Salon Destination Nature à Paris : Le guidage en milieu amazonien, une formation unique en Guyane en plein essor

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Salon Destination Nature à Paris : Le guidage en milieu amazonien, une formation unique en Guyane en plein essor

À l’occasion du Salon Destination Nature à Paris, Jean-Marie Prévoteau, présidente de l’Union syndicale des opérateurs touristiques de Guyane et administratrice au comité du tourisme de la Guyane, ainsi que Jean-Luc Le West, vice-président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) en charge de l'économie, ont présenté la formation spécialisée pour les guides en milieu amazonien. Une avancée majeure pour la reconnaissance de cette profession unique et pour le développement du tourisme en Guyane.

Depuis plus de 23 ans, l’association des guides de Guyane se bat pour faire reconnaître la spécificité de leur métier, longtemps assimilé à celui de guides de moyenne montagne. Un cadre inadapté à la réalité de leur environnement. 

Grâce à l’implication de divers acteurs – syndicats, direction du travail et spécialistes en communication –, trois Certificats de Qualification Professionnelle (CQP) ont été développés : le guide animateur limité aux terrains connus, sans nuitée en forêt, le guide accompagnateur autorisé à dormir en forêt et gérer un campement touristique et le guide d’expédition : capable de sortir des sentiers battus et d'assurer une gestion entrepreneuriale.

Une formation complète, exigeante et soutenue par la CTG

La formation, d’une durée de neuf mois, alterne théorie et pratique sur des campements touristiques gérés par les membres de la compagnie des guides. Les modules couvrent la biodiversité et  l’histoire de la Guyane, la gestion de groupes et les règles de sécurité, la comptabilité et la communication ainsi l’anglais pour la clientèle internationale. Jean-Marie Prévoteau insiste : « On ne peut pas tout savoir, mais un guide doit savoir orienter ses clients vers les bonnes ressources et garantir leur sécurité. »

Jean-Luc Le West, vice-président de la CTG, a rappelé l’importance de cette formation pour structurer le secteur du tourisme en Guyane. La CTG finance ce programme à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros, permettant à de nombreux Guyanais en reconversion professionnelle ou en recherche d’orientation d’accéder à ce métier. « Cette formation a un impact direct sur l'emploi, car tous les diplômés de la première session sont aujourd’hui en activité, soit en intégrant une entreprise, soit en créant leur propre structure », souligne Jean-Luc Le West. L’objectif est d’étendre la formation à toutes les régions de Guyane, après les sessions de Cayenne et de l’ouest guyanais, avec une future implantation dans l’est du territoire.

Un métier physique et sélectif

Tout le monde ne peut pas devenir guide amazonien. La formation exige une bonne condition physique et une aisance dans l’eau, incluant un test de natation de 50 mètres. « Certains candidats ont déjà dû abandonner en raison d’une phobie de l’eau » souligne Jean-Marie Prévoteau.

En outre, la formation comprend des modules spécifiques tels que la navigation en pirogue et la mécanique des moteurs hors-bord, l’identification des espèces potentiellement dangereuses et l’apprentissage des coutumes et traditions locales.

Vers une reconnaissance nationale ?

Actuellement, cette formation est spécifique à la Guyane et validée par un jury local. Toutefois, la reconnaissance au registre national des métiers permettrait de l’exporter ailleurs. Un partenariat avec l’université est envisageable, bien que la formation ait été conçue pour être accessible aux autodidactes.

Jean-Marie Prévoteau rappelle que le métier de guide ne repose pas uniquement sur des connaissances encyclopédiques : « Un guide n’a pas besoin de connaître les 748 espèces d’oiseaux de Guyane ou les 1700 arbres du territoire. Il doit savoir transmettre son savoir de manière accessible et assurer une expérience enrichissante à ses clients. »

Un levier pour le tourisme durable

Jean-Luk Le West met également en avant l’impact de cette formation sur le développement du tourisme durable en Guyane : « Il ne s’agit pas seulement d’un concept inscrit dans les documents officiels, mais d’une réalité sur le terrain. Un tourisme durable nécessite des professionnels qualifiés pour encadrer les visiteurs et garantir une immersion sécurisée et respectueuse de l’environnement. »

L’Amazonie française représente un atout majeur pour le tourisme vert, et la structuration de cette filière à travers la formation des guides en milieu amazonien envoie un signal fort aux futurs visiteurs. En somme, cette formation marque une avancée significative pour le tourisme en Guyane, offrant aux passionnés de nature une reconnaissance professionnelle à la hauteur des défis du territoire amazonien. «C'est pour cela  aussi que nous sommes présents à ce salon, parce que c'est aussi de montrer aujourd'hui notre savoir-faire en matière de tourisme vert, écologique, dans plusieurs domaines, mais aussi dans le domaine de la randonnée, dans le domaine de la découverte de notre nature» conclut Jean-Luk Le West.