La 12e Commission Mixte de coopération Transfrontalière (CMT) entre la France et le Brésil s’est déroulée les 3 et 4 juillet 2023 à Cayenne, pour la première fois depuis 4 ans. De nombreux sujets ont été abordés, autant de pistes de travail de fond pour les années à venir entre les deux territoires.
Elus locaux et représentants d’états de la France, la Guyane, du Brésil et de l’Amapa, réunis autour de nombreux sujets de dialogue et de travail, autour des questions de coopération transfrontalière en matière de défense, de sécurité, de migrations, d’environnement ou encore de circulation des marchandises.
Dans un contexte de nouvel élan donné au partenariat stratégique entre la France et le Brésil, comme en a témoigné la visite présidentielle du président Lula au président de la République les 22 et 23 juin derniers, la tenue de cette commission a permis de renforcer les liens bilatéraux sur plusieurs thématiques : Le nouveau règlement intérieur du Conseil du fleuve Oyapock a été adopté à l’unanimité et ses neuf propositions ont été examinées une à une tout au long de la rencontre, manifestant ainsi l'importance de cette instance transfrontalière de consultation et de dialogue.
En matière de sécurité et de défense, il a été proposé de renforcer les opérations en miroir et les patrouilles
conjointes pour lutter ensemble contre la criminalité transfrontalière dont l’orpaillage illégal et la pêche illicite. Un
nouveau cadre législatif devrait être finalisé pour faciliter les échanges d'informations entre forces de sécurité et
l'accès à des outils communs. Le renforcement des effectifs du centre de coopération policière à Saint-Georges
devrait aussi constituer un nouvel axe de coopération entre les deux pays. Enfin, des pistes de renforcement de
la coopération judiciaire franco-brésilienne ont été abordées.
Une première rencontre en 4 ans particulièrement attendue et au bilan très satisfaisant pour le gouverneur de l’État d’Amapa, Clécio Luis, au micro de nos partenaires de Radio Péyi. Il évoque notamment une coopération transfrontalière en vue de la COP 2025, prévue au Brésil : « Nous avons abordé l’éducation, la santé, la culture, l’immigration. C’était une rencontre très franche entre les deux pays, qui ont mis en avant leurs difficultés, leurs inquiétudes, leurs envies aussi, et finalement, j’ai eu le sentiment que l’on a su donner un sens à la coopération entre l’Amapa, la Guyane, le Brésil et la France. Je ne dois pas oublier que dans 2 ans, en Amazonie, il y aura la COP, et nous suggérons que durant cet événement, nous pourrions avoir une position commune entre nos deux territoires de la Guyane et de l’Amapa ».
Une rencontre qui a également permis d’évoquer des problématiques du quotidien, commente le préfet de Guyane, Thierry Queffelec, au micro de Radio Péyi : « Ça a été de voir les notions de bassin de vie. Les premières questions, même si ce n’était pas l’essentiel, c’était la notion de sécurité du quotidien, avec la lutte contre l’orpaillage illégal, la lutte contre la pêche illégale. Très rapidement, il y a eu une réponse opérationnelle, puisque 3 officiers brésiliens vont être à Saint-Georges de l’Oyapock, ce qui fait que la sécurité va être partagée. La deuxième phase, ça va être aussi de travailler sur des notions un peu plus hautes, c’est-à-dire la notion d’environnement-santé. On voit bien qu’on peut partager des fleuves, mais si on n’a pas la même approche sur le mercure, même si la France l’interdit, il est évident qu’elle en aura des dégâts collatéraux ».
Dans le cadre d’une coopération développée entre la Guyane et le Brésil, la question d’infrastructures nécessaires aux échanges était également abordée. Dans ce domaine, le problème de la BR 156, route entre Oiapoque et Macapa, capitale de l’Amapa, dont une partie n’est pas asphaltée a été évoquée. La « commission mixte transports », fondée sur l’accord bilatéral du 19 mars 2014, devrait être prochainement relancée afin de contribuer ensemble au désenclavement régional. Les connexions bilatérales bénéficieront également de la réouverture de la ligne aérienne entre Cayenne et Belém et de la facilitation des accès maritimes réciproques.
L’État français s’est engagé à apporter un soutien technique afin de terminer ce chantier, explique Michèle Ramis, directrice des Amériques et des Caraïbes du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères : « Nous avons décidé d’adopter les propositions du Conseil du fleuve, nous avons mis en place des instances, nous avons renforcé les outils de coopération, notamment le poste de police à la frontière, nous avons peut-être des projets d’actions conjointes dans le domaine de l’environnement. (…) Le pont n’est pas exploité au maximum de ses potentialités, et nous nous sommes mis d’accord pour aider le Brésil à essayer de pouvoir utiliser ce pont et à finaliser notamment l’asphaltage d’une route (…) nous nous sommes mis d’accord pour proposer à la partie brésilienne une expertise technique, une assistance pour finaliser ces travaux, et eux-mêmes sont très engagés à le faire ».
Des projets de coopération en matière environnementale, de santé, d’éducation et de culture ont été présentés pour renforcer les liens régionaux sur le plateau des Guyanes.
Les questions migratoires ont été abordées par les deux parties afin de travailler ensemble sur un système permettant une conciliation des impératifs de circulation, de sécurité et de contrôle. À cet égard, des pistes concrètes ont été proposées par les deux partenaires pour faciliter les échanges et la coopération transfrontalière.