Manuel Valls, ministre d’État chargé des Outre-mer, et Élisabeth Borne, ministre de l'Éducation nationale, se rendent à Mayotte pour une visite de 48 heures. Leur mission : répondre à la crise multidimensionnelle amplifiée par le cyclone Chido. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.
Manuel Valls, ministre d’État chargé des Outre-mer, et Élisabeth Borne, ministre de l'Éducation nationale, arriveront à Mayotte dès jeudi matin pour une visite de 48 heures. Élisabeth Borne vient pour tenter d’apaiser les tensions au sein de la communauté éducative, particulièrement chez les enseignants, mais aussi chez les parents.
Le cyclone Chido n’a fait qu’exacerber des problèmes préexistants : un niveau scolaire jugé insuffisant, des rotations de classes surchargées et des conditions de travail souvent décriées. Rien de tout cela n’a été résolu, et Chido a renchéri ce tableau dramatique, en endommageant environ la moitié des établissements scolaires. Les enseignants, déjà en nombre insuffisant, sont pour beaucoup encore absents. Pour de nombreux parents, l’année scolaire de leurs enfants est compromise.
Ceux qui le pouvaient ont envoyé leurs enfants dans l’Hexagone, tandis que les autres doivent se contenter, notamment en terminale au lycée Bamana, de quelques heures de cours un jour sur deux. Dans ces conditions, il paraît difficile de garantir que les élèves auront le niveau requis pour entamer des études supérieures en septembre.
La ministre devra également affronter la colère des enseignants, dont certains n’ont pas retrouvé de logement après le cyclone. Elle devra répondre aux syndicats qui réclament l’extension à tous des primes de 2 000 euros perçues par certains, ainsi qu’un examen sérieux des conditions d’apprentissage.
Manuel Valls, pour sa part, s’est récemment exprimé dans les médias en prônant une ligne stricte sur l’immigration, rejoignant la position du ministre de l’Intérieur : tolérance zéro, fermeté envers l’Union des Comores, et limitation des flux migratoires. Le ministre est attendu sur la mise en œuvre concrète de ces engagements. Les élus locaux et la population réclament un moratoire sur la délivrance de titres de séjour et l’examen des demandes d’asile, Mayotte n’a pas les capacités d’accueillir davantage de migrants. Après Chido, tout fait cruellement défaut sur le territoire, à commencer par les logements.
Le ministre devra aussi détailler la concrétisation du plan « Mayotte debout » maintenant que la loi d'urgence qui fixe le cadre de la reconstruction poursuit sa navette parlementaire au Sénat. De quel montant Mayotte va disposer pour la reconstruction et comment les fonds seront-ils dépensés et par qui ?
Il est également attendu pour constater l’avancement de la remise en service de l’électricité et de l’eau. Lors de sa dernière visite en décembre, il avait consacré du temps aux agriculteurs, aux professionnels de l’environnement pour la reforestation, ainsi qu’aux acteurs du secteur maritime. Ces rencontres thématiques devraient se poursuivre.
Deux mois après le passage du cyclone, la reconstruction n’est pas encore visible. La population a besoin d'espoir et elle attend le ministre des Outre-mer avec cet objectif, croire en des lendemains meilleurs car la relance et la reconstruction ne seraient pas que des mots.
Anne-Constance Onghéna pour France Mayotte Matin