Face aux bouleversements provoqués par la pandémie et dans un contexte concurrentiel accru, la Guadeloupe relève le défi de repenser son avenir touristique. C’est à l’occasion du Salon Top Resa 2024, auquel participent les acteurs du secteur jusqu’à ce jeudi, que Patrick Vial-Collet, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie des Îles de Guadeloupe, a dressé un bilan de la situation touristique du territoire. Le Comité Stratégique du Tourisme en Outre-Mer (CSTOM), qui s’est tenu en marge du salon, a mis en lumière les axes de développement prioritaires pour les années à venir. Entre investissements dans les infrastructures, amélioration de la desserte aérienne et partenariats internationaux, la Guadeloupe se projette vers un avenir touristique encore plus solide et diversifié.
« La Guadeloupe ne peut pas se contenter de stabiliser sa fréquentation touristique ; elle doit viser l'excellence en diversifiant son offre et en améliorant sa compétitivité ». C’est ainsi que Patrick Vial-Collet, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie des Îles de Guadeloupe, s’est exprimé en marge de la 4ᵉ édition du CSTOM, réunissant les acteurs ultramarins du tourisme.
Dans un contexte post-pandémique marqué par des changements de comportement des voyageurs et une concurrence accrue, la participation à l’un des plus grands salons du tourisme au monde est une opportunité stratégique pour les acteurs guadeloupéens. Après les années 2020 et 2021 catastrophiques pour le secteur touristique, la Guadeloupe veut retrouver sa place sur la scène touristique mondiale. « Ces dernières années, le tourisme a beaucoup évolué dans les Outre-mer et notamment en Guadeloupe, où il est devenu une industrie extrêmement diversifiée. On observe aujourd’hui une explosion des gîtes, villas et locations de voitures, alors qu’il y a vingt ans, le secteur hôtelier représentait presque la totalité de l’offre d’hébergement. Aujourd’hui, ces grands groupes ne couvrent plus que 20 % du marché », explique le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie des Îles de Guadeloupe.
Cette nouvelle donne est à la fois une force et un défi, car elle nécessite un soutien accru des pouvoirs publics pour que ces nouveaux acteurs se développent dans de bonnes conditions. La crise de la Covid a également révélé la fragilité du secteur, fortement dépendant du marché hexagonal. « On a eu une résistance grâce au tourisme régional : les Guadeloupéens sont restés chez eux ou ont voyagé en Martinique, et vice-versa. Mais ce marché ne suffit pas. Il nous faut attirer plus de visiteurs internationaux ». Si, en 2023, la Guadeloupe a accueilli près de 800 000 voyageurs, 2024 s’annonce plus compliquée, révèle Patrick Vial-Collet. En cause, le calendrier social, des événements tels que les Jeux Olympiques et, de manière plus pragmatique, la baisse du pouvoir d’achat des ménages, qui impacte directement ce secteur.
Pour une desserte aérienne plus juste
L’un des principaux freins au développement du tourisme en Guadeloupe reste la desserte aérienne. « Le carburant était extrêmement cher… Il a un peu diminué mais il faut nécessairement revenir à des prix qui vont nous permettre d'avoir des prix plus attractifs dans l'intérêt de la destination. Lorsque les billets sont chers, cela dissuade les voyageurs, surtout sur les longues distances. Nous devons trouver des solutions pour rendre la destination plus accessible ». En 2023, le trafic aérien vers les territoires ultramarins a pourtant augmenté de 11 %, atteignant 46 millions de passagers.
Mais pour la Guadeloupe, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour rendre la destination plus compétitive par rapport à d'autres régions. Le développement de nouvelles lignes aériennes et la réduction des surcoûts liés au transport sont donc essentiels. « Il est impératif de négocier avec les compagnies aériennes pour obtenir des tarifs plus attractifs et d’améliorer les connexions internationales, notamment via le hub de Roissy, pour capter une clientèle européenne ». La Guadeloupe mise sur des partenariats renforcés avec les acteurs de l’aérien pour offrir de nouvelles liaisons et attirer davantage de visiteurs.
Stratégies et partenariats : moteurs de la dynamique touristique
Pour dynamiser le secteur, la Guadeloupe doit également multiplier les partenariats et adapter son offre aux nouvelles tendances. Patrick Vial-Collet insiste sur la nécessité d’investir dans des infrastructures modernes et diversifiées : « Nous avons un déficit d’investissements dans les infrastructures hôtelières depuis plus de vingt ans. Il est crucial de construire de nouveaux établissements de qualité, de remettre à niveau les installations existantes et de développer des équipements attractifs comme des golfs ou des complexes sportifs ».
La Guadeloupe veut capitaliser sur son patrimoine naturel exceptionnel pour attirer une clientèle en quête d’authenticité et de dépaysement. Des initiatives concrètes, telles que la mise en place de circuits de randonnée éco-responsables ou la création de réserves marines protégées, sont en cours. « Nous devons faire savoir au monde que la Guadeloupe est une destination où il fait bon vivre, où l’on peut pratiquer des activités sportives, découvrir une nature préservée, tout en respectant l’environnement ». Les retombées économiques de ces initiatives sont considérables. Un tourisme plus diversifié et mieux structuré pourrait générer des milliers d’emplois supplémentaires et revitaliser des zones en difficulté. « Si nous parvenons à attirer davantage de visiteurs, c’est toute l’économie de l’île qui en bénéficiera, des hébergements touristiques aux restaurants, en passant par les commerces et les services ».
L’ambition est claire : faire de la Guadeloupe une destination incontournable pour les voyageurs du monde entier, tout en assurant un développement durable et équilibré. Les prochaines années seront décisives pour atteindre ces objectifs, avec en ligne de mire une augmentation significative de la fréquentation touristique et des retombées économiques pour l’ensemble du territoire.
Abby Said Adinani