Une place à Lyon portera le nom de Frantz Fanon, penseur martiniquais et figure majeure de l’anticolonialisme

Une place à Lyon portera le nom de Frantz Fanon, penseur martiniquais et figure majeure de l’anticolonialisme

A partir du 1er juillet prochain, dans le 1er arrondissement de la ville de Lyon, une place portera le nom de Frantz Fanon, penseur martiniquais et figure majeure de l’anticolonialisme. Une initiative qui rend hommage à l’héritage intellectuel et politique de l’auteur des « Damnés de la Terre » dans une année 2025 qui marque le centenaire de sa naissance.

Le 20 juillet 2025, Frantz Fanon aurait eu 100 ans. Malgré sa courte vie, Frantz Fanon né en Martinique et mort à 36 ans (décembre 1961), aura eu un destin et un parcours hors du commun. Il aura eu mille vies marquées notamment par ses engagements en faveur de la justice et de la liberté dans son métier de médecin –psychiatre comme dans ses choix humains et politiques.

Une vie qui l’a amené à s’engager auprès de l’armée française de libération en 1943 sous les ordres du maréchal de Lattre de Tassigny où il en ressortira atteint, blessé physiquement et moralement, confronté à la discrimination ethnique et au racisme. 

Engagement au côté de la résistance nationaliste algérienne

Engagement encore quand, devenu médecin-psychiatre après des études de médecine à l’université de Lyon, il entreprendra un travail de désaliénation et de déculturation considérant que l’aliénation prend sa source dans l’histoire et les traumatismes coloniaux subis. Pour corroborer sa thèse, il publiera « Peaux noires, masques blancs », un pamphlet contre le racisme qui lui vaudra une avalanche de critiques à sa sortie.

Engagement toujours, quand, après avoir expérimenté ses méthodes modernes de psychiatrie adaptées à la culture et au vécu des Algériens, il décide de prendre fait et cause pour leur lutte contre la colonisation en allant jusqu’à intégrer la résistance nationaliste. Après avoir démissionné de son poste de médecin-chef à l’hôpital de Blida-Joinville où il exerçait depuis cinq ans, il sera expulsé d’Algérie. Il part alors rejoindre le FLN à Tunis. C’est à cette époque qu’il publiera « L’An V de la révolution algérienne », certain que la liberté pour les Algériens triomphera. 

« Les Damnés de la Terre », manifeste anticolonialiste et tiers-mondiste

Mais sa grande œuvre sera le manifeste anticolonialiste et tiers-mondiste « Les Damnés de la Terre », préfacé par le philosophe Jean-Paul Sartre. Une œuvre inspiratrice pour de nombreux mouvements de libération à travers le monde. Frantz Fanon, homme d’engagement, épris de justice et de liberté, décédera quelques mois plus tard, à 36 ans, sans avoir pu savourer la proclamation de l’indépendance de l’Algérie pour laquelle il avait tant combattu. 

Encore aujourd’hui, ses thèses, son héritage intellectuel et politique trouvent un certain écho dans le monde. Ainsi, à l’occasion du centenaire de sa naissance, nombre d’évènements autour de son héritage et de son parcours sont ou ont été organisés, dont notamment la sortie du biopic « Fanon » du réalisateur guadeloupéen Jean-Claude Barny qui ressuscite sa pensée anticolonialiste ou encore colloque qui lui sera consacré en décembre prochain à Londres. 

Plus près de nous à Lyon, ville où il a effectué ses études de médecine, dans le 1er arrondissement, une place portera son nom à partir du 1er juillet prochain. Située sur les quais de Saône face à la passerelle de l’Homme de la Roche dans le vieux Lyon, cette place va désormais s’appeler Place Frantz Fanon. Une dénomination qui s’inscrit dans la volonté de nommer dans les espaces publics de nouvelles figures issues de l’immigration et des outre-mer ayant marqué l’histoire de France. Et la figure tutélaire du penseur martiniquais participe à cette démarche.

E.B.