Paris 2024 - Escrime : Le Guadeloupéen Yannick Borel sacré vice-championne olympique en épée, décroche enfin le titre manquant de son palmarès

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Paris 2024 - Escrime : Le Guadeloupéen Yannick Borel sacré vice-championne olympique en épée, décroche enfin le titre manquant de son palmarès

Yannick Borel est devenu à 35 ans dimanche vice-champion olympique à l'épée, montant sur son premier podium individuel aux Jeux. Au lendemain de la médaille d'argent d'Auriane Mallo-Breton, le Guadeloupéen offre la seconde médaille d'argent à l'escrime français. Cette nouvelle médaille porte à 8,  le nombre de médailles françaises dépuis le début du tournoi olympique. 

 

Devant 8.000 spectateurs complètement déchaînés et qui ont fait un boucan d'enfer des premiers assauts sur les coups de 10h30 jusqu'à la dernière touche peu après 22h30, Yannick Borel a donné dimanche l'impression de monter en puissance jusqu'à ce que Kano ne mette un grain de sable dans la mécanique en finale. Le tireur massif, tutoyant le double mètre en hauteur (1,96m) sans manquer d'épaisseur, a fait déjouer un à un ses adversaires, jusqu'à tomber face au Japonais Koki Kano. "C'est un mélange d'émotions. Cette journée est dure à décrire, je n'ai jamais vécu une telle ambiance. En finale, je n'ai pas réussi à retourner le match en ma faveur et prendre l'ascendant. Il a été meilleur. J'ai manqué de justesse sur les derniers gestes", a commenté Borel après sa finale.

L'histoire de Borel avec les Jeux olympiques, du moins dans l'épreuve individuelle, avait jusque-là été frustrante, lui qui s'était arrêté aux portes du dernier carré en 2012 à Londres et en 2016 à Rio, et qui n'avait pas passé un seul tour à Tokyo il y a trois ans.
A l'été 2021 au Japon, Borel était attendu et c'est Romain Cannone qui était sorti du bois pour devenir le premier épéiste champion olympique français depuis Eric Srecki en 1992 à Barcelone. A Paris, c'est Cannone qui avait la pancarte de favoris, et finalement, c'est Borel qui a ressorti son escrime pour se hisser sur la deuxième marche du podium. "Ça reste une belle journée, avec une médaille olympique. Avoir vécu cette expérience ici, c'était magique et n'oublierai pas cette médaille de ci-tôt", a ajouté le vice-champion olympique.

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En deux jours de compétition, il s'agit de la deuxième médaille de l'escrime française au Grand Palais, et comme pour l'argent de Mallo-Breton, le parcours de Borel jusqu'en finale a été loin d'être un long fleuve tranquille.
En quarts de finale, face au Japonais Masaru Yamada, le Guadeloupéen a été mené de trois touches (8-5) à l'entame des deux dernières minutes. S'il est parvenu à reprendre les commandes (11-9), il n'a pas pu empêcher Yamada d'égaliser et de le pousser en mort subite. Dans les dernières secondes de la prolongation, Borel a mis la touche de la qualification.

- Tokyo comme carburant -

Longtemps le déchirement a été cette sortie d'entrée aux JO de Tokyo face à l'Egyptien Mohamed Elsayed, celui-là même qu'il a écarté avec autorité (15-9) en demi-finale dimanche, dans une vengeance tardive lui garantissant une médaille. "Je me suis posé la question: est-ce que je reprends ou est-ce que je raccroche", avait livré le tireur tricolore un an après la "cicatrice encore à vif de Tokyo". "Je ne pouvais pas rester sur cet échec-là donc je me suis remis en selle."

La désillusion l'a alimenté en carburant: "tous les matins en me levant je pense à l'or olympique le 28 juillet", répète le natif de Pointe-à-Pitre depuis des mois.

- Surnommé "Zlat'" -

Avec son physique impressionnant (1,96 mètre) et son bouc, il avait gagné par le passé le surnom de Zlat', en référence à Zlatan Ibrahimovic, l'ancien attaquant international suédois du Paris SG. En 2016 à Rio, après la déception de l'individuel, il avait décroché l'or par équipes, aux côtés de Gauthier Grumier, sur la chaise d'entraîneur derrière Borel dimanche, Daniel Jérent et Jean-Michel Lucenay.

Ce titre intervient alors que l'arme, traditionnellement point fort de l'escrime française  avec ses 23 médailles individuelles (dont six en or) et ses 17 médailles par équipes (dont 9 en or), a été traversée cette saison par des tensions en interne et un conflit ouvert avec l'ex-manager démissionnaire Hugues Obry.

Dans cinq jours, Borel sera accompagné de Cannone et de Luidgi Midelton (et le remplaçant Paul Allègre) pour conquérir l'or olympique par équipes. Cette couronne que la France a remporté en 2004, 2008, et 2016 (l'épreuve n'était pas au programme olympique à Londres en 2012), mais qu'elle a cédé au Japon en 2021 à Tokyo.
 

 

Avec AFP