Santé : Dans les Outre-mer, la situation demeure critique du fait des inégalités sociales et territoriales, selon la DREES

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Santé : Dans les Outre-mer, la situation demeure critique du fait des inégalités sociales et territoriales, selon la DREES

La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la Santé vient de publier un rapport sur l’état de santé de la population en France. Ce dernier, qui comporte de nombreuses données sur les départements et régions d’Outre-mer (DROM), fait état des inégalités sociales et territoriales persistantes, facteurs de troubles physiques et psychologiques.

Au niveau général, la population française vieillit. En 2052, la France comptera 16% de personnes de 75 ans ou plus, contre 9% actuellement. Et si les espérances de vie à la naissance et à 65 ans continuent de croître, malgré une diminution conjoncturelle en 2020 due à l’épidémie de Covid-19, cette croissance ralentit cependant sur les dix dernières années. « Des inégalités territoriales apparaissent en matière d’espérance de vie : celle-ci est plus faible dans le nord et l’est de la France métropolitaine ainsi que dans les cinq départements et régions d’outre-mer (DROM) », constate la DREES.

Si dans l’Hexagone plus de trois habitants sur quatre consomment tous les jours des fruits et légumes, c’est moins de 50% dans les DROM. La consommation de boissons sucrées y est aussi plus répandue. Le rapport souligne que « 20% des habitants de France métropolitaine et 30% des habitants des DROM ne font aucun trajet à pied d’au moins 10 minutes par semaine. » Aussi la surcharge pondérale concerne 45% des personnes en France dont 14% souffrant d’obésité. Les prévalences d’obésité sont plus élevées dans la partie nord de la France où elles dépassent 20% dans certains départements, ainsi que dans les DROM, sauf à La Réunion. « La part de personnes obèses diminue lorsque le niveau de diplôme ou le niveau de vie augmente », note encore la DREES.

Concernant le recours au dépistage du cancer, il est de même inégal selon le niveau de vie. Dans les Outre-mer, la prévention est moins répandue, en particulier à Mayotte où 85% des hommes de 50-74 ans n’ont jamais eu de dépistage du cancer colorectal, contre 47% dans l’Hexagone. « L’accès aux soins demeure inégal d’un territoire à l’autre et, dans un contexte de baisse attendue de la démographie médicale, les inégalités d’accessibilité aux professionnels de santé (et en particulier aux généralistes libéraux) s’accentuent. Elles risquent de pénaliser plus fortement les plus modestes. En effet, inégalités spatiales et sociales semblent se renforcer. Ainsi, dans les zones de faible densité médicale, le risque de renoncement aux soins est accru pour les personnes les plus défavorisées », alertent les auteurs de l’étude. 

Les femmes résidant dans les DROM demeurent particulièrement vulnérables. Dans ces territoires, le risque de mortalité maternelle est multiplié par quatre en comparaison avec l’Hexagone, « bien que les décès liés à la grossesse, l’accouchement ou à ses suites restent rares au global (11 décès pour 100.000 naissances vivantes jusqu’à un an après la naissance) ». Cependant la mortalité périnatale, qui concerne les enfants morts nés ou décédés dans les sept premiers jours de vie, a cessé de diminuer et stagne autour de 10 pour 1000 naissances totales durant la décennie 2010, observe le rapport. Dans tous les cas, les inégalités sociales liées aux milieux défavorisés (consommation de tabac et d’alcool, obésité…) entraînent des inégalités de santé qui apparaissent dès avant la naissance avec de nombreux facteurs de risques pour la santé de la femme enceinte et de l’enfant à la naissance.

Dans le domaine de la santé mentale, une personne sur dix présentait des troubles dépressifs dans l’Hexagone en 2019 parmi les plus de 15 ans, avec des écarts du simple au double selon le niveau de vie. Pour les DROM, « ces indicateurs sont supérieurs à ceux de la France métropolitaine. Ainsi, les prévalences de syndromes dépressifs en 2019 sont de 12% à La Réunion, 15% en Guadeloupe, 17% en Martinique, 20% en Guyane et à Mayotte. Les parts de personnes atteintes d’un syndrome dépressif majeur sont également supérieures à celles de la France métropolitaine en Martinique (6%), à Mayotte (7%) et en Guyane (8%) », relève la DREES.

En ce qui concerne l’alcoolisme et le tabagisme, facteurs importants de morbidité, le rapport se félicite d’une diminution régulière de la consommation d’alcool en France depuis plusieurs décennies, bien que le pays figure dans le groupe de pays européens les plus consommateurs, après avoir longtemps occupé la première place du classement. Les auteurs ne fournissent pas cependant de données spécifiques aux Outre-mer. Pour le tabagisme, « la part de fumeurs quotidiens est largement supérieure en France métropolitaine (18,5%) et à La Réunion (15,0%) à celle observée dans les autres DROM, où elle est proche de 10%. Ce sont les 25-34 ans qui fument le plus en France métropolitaine, avec 31,7% de fumeurs quotidiens parmi les hommes de cet âge et 24,1% chez les femmes. En Guyane ou à Mayotte c’est parmi les 45-64 ans que les taux sont les plus élevés ». 

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L’intégralité du rapport de la DREES ► L’état de santé de la population en France à l’aune des inégalités sociales

PM