Chaque année à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, Santé publique France publie son étude concernant la détection et les diagnostics de VIH et d'infections sexuellement transmissibles. Si la situation du VIH dans l’Hexagone est stable, les chiffres sont plus préoccupants en Outre-mer.
En 2023, on estime que 3 650 personnes ont été contaminées par le VIH en France. Ce nombre est stable depuis 2021, après une longue période de diminution. Le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité VIH en 2023 a, quant à lui, été estimé à près de 5 500. « Ces personnes ont été contaminées pour la moitié d’entre elles plus de 2 ans auparavant » précise Santé publique France.
L’activité de dépistage du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes a continué de progresser en 2023 et devrait progresser en 2024 notamment grâce à l'élargissement du dépistage gratuit et sans ordonnance aux IST depuis septembre. « Il est essentiel de poursuivre cette dynamique. Plus les IST sont diagnostiquées tôt, plus la prise en charge est adaptée » note Santé publique France.
La Guyane, département le plus touché de France
Les taux de dépistage rapportés à la population sont toujours les plus élevés en 2023 dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM), à l’exception de Mayotte, et notamment en Guyane. C’est d’ailleurs sur ce territoire que l’épidémie à VIH reste marquée, de façon « particulièrement préoccupante ». La Guyane est considérée comme la région la plus touchée à l’échelle nationale. À Mayotte, aux Antilles mais aussi en Île-de-France, l’épidémie demeure marquée « dans une moindre mesure ».
À Mayotte, deuxième département le plus touché après la Guyane, le taux d’incidence était de 11,9 pour 100 000 habitants, avec 37 nouvelles infections en 2023. Environ 140 personnes ignorent leur statut sérologique, et le délai médian de diagnostic, de 2,3 ans, souligne l’urgence d’intensifier les efforts de dépistage, précisent notre partenaire France Mayotte Matin.
Les infections sexuellement transmissibles (IST) constituent également un problème majeur pour le territoire. Les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, bien que particulièrement vulnérables, sont insuffisamment dépistées. À l’occasion de cette Journée mondiale de lutte, l’association Nariké M’sada déplacera « six camions dans les quartiers prioritaires », pour sensibiliser et dépister au plus près de la population locale.
En Polynésie française, 23 hommes et 2 femmes ont été contaminés par le VIH en 2024, soit le double de l’année dernière, rapporte notre partenaire TNTV. Une augmentation qui pourrait être due à l’augmentation du dépistage. Toutefois, l’inquiétude sur place réside dans le fait que de plus en plus de patients « sont infectés sur le territoire ».
« Avant la covid-19, il y a à peu près la moitié des nouveaux cas qui sont venus de l’extérieur, infectés ailleurs et la moitié infectée sur le territoire. En 2024, on a vu qu’un peu plus de 70, 75% sont des gens qui ont été infectés sur le territoire. Ce qui est un phénomène un petit peu nouveau » détaille le docteur Nguyen, qui prend en charge depuis plus de 30 ans les patients atteints de ce virus.
Pour éviter que le virus se propage dans les rues, l’association « Agir contre le sida » propose au gouvernement de distribuer la PrEP, un médicament préventif : « On aimerait que le gouvernement agisse sur cette question », lance Karel Luciani, président de l’association. « Ce traitement devrait être disponible, il existe partout dans le monde. L’OMS préconise la diffusion de ce traitement comme l’un des leviers principaux pour lutter contre la pandémie du VIH ».