Les salariés du centre AMP tirent la sonnette d'alarme. Dans 6 mois, l'institution privée pourrait être amenée à fermer. Les soins et les actes en faveur de la fertilité ne pourraient plus s'effectuer sur le territoire Martiniquais. Précisions avec notre partenaire RCI Martinique.

"Sauvons le centre d’assistance médicale à la procréation de la Martinique". C’est le titre du courrier et de la pétition lancés par l’équipe de l’AMP.
Les salariés ont en effet reçu un courrier en début de semaine leur annonçant la fermeture du centre. La direction d’Eurofins Bio Santé, propriétaire du centre depuis 2017, fait état d'importants problèmes financiers. La direction annonce même des pertes avoisinant les 500 000 euros pour cette année.

Pourtant les besoins sont réels sur le territoire martiniquais. Le centre a pris en charge 450 patients dont 256 ponctions d’ovocytes et a pratiqué une trentaine d’insémination intra-utérine au cours de l'année 2024. Une activité qui n'est cependant pas suffisante pour assure la stabilité financière de la structure.

Si l’équipe de l’AMP interpelle sur les conséquences pour les familles, et rappelle l’utilité de la structure, la direction en appelle à l’ARS et la clinique Saint-Paul pour tenter de trouver des solutions.

Frédérique dos Santos, pharmacien-biologiste et président du laboratoire, EuroFinsss Biosanté . «C'est toujours une activité qu'on a eue à perte, en fait. Ça posait pas de difficulté, mais ces dernières années, on a rencontré des problématiques financières avec la Sécurité sociale qui a baissé nos remboursements de 20% et dans le même temps, l'inflation qui a quand même emporté pas mal les prix à la hausse. On se retrouve sur une pression financière qui devient compliquée pour nous à supporter. Donc, on a contacté il y a déjà plusieurs mois les différentes instances locales pour essayer de trouver des solutions, soit pour aider financièrement ou pour pouvoir augmenter les capacités aussi gynécologiques, blocs opératoires, etc. Et c'est vrai qu'on n'a pas eu de retour de solution qui nous permettait d'envisager de pérenniser l'activité. Et donc été un peu obligé de prendre cette décision d'arrêter progressivement l'activité jusqu'à fin juin 2025, pour laisser aussi le temps quand même à tous les patients qui sont dans le parcours d'aller au bout du parcours de procréation»

6 mois de survie

Constance Duperrier, infirmière au centre d'AMP, explique les conséquences de cette fermeture à venir : «Si le centre ferme, il n'y a plus de prise en charge infertilité, préservation de fertilité sur l'île, ce qui oblige les patients à partir soit en Guadeloupe, soit en métropole. C'est des parcours qui sont extrêmement compliqués pour les patients, en matière d'organisation, psychologiquement, avec beaucoup d'examens à faire, beaucoup d'attente pour les résultats. Là, on va rajouter de la difficulté dans leur parcours. Ça paraît inimaginable de revenir en arrière alors qu'on venait de faire une avancée importante d'entrée avec l'offre de soins en Martinique».

Les transferts d'embryons seront tout de même effectués jusqu'à la fin du premier semestre 2024 : «On fera quand même des transferts d'embryons jusqu'en juin. Mais si c'est pour une démarrage de prise en charge, tout va dépendre de là, comment ça se joue au niveau des acteurs. Et est-ce qu'il peut y avoir une reprise sans discontinuité des soins ? Nous, c'est ce qu'on aimerait. Est-ce que les acteurs peuvent prolonger le temps de trouver une solution ? L'idée, vraiment, pour nous, l'équipe médicale, ça serait d'éviter la discontinuité des soins et de devoir réorienter. Après, s'il faut le faire, on sera là pour les patients et pour essayer de tout faire pour faciliter un maximum le parcours de soins dans lequel ils vont se trouver».

 En 2023, 3 340 enfants sont nés en Martinique, soit 160 de moins qu’en 2022. Un chiffre qui ne cesse de décroitre.

Par RCI Martinique