Établissements de santé dans les DROM : de fortes disparités selon les territoires, selon la DREES

Vue du CHU de Martinique ©DR

Établissements de santé dans les DROM : de fortes disparités selon les territoires, selon la DREES

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié son rapport annuel sur les établissements de santé pour l’année 2020. Dans son volet concernant l’organisation sanitaire des Départements et régions d’Outre-mer (DROM), elle relève une forte disparité entre les territoires, selon que l’on considère les capacités d’accueil d’hospitalisation complète ou partielle. 

La DREES rappelle à juste titre que l’organisation sanitaire des DROM est contrainte par la géographie. Insularité pour les Antilles, La Réunion et Mayotte et vaste territoire faiblement peuplé pour la Guyane. Tout cela ne justifie pas ce qui suit, mais le constat est là : « En 2020, la capacité d’accueil, calculée en nombre de lits de médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie (MCO) pour 100.000 habitants, est inférieure à celle de la France métropolitaine dans tous les DROM : -11% d’écart en Guadeloupe, -14% en Guyane et -16% en Martinique et à La Réunion. Pour Mayotte, l’écart reste beaucoup plus important (-56%) », signale la DREES. Toutefois, pour l’hospitalisation partielle de MCO, la Guadeloupe se distingue par un nombre de places pour 100.000 habitants supérieur à celui de l’Hexagone (59 contre 51). Pour les quatre autres DROM, par contre, le taux d’équipement en hospitalisation partielle est nettement inférieur, de 22% en Martinique à 68% à Mayotte.

« En soins de suite et de réadaptation (SSR, moyen séjour), les écarts de capacités d’accueil en hospitalisation complète sont également marqués entre, d’une part, la France métropolitaine (156 lits pour 100.000 habitants), la Guadeloupe (177) et la Martinique (149) et, d’autre part, La Réunion (93 lits pour 100.000 habitants), la Guyane (50) et Mayotte (0) », note le rapport. Cependant, l’hospitalisation partielle de SSR présente une situation particulière car les taux d’équipement de trois DROM (La Réunion, la Guadeloupe et la Guyane) sont plus élevés que ceux de l’Hexagone. En Martinique, la capacité d’accueil en hospitalisation partielle en moyen séjour par habitant est beaucoup plus faible, et elle s’avère inexistante à Mayotte.

« La crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19 a fortement perturbé l’activité hospitalière en 2020 », écrit la DREES. L’organisme remarque que la pandémie a entraîné une diminution du nombre total de séjours d’hospitalisation complète (hors unités de soins de longue durée), plus sensible dans l’Hexagone (-12,5%) que dans les DROM (-7,8%). Le même phénomène a été observé pour le nombre de journées d’hospitalisation partielle, qui baisse de 14,5% dans les DROM, contre 23,7% en France métropolitaine. « En 2020, 5600 séjours d’hospitalisation complète et 924 journées d’hospitalisation partielle ont un diagnostic (principal ou associé) de Covid-19 dans les DROM. La Guyane est le DROM où l’activité hospitalière liée au Covid-19 a été proportionnellement la plus importante, tandis que la Martinique et La Réunion ont été un peu moins exposées », précise le rapport.

L’activité de médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie (MCO) en hospitalisation complète rapportée à la population est globalement plus faible dans les DROM que dans l’Hexagone, où elle s’élève à 13,3 séjours pour 100 habitants en 2020, poursuit la DREES. « La Réunion (12,9) est le DROM dont le taux d’hospitalisation complète en MCO se rapproche le plus de celui de la France métropolitaine, tandis qu’il est plus faible en Martinique (11,6), en Guadeloupe (10,9), en Guyane (10,3) et à Mayotte (7,7) ».

Enfin, en psychiatrie, la prise en charge de la santé mentale dans les DROM repose davantage sur une offre portée par les hôpitaux publics qu’en France métropolitaine, observent les auteurs du rapport. En hospitalisation complète de psychiatrie, le nombre de séjours rapporté à la population en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion est inférieur de plus d’un quart à celui de l’Hexagone. « La capacité d’accueil de la Martinique est proche de celle de la France métropolitaine, mais la durée moyenne de séjour y est nettement plus élevée (respectivement 50 jours, contre 33 jours). En Guadeloupe, à La Réunion et en Guyane, les taux d’hospitalisation de psychiatrie sont plus bas. Les durées moyennes de séjour sont proches de celles de la France métropolitaine (respectivement 35, 28 et 33 jours), mais le taux d’équipement en lits est plus faible. Enfin, à Mayotte, l’activité d’hospitalisation complète de psychiatrie s’avère très faible (0,1 séjour pour 100 habitants) et de courte durée (9 jours en moyenne), reflet de sa capacité d’accueil très réduite. »

PM