Des magistrats des Antilles et de Guyane se sont engagés jeudi à Fort-de-France à renforcer la coordination au sein de leur juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) afin de mieux combattre la criminalité organisée et d’endiguer l’augmentation du nombre d’homicides dans la région.
Les procureurs généraux de Fort-de-France, Basse-Terre et Cayenne ont signé "un document de coordination de la juridiction interrégionale spécialisée", a déclaré Patrice Cabérou, le procureur général de Fort-de-France, à l’issue d’une réunion à la cour d’appel à laquelle ont participé une vingtaine de magistrats et de chefs des forces sécurité de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane.
"C’est un état véritablement de guerre que nous avons vis-à-vis de la criminalité organisée", a déclaré M. Cambérou, évoquant l’envolée des saisies de stupéfiants, munitions de guerre et avoirs criminels dans la région. Quinze millions d’euros ont déjà été confisqués en 2025, contre 7 millions durant toute l’année 2024, selon lui.
La JIRS des Antilles-Guyane est "la plus étendue de France et c’est la seule des outre-mer", a-t-il souligné.
"La dispersion des acteurs fait qu’il est compliqué de se coordonner", a noté de son côté Joël Sollier, son homologue guyanais, en se félicitant de la "structuration de cette coopération".
Les participants à ce comité de pilotage ont salué l’augmentation des moyens mis à leur disposition par l’État. "À partir de septembre 2025, huit juges d’instruction seront désormais au travail au sein de la juridiction", dont trois "dévolus à la JIRS exclusivement", a indiqué Aline Olié, la présidente du tribunal judiciaire de Fort-de-France.
Par rapport à l’année dernière, "nous avons sur le territoire (Martinique, NDLR) 105 gendarmes en plus", dont "80 gendarmes mobiles" et "20 enquêteurs", a abondé le général Yvan Carbonnelle, commandant des forces de gendarmerie en Martinique. Ces renforts portent l’effectif total à "1.100 gendarmes, dont 300 réservistes" dans ce territoire ultramarin, selon lui.
Malgré ces importants moyens, les juridictions de Fort-de-France, Basse-Terre et Cayenne recensaient 61 homicides au total au 26 juin, contre 111 durant toute l’année 2024, soit une moyenne de sept homicides pour 100.000 habitants par an aux Antilles-Guyane, contre 1,1 en France hexagonale.
Avec AFP