L’Agence Française de Développement (AFD) a organisé une conférence de presse afin de présenter son observatoire de la santé financière des communes martiniquaises, ce jeudi 25 janvier 2024. Malgré des charges salariales fortes, les communes ont majoritairement amélioré leur santé financière, ont une épargne positive, couvrent leurs dépenses nécessaires, mais sont globalement moins amenées à réaliser des investissements importants.
Malgré des charges salariales encore hautes en 2022, les communes martiniquaises sont en meilleure santé sur le plan financier que les années précédentes. Bien que les investissement restent difficiles, la conférence de presse de l’AFD a mis en avant la bonne résilience économique des communes, qui bénéficient de l’octroi de mer par habitant le plus élevé de l’ensemble des territoires ultramarins, à hauteur de 627€ par habitant, contre 594€ en Guadeloupe, 467 € en Guyane, 442€ à La Réunion, ou encore 273€ à Mayotte.
La masse salariale, importante en Martinique, est stable, et seules 4 communes témoignent d’une épargne négative, sur les 34 du territoire.
Entre 2021 et 2022, les recettes des communes ont augmenté de 15%, tandis que 75% de leurs ressources proviennent des impôts et taxes communales. Dans le même temps, les dépenses ont augmenté de 8%, alors que le principal point de dépense est lié aux frais de personnel, avec 67% consacré aux salaires et aux charges de personnel.
Des communes qui sont en meilleure santé financière donc, mais qui éprouvent de réelles difficultés pour investir, faute d’ingénierie et de personnel spécialisé pour lancer et suivre des projets. Pour l’AFD, cela pourrait être le signe d’une volonté de limiter l’endettement, mais aussi une résistance au risque.
Guillaume Chiron, directeur de l’AFD de Fort-de-France, invité sur le plateau de nos confrères de Martinique la 1ère, revient sur ce point : « Les communes martiniquaises ont une certaine réticence au risque, mais c’est aussi d’une certaine façon, une bonne chose, puisque ça garantit les potentialités d’investissement dans l’avenir ».
Particularité martiniquaise, la forte masse salariale au sein des communes. Si cela peut représenter mathématiquement un frein à l’investissement, cela n’a pas empêché les communes d’assainir leurs finances, dans ce contexte historique, rappelle Guillaume Chiron : « C’est un peu le fruit de l’histoire. On sait qu’en Martinique il y a eu des recrutements importants, notamment pour des raisons sociales, mais aussi pour pouvoir remplir le rôle que les communes doivent jouer vis-à-vis de la population, notamment en termes de service public ».
Si les investissements importants restent le talon d’Achille des communes, ces dernières ont tout de même assuré ceux relatifs au bien-être et au bon fonctionnement de leurs zones d’influence, comme l’explique le directeur de l’AFD de Fort-de-France : « l’AFD finance 32 communes sur les 34 que compte la Martinique, donc on est présent dans le dialogue avec la plupart d’entre elles, on a un volume d’encours qui est de l’ordre de 95 millions d’euros, donc on représente en gros 30% des encours communes Martiniquaises, donc on est le premier financeur des communes, mais il y a encore des perspectives et on agit chaque année. L’année 2023, on a financé plusieurs d’entre elles, notamment sur des questions d’éclairage public, d’écoles, de médiathèque, de voirie, et aussi des sujets comme le trait de côte ».
Damien CHAILLOT