Dans le cadre de l’atelier CooProg ultramarin, l’Office national de diffusion artistique (ONDA) va soutenir trois projets ultramarins inventifs et d’esthétiques diverses pour l’aide aux frais de tournée de janvier 2025 à juin 2026. Cette aide qui concerne « Shido » du danseur et chorégraphe mahorais Aliféyini Mohamed, « Sélène Saint-Aimé Quartet » de l’artiste martiniquaise Sélène Saint-Aimé et « Pour l’amour de Phèdre », la pièce théâtrale portée par la compagnie réunionnaise « Qu’avez-vous fait de ma bonté » de Nicolas Givran, vise à soutenir la diffusion des œuvres des artistes ultramarins et à favoriser leurs liens avec les structures de diffusion.
Depuis 2019, l’Onda (Office national de diffusion artistique) a engagé une réflexion pour encourager la visibilité des artistes ultramarins, dont la diffusion est freinée par l’éloignement géographique et le manque de réseau dans l’hexagone. Partant de ce constat, un premier atelier CooProg ultramarin, structure mise en place pour renforcer la visibilité des œuvres, a été initié en mars 2024 afin de soutenir la diffusion des œuvres des artistes ultramarins et de favoriser leur relation avec les structures de diffusion.
Ainsi, dans ce cadre, des propositions de spectacles créés dans les territoires ultramarins ont été sélectionnées suite à un appel à propositions auprès des partenaires de l’Onda (lieux et festivals). Les projets retenus bénéficiant ainsi d’un soutien automatique pour l’aide aux frais de tournée auprès de l’Onda. Trois projets ultramarins qualifiés d’inventifs et porteurs d’esthétiques diverses ont donc été retenus dans cet esprit et vont bénéficier de l’aide aux frais de tournée de l’Onda de janvier 2025 à juin 2026.
« Shido », danse et chorégraphie d’Aliféyini Mohamed –Lil’C , (Mayotte)
Il s’agit de « Shido », une création du danseur et chorégraphe mahorais Aliféyini Mohamed qui, depuis 2017, présente une série de « scènes » en envisageant son corps comme un laboratoire de recherche traversant sous de nouveaux angles tous les sens, les gestes, les vibrations, les sonorités corporelles dans la perspective d’entrer dans un autre corps. En intitulant en 2017 son spectacle « Shido », Aliféyini Mohamed, en dépit de son désir de créer un espace alternatif pour faire l’expérience d’un corps dans plusieurs dimensions, n’imaginait pas que cette chorégraphie pourrait être aujourd’hui associée au cyclone « Chido » qui a ravagé Mayotte et provoqué un tel chaos dans l’archipel.
« Sélène Saint-Aimé Quartet » (Martinique)
Danse et chorégraphie, mais aussi musique avec le « Sélène Saint-Aimé Quartet », deuxième projet à bénéficier de l’aide de l’Onda. Contrebassiste, chanteuse et compositrice martiniquaise, Sélène Saint-Aimé a fait ses classes à New-York auprès de musiciens de renommée mondiale comme Steve Coleman, Lonnie Plaxico, Ron Carter. Des musiciens auprès desquels elle a forgé son identité musicale qui s’est développée au travers de voyages et d’autres rencontres. En 2020, elle sort son premier album « Mare Undarum » qui lui vaut une Victoire du jazz en 2021 dans la catégorie « Révélation ». Dans la foulée, elle commet son deuxième opus « Potomitan », salué par la presse internationale. Elle forme aujourd’hui son quartet avec notamment Irvin Acao, Hermon Mehari et Sonny Troupé.
« Pour l’amour de Phèdre », pièce théâtrale de la compagnie « Qu’avez-vous fait de ma bonté » de Nicolas Givran (La Réunion)
Le troisième et dernier projet à avoir les faveurs de l’Onda est la pièce théâtrale « Pour l’amour de Phèdre » portée par la compagnie réunionnaise « Qu’avez-vous fait de ma bonté » de Nicolas Givran, d’après le texte de l’autrice Sarah Kane. Sous l’influence du metteur en scène réunionnais qui entend développer un concept de créolité dans les pièces présentées et donner à voir des propositions artistiques ancrées dans son territoire, la compagnie théâtrale « Qu’avez-vous fait de ma bonté » s’est engagée dans une démarche artistique sous le prisme d’une « créolité artistique » en produisant des objets hybrides, poétiques, exigeants, mais accessibles à tous.
Pièce tirée du mythe de Phèdre de Racine, revisitée dans une version moderne et violente par la dramaturge britannique Sarah Kane qui l’a résolument placée dans le monde contemporain avec ses outrances et ses excès, dans « Pour l’amour de Phèdre », Nicolas Givran propose une transposition poétique du texte de Sarah Kane en utilisant, notamment, la danse et le chant. La violence contenue dans le texte de la dramaturge est signifiée, mais seulement évoquée permettant au texte de garder toute sa puissance sans pour autant être dénaturé. Les huit interprètes sont accompagnés d’un chœur de danseurs et de danseuses de break-dance et d’une foule d’amateurs.
Trois projets donc qui vont bénéficier, pendant 18 mois, d’une visibilité renforcée et d’une diffusion plus large et plus durable.
E.B.