En ce début d’année, l’heure est au bilan et à la présentation des nouveaux objectifs pour les compagnies aériennes Air Caraïbes et French Bee, propriétés du groupe français Dubreuil. C’est ensemble ce 18 janvier que le directeur général délégué d’Air Caraïbes, Edmond Richard accompagné du responsable commercial de French Bee, Thierry Moritz, ont fait le point sur leurs situations respectives, dans l'une des agences d’Air Caraïbes. Pour 2023, l’objectif est clair : un retour à la rentabilité.
L’année 2023 marquera la célébration des 20 ans d’existence d’Air Caraïbes. Sera-t-elle également l’année où la compagnie aérienne, qui dessert depuis l’aéroport d’Orly, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Cayenne, Port-au-Prince ou encore, dernièrement, Cancun, retrouvera la voie de la rentabilité ? C’est en tout cas ce qu’espère Edmond Richard, directeur général délégué, malgré un contexte difficile. « Aujourd’hui, la tonne de carburant coûte 1200 dollars quand cela coûtait 650 dollars avant la crise, à Orly. Ça bouge tout le temps. Nous sommes, de plus, pénalisés par l’évolution du taux de change entre l’euro et le dollar. Le trafic a repris, mais la crise de la guerre en Ukraine a eu des effets dévastateurs sur le secteur aérien. De plus, il y a eu, à l’été 2022, une suroffre de l’ordre de 50 % de sièges par rapport à l’été 2019. Cette situation, du fait d'un acteur qui est la compagnie nationale, a clairement un fort impact sur le secteur. Enfin, je vous rappelle que le 8 juin 2022, les préfets de Martinique et Guadeloupe ont annoncé l'augmentation de 15 % des charges sur Jet fuel. Cette augmentation était de 5 % en Guyane... Et tout cela avec effet rétroactif au 3 juin ».
Depuis septembre 2022, c’est une hausse de 20 % qui est enregistrée en moyenne pour les tarifs des billets d’avion, indique la compagnie qui souligne également que le changement de comportements des clients, depuis la crise Covid, qui se mettent à réserver de plus en plus tard, ne favorise pas l’émergence de billets à bas coût. Néanmoins, Air Caraïbes, bien que déficitaire, peut se vanter d’une situation nette positive à la fin de l'année. « Notre actionnaire a joué son rôle et a recapitalisé à chaque fois. Aujourd’hui, la priorité, c’est qu'on revienne à l'équilibre. Notre objectif est un retour à la rentabilité en 2023 ».
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Se réadapter au marché
Aux grands maux, les grands remèdes : Air Caraïbes ne proposera plus de vol à destination de Cuba, jusqu’à nouvel ordre. C'est la fin également des vols à destination de Saint-Martin depuis Orly. « La République Dominicaine a fait des efforts très importants pour donner confiance aux voyageurs et aux agents de voyage, mais Cuba, elle, a presque totalement disparu depuis 2 ans. Nous avons eu des retours de clients de personnes qui devaient aller aux États-Unis et qui se sont retrouvés bloqués parce qu’ils étaient passés par Cuba. L’administration Trump a en effet placé le pays sur la liste des États terroristes. Si vous y êtes allés après 2021, vous ne pouvez plus prétendre à un ESTA (demande d'une autorisation de voyage aux États-Unis). Il faut faire une demande de visa, et là, vous êtes parti pour plusieurs mois... ». Pour Saint-Martin, la raison évoquée est économique. Les vols sont néanmoins maintenus depuis Pointe-à-Pitre.
Au final, Air Caraïbes continuera de desservir la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Haïti, la République Dominicaine, les Bahamas et depuis quelques mois, le Mexique. Au niveau du réseau Régional en plus de la Guadeloupe, de la Martinique, et de la République Dominicaine, la compagnie dessert donc Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Enfin, en partenariat avec French Bee, Air Caraïbes propose également la Polynésie française, La Réunion et les États-Unis. Mais si, pour Edmond Richard, l’année 2022 est à placer sous le signe de la reprise, il indique cependant que le taux de remplissage des lignes est tout de même 9 % moins importante qu'en 2019.
« Depuis septembre, nous revenons à des coefficients normaux. Sur l’année, nous avons transporté, en long-courrier, toutes routes confondues, à peu près 1 200 000 passagers et près de 300 000 passagers en court-courrier. Nous étions à 1 650 000 passagers ». 2023 devrait être placée sous le signe de la continuité de cette reprise. Le programme au titre de l’été 2023 est annoncé : jusqu’à 17 vols par semaine à destination de Pointe-à-Pitre, 14 vols pour Fort-de-France. 4 vols hebdomadaires pour Cayenne ; jusqu’à 5 vols par semaine pour Punta Cana, 2 pour Haïti et 3 pour Cancun. Le réseau régional ne sera pas en reste.

Une année satisfaisante du côté de French Bee
Du côté de French Bee, on est enthousiaste quant à l’année qui vient de s’achever. « Ce ne sera pas une année profitable », tempère le responsable commercial de la compagnie, Thierry Moritz, « mais en termes de trafic, et de volonté de voyage du public, on ne voit que des signaux positifs. Il y ‘a une reprise très importante vers les destinations que nous servons. Par exemple, alors que nous avons lancé la ligne de Los Angeles au mois de mars dernier, nous affichons plus de 90 % de remplissage ».
Du côté des Outre-mer, ce sont 70 000 passagers qui ont voyagé à destination de la Polynésie française et 300 000 pour La Réunion. « Ce sont des chiffres constants qui représentent à peu près 20% de parts de marché. Cela correspond aux objectifs que nous nous étions fixés ». La compagnie attire grâce à ses prix attractifs et ce, malgré un climat qui est plutôt à la hausse des prix. « Aujourd'hui, si nous devions répercuter les augmentations réelles des coûts que nous subissons, les billets d'avion exploseraient... Nous ne le ferons pas à avenir prévisible même si des concurrents aidés massivement par l'État, utilisent cet argent public pour nous faire de la concurrence, nous ne rentrerons pas dans ce jeu. Notre but sera toujours d'offrir les tarifs les plus compétitifs », poursuit laconiquement le directeur commercial, rappelant également que le choix de la flotte qui a été fait voilà quelques années permet une réduction significative (-25%) de la consommation de carburant, par rapport aux avions de la précédente génération. « Cela étant, nous évitons de dépenser beaucoup d'argent. Il faut rappeler, même si je n’aime pas le terme puisqu’il ne correspond pas à l'offre du produit que nous avons, que French Bee est une compagnie low-cost. Très clairement, cela veut dire que nos pilotes, nos hôtesses et stewards travaillent un peu plus longtemps que dans les autres compagnies et l'ensemble des personnels sont un petit peu moins payés, mais tout cela combiné et en ayant une flotte adaptée nous permet de vendre moins cher que les autres ».
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Thierry Moritz est serein pour 2023, notamment sur la desserte de la Polynésie française, indiquant que French Bee est en avance par rapport aux objectifs annuels. Quelques points d’interrogation subsistent en revanche du côté de La Réunion, sur la question des bons de Continuité territoriale, notamment. « Il y a eu un changement dans le mode d'attribution et le montant des bons de Continuité territoriale, donc nous suivrons de près pour voir si cela va réduire le volume de déplacements des Réunionnais vers l'Hexagone ».
Abby Said Adinadi