La 14ème édition du Forum économique des îles de l’océan Indien (FEOI) s’est achevée il y a quelques jours à la Technopole de Dembeni, à Mayotte. L’événement, qui a réuni des acteurs de toute la région de l’océan Indien du 5 au 7 novembre dernier, a permis de mettre en lumière de nombreuses thématiques, parmi lesquelles la durabilité des ressources halieutiques, menacées par la surpêche et les changements climatiques. Pour Bacoco Lahadji, représentant du Cluster maritime de Mayotte, une pêche responsable, qui allie savoir-faire traditionnel et innovation, passe également par la formation et l’insertion des jeunes.
Le Forum économique des îles de l’océan Indien a été l’occasion, durant 3 jours, d’aborder de nombreuses thématiques propres à Mayotte mais aussi à la région. De la question de l’amélioration de la desserte aérienne au dynamisme du commerce entre l’Union européenne et l’océan Indien, les sujets ne manquaient pas. La pêche durable a également été au cœur des échanges, avec ces questions : Comment adapter les produits régionaux à la consommation durable ? et Comment concilier le développement économique du secteur de la pêche avec la préservation des écosystèmes marins tout en favorisant la coopération régionale ? Le secteur de la pêche, pilier économique pour les îles de l’océan Indien, qui partagent une biodiversité marine exceptionnelle, est fragilisé. Avec des écosystèmes marins soumis à des pressions sans précédent, la question n’est plus seulement de produire davantage, mais de produire de manière durable, en protégeant les habitats et en adaptant les pratiques locales aux exigences écologiques. Ce contexte pressant a donné lieu à un atelier centré sur la question : comment concilier la croissance du secteur halieutique avec la préservation des ressources et une consommation durable au deuxième jour du Forum à Dembeni ?
Préserver un écosystème en péril
Pour Bacoco Lahadji, représentant du Cluster maritime de Mayotte, les défis spécifiques que rencontre Mayotte dans la gestion de ses ressources marines sont nombreux. « Nous faisons face à une raréfaction des espèces clés pour notre économie et notre alimentation. Si nous ne trouvons pas de solutions ensemble, ces ressources risquent de disparaître », a-t-il averti. Pour lui, le dialogue entre les îles est essentiel : « Seul, chaque territoire est vulnérable. Mais ensemble, nous pouvons unir nos savoir-faire et créer un modèle commun de pêche responsable ». Alors que la structuration d’une économie bleue, basée sur des activités maritimes telles que la pêche, le commerce et le tourisme, est en cours, les menaces environnementales se font également plus fortes. L’atelier a permis d’aborder des perspectives nouvelles pour adapter cette économie aux enjeux actuels. « Nos océans sont une richesse inestimable. Mais cette richesse est fragile, et si nous ne prenons pas les mesures nécessaires, nous mettons en péril nos économies et notre sécurité alimentaire, » a insisté le représentant du Cluster maritime de Mayotte, évoquant également le besoin de former de jeunes techniciens pour soutenir une transition durable.
Vers un modèle durable
La préservation des ressources marines a donc été au cœur des préoccupations de ce nouveau rendez-vous incontournable. Des techniques de pêche écoresponsables pourraient permettre aux pêcheurs locaux de réduire leur impact sur les écosystèmes. Parmi ces techniques, certaines s’appuient sur des savoir-faire traditionnels, tandis que d'autres intègrent des innovations pour minimiser les effets destructeurs de la pêche. « Nous avons des traditions qui respectent les cycles naturels, et en les combinant avec des innovations, nous pourrions réduire la pression sur nos ressources, » a indiqué Bacoco Lahadji, en soulignant l'importance de transmettre ces pratiques aux nouvelles générations.
La collaboration entre les îles a également été au cœur des discussions. « Les autres îles de la région ont déjà adopté des approches intéressantes en matière de pêche durable. Nous devons les étudier et les adapter à notre contexte local ». Ce partage de compétences est d’autant plus crucial que chaque île fait face à des défis similaires, mais avec des réalités et des priorités différentes. Pour le représentant du Cluster maritime de Mayotte, cette coopération est essentielle pour bâtir une dynamique régionale autour de pratiques respectueuses de l’environnement. Dans le but de respecter ces objectifs, la formation des jeunes aux métiers de l’économie bleue est une priorité. « Le secteur de la pêche ne peut prospérer de manière durable sans une main-d’œuvre qualifiée et sensibilisée aux enjeux écologiques. Les jeunes représentent l'avenir de notre filière. Si nous leur transmettons les compétences et les valeurs nécessaires, ils pourront préserver les ressources et garantir une autonomie économique à notre région ».
La mise en place de programmes de formation régionaux pourrait non seulement renforcer les compétences locales, mais aussi encourager les jeunes à s'investir dans des métiers souvent dévalorisés. « C’est un secteur exigeant, mais c’est aussi un secteur d’avenir, » affirme Bacoco Lahadji. L’objectif est de donner aux jeunes l’envie et les moyens de participer activement à cette transition vers une pêche plus durable, tout en assurant une production locale et autonome pour les besoins alimentaires des îles.
Les discussions autour de cette thématique ont eu le mérite de dégager plusieurs priorités, comme celle d’établir un diagnostic régional pour avoir une vision claire de l’état des ressources halieutiques et des pratiques actuelles. Il est aussi question de promouvoir des pratiques de pêche écoresponsables par la sensibilisation et la formation, afin de réduire les impacts négatifs sur les écosystèmes marins, ou encore de renforcer la dynamique régionale autour de l’écoresponsabilité, en mutualisant les savoir-faire et les ressources des différentes îles. « Ce que nous faisons ici est plus qu’un simple échange d’idées. Nous posons les bases d’une stratégie durable pour protéger notre océan, renforcer notre économie, et assurer un avenir aux générations futures », souligne Bacoco Lahadji, représentant du Cluster maritime de Mayotte. La durabilité des ressources halieutiques est en effet un défi partagé par tous. Par des pratiques de pêche respectueuses, la formation des jeunes, et la coopération inter-îles, les participants se sont engagés à transformer les défis écologiques en opportunités économiques. La pêche durable est devenue un impératif, non seulement pour la préservation des écosystèmes, mais aussi pour garantir l’autonomie économique des territoires insulaires.
Abby Said Adinani
