Deux semaines après le passage du cyclone, Mayotte panse ses plaies. Entre urgences médicales, rétablissement progressif des services essentiels et défis de reconstruction, l'île tente de se relever. La mobilisation des secours et l'arrivée de renforts redonnent espoir, mais le chemin reste long pour un retour à la normale, et ce en dépit des efforts énormes entrepris les autorités, les secours et la population elle-même. Point de situation avec notre partenaire France-Mayotte Matin.
Au quatorzième jour après le passage du cyclone, une grande partie de la population de Mayotte demeure en détresse, vivant encore grâce aux secours organisés par la préfecture. Les priorités des services publics incluent la distribution de nourriture et d’eau, le rétablissement des infrastructures essentielles et l'assistance aux plus vulnérables. Chaque jour, des distributions alimentaires et l’installation de cuves d’eau dans les villages les plus isolés rythment les efforts. L’hôpital de campagne, installé sur le stade de Cavani, accueille désormais des blessés. Depuis quelques jours, les professionnels de santé et les travailleurs sociaux rapportent la présence de personnes souffrant de plaies infectées, notamment aux bras et aux jambes, causées par des débris tels que des tôles et des chevrons. Les médecins s’inquiètent des infections observées. Un message circule dans les villages, incitant la population à consulter rapidement dans les dispensaires ou au CHM pour recevoir des soins adaptés.
Lire aussi : Cyclone Chido : François Bayrou accompagné de 5 ministres, se rendra à Mayotte dimanche et lundi
À ce jour, le nombre officiel de victimes reste inférieur à 50, 39 est le chiffre officiel, bien que dans certaines communes, comme Koungou, des témoins rapportent la création de cimetières où des corps ont été enterrés en urgence après leur découverte. La commune de Pamandzi a mis en place un point de contact poursignaler les proches disparus. Toutefois, le bilan exact demeure incertain, compliquant la réponse aux attentes du président Emmanuel Macron sur ce point. Sur le plan quotidien, l’eau et l’électricité sont progressivement rétablies dans les quartiers.
Lire aussi : Cyclone Chido : à Mayotte, des élus dénoncent un manque d'aide sur le terrain
Le retour de l’eau est plus rapide, mais dans les maisons lourdement endommagées, l’électricité nécessite l’intervention d’électriciens pour sécuriser les circuits. Ce travail prendra du temps. EDM a accueilli une cinquantaine de renforts venus de La Réunion et de l'Hexagone. La priorité d’EDF est de réalimenter les zones nécessitant peu de travaux avant de s’attaquer aux cas complexes. Actuellement, environ 40 % des foyers ont retrouvé l’électricité. La SMAE, de son côté, a rétabli la production de 31 000 m³ d’eau potable par jour, contre 40 000 habituellement. L’approvisionnement reste limité : l’eau est distribuée deux jours consécutifs sur huit heures, puis coupée le jour suivant. Elle n’est pas encore potable, et l"ARS recommande de la faire bouillir pendant trois minutes avant usage. La faible pression dans certains quartiers demeure un problème, aggravant le quotidien des habitants privés d’eau depuis 14 jours.
Concernant le carburant, six stations-service sont désormais ouvertes au pu- blic. Des files dédiées aux secours sont maintenues. Il n’y a plus de limites sur le nombre de litres distribués, et chaque personne peut remplir une jerrican en plus de son véhicule. Les réseaux de téléphonie sont encore gravement affectés. Orange annonce avoir rétabli 43 % de son réseau, et les techniciens priorisent la remise en service des antennes pour les communications mobiles. Les pharmacies ont rouvert selon un planning de garde défini avec les autorités préfectorales. Les supermarchés fonctionnent à nouveau, mais les paiements par carte bancaire restent souvent impossibles, obligeant à utiliser des espèces. Les files devant les distributeurs de billets, peu nombreux à fonctionner, sont longues.
Lire aussi : [REPORTAGE] À Tsingoni, dans le centre-ouest de Mayotte, une atmosphère de post-guerre règne
Le retour à la normale est encore loin, et pour de nombreux habitants, dont les maisons ont été détruites, plus rien ne sera comme avant ce 14 décembre 2024. Cependant, les efforts conjoints per- mettent d’entrevoir une amélioration progressive, une stabilisation des situations individuelles ouvrant la voie à la reconstruction de l’île. L’espoir est toujours présent.
Par France-Mayotte Matin