La rentrée parlementaire européenne de ce 16 juillet 2024 a été marquée par un moment historique avec l'élection du Réunionnais Younous Omarjee, premier élu ultramarin à accéder à la vice-présidence du Parlement européen. Les votes se sont déroulés dans l’après-midi à Strasbourg, consacrant ainsi le député européen en poste depuis 2012. Celui qui était, il y a encore quelques semaines, président de la commission du développement régional (REGI) confirme son ascension au sein de l’instance européenne.
Quelques heures avant l’annonce des quatorze nouveaux vice-présidents du Parlement européen, le suspense était à son comble. Bien que le député européen Younous Omarjee ait été proposé par son groupe politique, The Left, comme candidat à la Vice-Présidence, rien n’était encore joué. Au micro d’Outremers360, l’élu se disait confiant. Pourtant, les votes, à bulletin secret, pouvaient révéler des surprises. La séance a d’ailleurs duré plusieurs heures, pour se conclure à la suite d’un second tour, en début de soirée. C’est à l’issue de ce tour final que Younous Omarjee, aux côtés de deux autres élus, a complété la liste des 11 vice-présidents, déjà élus dès le premier tour. « C’est une séance plénière qui a un goût particulier », indiquait le député européen quelques minutes avant le début des votes. « Je suis confiant parce que je constate que le travail que j'ai fait à la présidence de la commission REGI est respecté par beaucoup de mes collègues. Le rayonnement des députés européens se gagne par le travail. Et je pense que les votes le confirmeront ». Avec 311 voix en sa faveur, Younous Omarjee a donc rassemblé autour de sa candidature, au-delà de son groupe The Left. « Nous sommes moins de 50. En tant que plus ancien de mon groupe, et de par mon travail, j’ai été désigné pour ce mandat. Le fait que je sois accepté par les autres groupes aide. Aujourd’hui, il faut se mettre au travail : pour les régions ultrapériphériques, pour défendre les intérêts de la France… Je suis en effet le seul vice-président français au Parlement européen ».
De la continuité et des combats
Parmi les priorités du nouveau vice-président, il y a la question des régions ultrapériphériques. « C'est un invariable. Je continuerai évidemment à utiliser l'influence qui est la mienne en tant que vice-président pour les promouvoir ». En effet, dès ses débuts, le député européen a placé les régions ultrapériphériques au cœur de ses préoccupations. Son travail au sein de la commission REGI a permis, notamment, de renforcer la visibilité et la représentation de ces régions dans les débats européens. Parmi les actions que l’on peut citer, on peut revenir sur son rôle dans l'adoption de la « Stratégie de l'UE pour les régions ultrapériphériques », qui vise à mieux intégrer ces régions dans le marché intérieur de l'UE et à maximiser les bénéfices des financements européens. On peut également évoquer son travail à la création de mécanismes de soutien spécifiques pour les secteurs économiques clés des régions ultrapériphériques, comme l'agriculture et la pêche. Un exemple qui espère en inspirer d’autres.
Ne pas se limiter
Si le nouveau vice-président ne connaît pas encore les responsabilités spécifiques qui lui seront attribuées, il sait déjà comment il va continuer à travailler. « Surtout, il ne faut pas être sectaire. Je pense que le sectarisme, c'est la bêtise ». À la question « quel conseil donneriez-vous à un élu ultramarin ? », il répond ceci : « il faut rester ferme dans ses convictions tout en étant ouvert aux autres. Il faut s’émanciper des stéréotypes coloniaux et s'investir dans tous les domaines. Nous sommes légitimes à parler de tout ».
Les premiers pas du premier vice-président ultramarin du parlement européen seront à suivre dans les prochains jours. En attendant, la rentrée parlementaire se poursuit avec notamment, jeudi prochain, la reconduite, ou non, d’Ursula Von der Leyen à la tête de la Commission européenne. Roberta Metsola, elle, a été largement réélue présidente du Parlement européen ce mardi matin.
Par Abby Said Adinani