SIA 2023 : Le défi majeur de l'installation de jeunes agriculteurs et la transmission des exploitations en Outre-mer

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SIA 2023 : Le défi majeur de l'installation de jeunes agriculteurs et la transmission des exploitations en Outre-mer

A l'occasion du Salon de l'agriculture, l'ODEADOM a tenu ce mardi 28 février son colloque annuel autour de la thématique « Outre-mer, les agriculteurs engagés vers l’avenir». L'occasion d'aborder la question de l'installation et renouvellement des générations d'agriculteurs dans le contexte ultramarin. Dans des territoires où le secteur agricole connaît un fort vieillissement des chefs d'exploitations, la transmission et l'installation se révèlent être un véritable parcours du combattant pour les jeunes agriculteurs ultramarins. 

Le renouvellement des générations d'agriculteurs et la transmission des terres agricoles est un défi à relever dans les départements d’outre-mer. « La crise covid a  permis de réconcilier les consommateurs, la population avec l’agriculture locale. Malgré une situation différente selon les territoires avec des filières plus ou moins structurées : on assiste à de dizaines d'installations au cours des dernières années en Guadeloupe, en Martinique ou à La Réunion. Toutefois, les agriculteurs déjà installés restent attachés à leur terre, rendant la cession de terrains agricoles compliquée», indique Ange-Michel Dusom, Président des Jeunes Agriculteurs Région Outre-mer. 

En Outre-mer, la démographie des exploitations agricoles se caractérise par un vieillissement plus marqué des chefs d'exploitations dans les territoires ultramarins. « L'âge moyen est de 53 ans en 2020 contre 49 ans dix ans auparavant»,précise une récente étude de l'ODEADOM. Elle note également que 50% des plus de 60 ans restent en activité et 20% d'entre eux n'ont pas de projet de reprise. 

Témoignage d'une jeune étudiante reunionnaise en formation agricole  
Table ronde 2 : Orientations et formation © Outremers 360

Ainsi l'avenir des exploitations et leur renouvellement demeure une préoccupation majeure pour la Chambre d'Agriculture de La Réunion. « L’installation est la priorité numéro une de la chambre d'agriculture de La Réunion. Les installations sont de plus en plus atypiques : nous relevons moins de 50% d'installations dans la filière canne mais nous voyons l'émergence d'installations dans des nouvelles filières de production comme la la production de champignons ou des installations à forte dimension bio et agro-écologique. Les profils des repreneurs sont également différents. L’objectif est d’aboutir à des installations viables et rémunérateurs. Nous avons de plus en plus de cédants qui s’intéressent à la transmission», ajoute Olivier Fontaine, vice-président de la chambre d'agriculture de La Réunion. 

Au sein de la filière d'élevage en Guadeloupe, le dynamisme de l'installation est différent comme le souligne Elie Shitalou, secrétaire général d'Iguavie. « En 2011 et 2021, on a 1600 installations alors que la production de viande connaît une baisse». 

Pour Ange-Michel Dusom, les freins à la transmission sont nombreux. En premier lieu, les questions du foncier et du pré-financement à l'installation des agriculteurs, rappelle-t-il. Une problématique partagée par la représentante de l'interprofession Aribev-Ariv de La Réunion. « A La Réunion, malgré la taille de nos exploitations, le foncier est nécessaire mais nous avons du mal à trouver des terres». Pour encourager l'installation d'éleveurs, l'interprofession a développé un dispositif en faveur des néo-agriculteurs. « Nous avons mis des défis installations accompagnée d'une majoration à l'installation. Nous mettons en place des comités pratiques réunissant les fédérations et les banques, les membres de la DAAF. 69 élèveurs ont pu être installés depuis la mise en place de ce " défi installation" par l'interprofession». 

Selon Olivier Fontaine, le manque de l’attractivité des retraites est également un frein majeur à la transmission. «Le dispositif pré-retraite, mis en place il y a quelques années, avait facilité le départ à la retraite de certains cédants et permis l'installation de jeunes agriculteurs. La fin de ce dispositif de pré-retraite a eu un lourd effet sur l'installation de jeunes agriculteurs» 

En Guadeloupe, l'Iguavie mise sur le mentorat et le parrainage pour accompagner les jeunes exploitants à l'installation.« Nous avons réfléchi à ce sujet pendant la crise Covid et dans le cadre du plan de relance Covid. Notre idée est de présenter dans les centres de formations agricoles, quel que le niveau de formations, des comptes résultats d'un atelier de production pour chaque filière concernée pour que les jeunes aient de la visibilité sur une installation future, sur une unité-modèle qui permettrait de tirer des revenus réguliers, montrer le niveau d'investissement nécessaire. Pour les jeunes intéressés, nous allons acter avec eux un suivi régulier, on les enverra en stage chez les meilleurs producteurs, dans les coopératives. Il s'agit de leur offrir un coaching, mettre un vrai parrainage pour qu'à l'issue de leur apprentissage, ils disposent d'un projet d'installation clé en main», a précisé Elie Shitalou.

Table ronde 3 : Transitions écologiques (adaptation au changement climatique)n © Outremers 360
Conclusion du colloque de l'ODEADOM © Outremers 360