Cyclone Chido : Dans l’Ouest de Mayotte, des habitants s’organisent pour offrir du réseau internet à la population

homas Jacinto entre le mot de passe pour se connecter à son antenne Starlink dans les téléphones des habitants © Mayotte Hebdo

Cyclone Chido : Dans l’Ouest de Mayotte, des habitants s’organisent pour offrir du réseau internet à la population

Alors que le réseau mobile ne revient qu’au compte goutte dans l’ouest de l’île, des habitants partagent leur antenne Starlink avec la population, pour leur permettre de donner des nouvelles et rester informés.  Précisions avec notre partenaire Mayotte Hebdo.

 

« Ça c’est mon quotidien depuis dimanche », décrit Thomas Jacinto, en désignant l’attroupement présent sur la place Sicotram, à Chiconi, à côté du front de mer. Ce jeudi, une centaine de personnes est présente pour profiter d’une connexion internet. Car Thomas Jacinto et Amandine Aubert ont Starlink, un dispositif créé par Elon Musk permettant d’accéder à internet directement avec une connexion satellite. « On a pensé à rentrer l’antenne pendant le cyclone, puis elle a dû résister à la pluie », indique son propriétaire, qui n’a plus de toit. Ce jeudi, installé sur le toit de leur voiture, l’antenne est alimentée par le groupe électrogène de l’épicerie Amboirou-Market, qui en retour peut faire payer ses clients par carte. 

L’idée de partager gratuitement leur accès à internet est venue dès dimanche à ces habitants, voyant que l’ouest de l’île restait sans communication. Cet après-midi-là, Thomas Jacinto a noté 200 connexions de personnes venues pour rassurer leurs proches restés sans nouvelle depuis le passage de Chido. « C’était un moment intense, on était coupé du monde depuis plus de 24 heures », explique-t-il. « C’était un déluge de larmes et de rires, la place était chargée en émotion », raconte Amandine Aubert, qui a eu la sensation que les minutes duraient des heures pendant cette coupure. 

Jusqu’à 400 connexions mardi

Le couple a décidé de revenir chaque après-midi. 300 connexions ce lundi, 400 le mardi, de gens parfois venus de Combani pour se connecter. « Maintenant ça permet aux gens de s’informer et de moins rester dans le brouillard », explique Thomas Jacinto. Pour éviter que le réseau sature et les mouvements de foule, il a néanmoins instauré un système de rationnement à environ 100 connexions par sessions. Les bienfaiteurs restant tout l’après-midi sur place, chacun peut profiter du réseau sur une session de une heure, puis le mot de passe change pour permettre aux autres d’en bénéficier. Une logistique qui fonctionne bien pour l’instant, chacun respectant cette routine. Ce jeudi après-midi, Safia* est venue de Mangajou : « Je voulais donner des nouvelles à mes proches ». Une autre habitante vient aussi pallier le manque de réseau. « J’ai un peu de connexion avec Orange maintenant, mais ça ne marche pas très bien, alors je suis venue ici », indique-t-elle. Thomas Jacinto est heureux de voir la place Sicotram occupée : « Ça met un peu de vie, les gens sont rassemblés. » 

Le même type d’initiative s’est lancé à Sada. Etienne Mouillet, détenteur également d’une antenne Stralink tourne dans la zone depuis lundi pour en faire profiter la population. “C’est nécessaire pour tout le monde. Surtout les premiers jours, il n’y avait rien pour pouvoir avertir les familles”, explique-t-il. Le problème était de pouvoir l’alimenter en électricité. Il l’a d’abord installé à Mangajou, mais depuis, il la laisse dans les locaux de l’entreprise Electro Rapide. “Ici l’électricité est stable, il y a des locaux pour se poser”, décrit-il, le remerciant de mettre à disposition leurs locaux. En effet, moins de monde qu’à Chiconi, mais une salle de réunion calme, où naviguent une vingtaine de personnes. Pour Etienne Mouillet, même si les proches sont maintenant prévenus, il est important de maintenir la communication avec l’extérieur : “On espère pouvoir favoriser la coordination, car pour l’instant on a l’impression que c’est compliqué.” 

Par Mayotte Hebdo