Présidentielle 2022 : Yannick Jadot et EELV, quel programme pour les Outre-mer ?

Présidentielle 2022 : Yannick Jadot et EELV, quel programme pour les Outre-mer ?

Intitulé « Vivant : liberté, égalité, fraternité, biodiversité, projet pour une République écologique », le programme d’Europe Écologie Les Verts (EELV) défendu par Yannick Jadot s’est penché sur plusieurs problématiques relatives aux Outre-mer, auxquelles il a d’ailleurs dédié une commission thématique. Nous faisons le tour d’horizon de ses propositions. Cet article est le premier d’une série qu’Outremers360 va consacrer aux programmes des différents candidats à la présidentielle concernant les territoires ultramarins. 

La première mention Outre-mer commence avec un chapitre consacré à « Protéger l’ensemble du vivant, repenser les relations entre toutes les espèces sur la planète pour préserver l’humanité ». Le texte d’EELV rappelle tout d’abord que la France est extrêmement riche en biodiversité, le huitième pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées, et poursuit : « Les territoires d’Outre-mer nous rappellent les responsabilités passées, actuelles et futures de l'action publique, et ses manquements, quand encore aujourd'hui il est nécessaire de défendre le vivant et les écosystèmes face à des projets prédateurs. »

Aussi, et cela ne concerne pas que les territoires ultramarins, les propositions sont légion. Entre autres : inscrire le climat, la biodiversité et les limites planétaires dans la Constitution ; reconnaître le crime d’écocide ; mettre un terme à l’artificialisation des sols ; créer un secrétariat d’État de la protection animale ; durcir la réglementation sur les rejets dans l'eau, l'air et les sols ; mettre en place une nouvelle politique forestière et protéger les littoraux. Et de même (cela ne fera pas plaisir à certains en Outre-mer) interdire les combats de coqs, la corrida et la chasse à courre.

EELV considère par ailleurs que certains territoires sont oubliés par la République. « Quel que soit le lieu de vie, en ville, à la campagne, dans les Outre-mer, chacune et chacun doit avoir accès aux services publics et doit pouvoir participer aux décisions », considère le programme.

Une note est plus particulièrement consacrée à la lutte contre la précarité dans les Outre-mer. « Les écarts de prix entre l’Outre-mer et la métropole restent très élevés : + 7,1% à La Réunion, +8,5% en Polynésie, +12,5% en Guadeloupe. La vie chère, le manque d'emplois, une jeunesse en déshérence et le manque de perspectives sont le quotidien des habitants des Outre-mer. Nous ferons des Outre-mer des territoires « zéro chômeur », en innovant en emplois verts et bleus. Nous contrôlerons les prix par la mise en place d’un « bouclier des prix ». Nous lutterons aussi contre les violences sociales en proposant de meilleurs accompagnements », promet EELV.

Le parti ajoute : « Nous impulserons un développement territorialisé, plus endogène, respectueux de la biodiversité par la mise en place d’un plan alimentaire local, l’implantation d’un tourisme durable, le refus de projets surdimensionnés et d’exploitations portant atteinte aux espaces naturels. »

Sur la question du chlordécone, EELV a rédigé un communiqué très explicite et critique le 16 janvier 2022 à la suite de la parution du décret du ministre de l’Agriculture reconnaissant que l’usage de ce pesticide est en lien avec le cancer de la prostate et implique une reconnaissance au titre des maladies professionnelles. Extrait : « Si ce décret est le bienvenu, il est vu comme une avancée, certes, mais largement insatisfaisante pour les acteurs locaux. Et pour cause : après une bataille juridique de près de 15 ans, menée notamment par Harry Durimel, actuel maire écologiste de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, pour faire reconnaître les préjudices liés au chlordécone, le décret n’apporte que peu de solutions. En effet, seuls les hommes atteints du cancer de la prostate demeurent potentiellement éligibles au fonds d’indemnisation, alors que d’autres pathologies liées au chlordécone peuvent, elles aussi, être reconnues. » 

« Malgré une surexposition répétée à ce pesticide », souligne encore le communiqué, « les femmes (commerciales et ouvrières agricoles) et les enfants sont les grands oubliés de ce décret. Contaminée à 90%, le reste de la population en est elle aussi exclue. Une étape a été  franchie dans ce dossier. Mais son histoire reste celle d’une succession de violences institutionnelles, et l’avancée obtenue laisse, injustement, de côté nombre de personnes touchées par les autres pathologies. Dans un souci d’équité, les écologistes demandent au gouvernement de reconnaître l’ensemble des victimes, compte tenu du scandale sanitaire, social et environnemental dont l’Etat s’est rendu coupable. » 

Par ailleurs, parmi ses 31 commissions thématiques, EELV en comporte une consacrée spécifiquement aux Outre-mer. Ses membres sont des adhérents originaires de Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion et Mayotte. La commission travaille sur des projets d’actions ou d’innovation, et certaines problématiques comme les sargasses aux Antilles, l’orpaillage illégal en Guyane, la construction controversée de la Nouvelle route du littoral à La Réunion, ou la question de l’immigration à Mayotte. 

Dans les Outre-mer, EELV compte un bureau à Pointe-à-Pitre qui couvre la Caraïbe, ainsi que des représentants permanents en Guyane et à La Réunion. Le candidat Yannick Jadot s'est déjà rendu à plusieurs reprises dans les territoires ultramarins. Il devait aller présenter son programme à La Réunion au début du mois de janvier mais a dû reporter son voyage en raison de la situation sanitaire. 

PM