisant référence aux monopoles dans le secteur privé.
Dans deux semaines, un rendez-vous est programmé avec le ministre des Outre-mer, un temps d’échange durant lequel elle a prévu de porter la voix des salariés mahorais.
Anthony Maltret pour France Mayotte Matin