Kélia Paulin, revisite l'hymne à l'amour en version créole et fait briller les rythmes caribéens sur la scène internationale

© Kelia Paulin

Kélia Paulin, revisite l'hymne à l'amour en version créole et fait briller les rythmes caribéens sur la scène internationale

Alors que Céline Dion descendait tout juste les marches de la Tour Eiffel après sa performance éblouissante lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, une jeune martiniquaise talentueuse, Kélia Paulin, décidait de prendre le relai. Sur son compte Instagram, elle dévoilait sa version créole du tube d'Édith Piaf, et en 24 heures, sa reprise enflammait la toile avec 1 million de vues ! 

Si vous ne connaissez pas encore Kélia Paulin, c’est le moment de la découvrir ! Avec son énergie débordante et son style unique, elle apporte une belle bouffée d’air frais à la scène musicale française. Ainsi, de ses racines familiales à ses ambitions linguistiques, Kelia Paulin s’affirme aujourd’hui comme une artiste complète, portée par l'amour de sa culture et un projet musical profondément ancré dans son identité martiniquaise. Outremers360 est allée à sa rencontre et vous fait découvrir cette artiste exceptionnelle à la carrière prometteuse. A suivre assurément…

Créole Cover, le projet musical qui revisitent les standards créoles

Kelia Paulin semble avoir été prédestinée à une carrière musicale. Née dans une famille où la musique est omniprésente, avec un père professeur de chant et violoniste, et une mère choriste, elle est plongée très tôt dans cet univers. Depuis son plus jeune âge, elle participe aux répétitions et est formée au chant par son père, sans même pouvoir se souvenir du moment où elle a commencé à chanter. Très vite, au collège et au lycée, elle est connue comme « la fille qui chante », caractéristique qui l'accompagne partout.

À l'âge de 20 ans, après deux années de classe préparatoire en Martinique, elle quitte son île pour poursuivre des études en école de commerce à Bordeaux. Durant cette période, elle met la musique de côté, probablement par un besoin d'adaptation à ce nouvel environnement et à la distance de sa famille. Le changement est radical, et elle peine à retrouver cette passion musicale sans ses repères habituels.

Face à un choix entre une carrière musicale et un chemin plus conventionnel, elle a choisi la « voie de la sérénité », optant pour un CDI (contrat à durée indéterminée) dans une multinationale, ce qui a satisfaisait ses parents mais ne lui apportait pas la satisfaction qu'elle espérait. Elle reconnaît que « les codes de la société peuvent tellement impacter une vie et influencer nos choix. »

La pandémie de 2020 marque un tournant décisif pour Kelia. Confinée à Paris, elle se retrouve coupée de la Martinique pour la première fois et subit une profonde nostalgie. C’est dans cet état qu’elle ressent un besoin impérieux de renouer avec la musique, en postant des reprises sur ses réseaux sociaux. L’accueil chaleureux de ces vidéos l'encourage à continuer, jusqu'à passer des auditions pour le label Musiciens du métro, de la RATP. À sa grande surprise, elle est acceptée, bien que la perspective de chanter en public la tétanise au départ. Aujourd'hui, elle réalise que des moments de crise, comme le confinement, peuvent servir de catalyseur pour retrouver ses véritables aspirations : « Même si cela peut sembler difficile, il est important de se demander Pourquoi pas ? » Elle admet que sur le plan financier, le chemin artistique est semé d'embûches, mais elle est déterminée à suivre sa passion. Au fil des performances dans le métro, elle découvre l'impact universel de la musique, en voyant des personnes, qui bien que ne parlant pas créole, apprécient ses chansons en créole. Cela lui donne la confiance nécessaire pour poursuivre. En septembre 2023, elle décide donc de démissionner et de se consacrer pleinement à la musique.

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Kélia lance son projet Créole Cover pour faire briller la langue créole au-delà des frontières de la Martinique. Accompagnée au piano par David Korompli, elle débute avec Péyi mwen jodi de Mario Canonges, puis revisite Ké sa lévé de Kassav', y ajoutant sa touche personnelle. Elle enchaîne avec d'autres reprises en créole, telles que Révé de Paille et Ès ou sonjé de Fernand Donation, où elle s’illustre derrière le piano. Dans un registre plus zouk, elle interprète Ki jan ké fè de Patrick Saint-Éloi uniquement avec sa voix. Avec un pianiste et un percussionniste, elle commence à se produire dans de petits restaurants, avant d'être invitée à des festivals comme à l’édition 2023 du Martinique Jazz Festival. Ses collaborations, notamment avec Jean-Claude Naimro, et son concept de reprises internationales en créole attirent rapidement l'attention, même à l'international.

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L’hymne à l’amour revisité

Sa carrière explose lorsqu’en août 2024, après la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, Kelia Paulin décide de poster une version créole de L'Hymne à l'amour d'Édith Piaf. L'idée lui vient alors qu'elle cherche à animer ses réseaux sociaux avec des formats courts en créole. En deux jours, elle travaille avec son oncle et sa mère pour adapter la chanson, sans avoir d'attentes particulières.

À sa grande surprise, la vidéo devient virale en 24 heures, atteignant 1 million de vues. Submergée par l'engouement, Kelia reçoit près de 5 000 commentaires demandant une version complète de la chanson. Malgré son planning chargé, elle décide d'y répondre et travaille à la traduction intégrale, en veillant à respecter le sens original de Piaf tout en intégrant des rimes et des expressions créoles authentiques.

Face aux retours massifs et aux demandes répétées, elle a décidé de créer une version complète de la chanson. Avec l'aide de sa famille, elle a continué le travail de traduction, en veillant à respecter non seulement le sens original des paroles de Piaf, mais aussi à intégrer des expressions créoles authentiques tout en maintenant des rimes, un défi qu'elle s'était imposé. Cette démarche témoigne de son soin à allier fidélité à la culture créole et à l’œuvre originale.

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Quand la Musique Célèbre la Langue Créole

Au-delà de son engagement musical, Kélia Paulin mène une véritable démarche linguistique pour valoriser la langue créole. Avec l’aide de son oncle linguiste et de sa mère, elle veille à respecter scrupuleusement la graphie du créole dans tous ses textes. Chaque vidéo qu’elle produit est ainsi sous-titrée en créole et traduite en français, contribuant à la reconnaissance de cette langue à l’échelle internationale.

Pour son projet ambitieux, Kélia s'impose un travail de traduction rigoureux. Lors de l’adaptation en créole de « L’Hymne à l’amour », elle tenait à respecter les sonorités des rimes de la version originale : « Par exemple, quand Édith Piaf chante une rime en O, je voulais trouver un mot créole qui garde la même sonorité, plutôt que d’opter pour une traduction littérale avec une rime en I. C’est essentiel, car les gens sont déjà familiers avec cette mélodie. En gardant les rimes d’origine, l’écoute devient plus fluide et agréable. »

Elle partage aussi les défis rencontrés : « J’ai longtemps hésité sur l’expression "pas ni problème". C’est une formule un peu familière, mais c’était la seule qui respectait à la fois le sens original et le rythme de la chanson. Même après des heures de débat, on a décidé de la garder. »

Ce travail minutieux de traduction a porté ses fruits : « Dès le lendemain de la sortie de ma reprise, un employé de pompes funèbres en Martinique m’a envoyé une vidéo d’un enterrement où ma version de l’Hymne à l’amour était diffusée. La famille l’avait choisie pour accompagner le cortège funéraire. Ça m’a profondément touchée. »

Kélia conclut en soulignant le sens qu’elle trouve désormais dans son art : « Après dix ans dans le marketing, je me demandais souvent quelle était la portée de mon travail. Avec la musique, bien que ce ne soit pas facile, je vois que je peux réellement toucher les gens. C’est la plus belle des récompenses. »

 Une Artiste aux influences variées

Kélia Paulin est une artiste aux influences éclectiques, nourries par un parcours musical riche et diversifié. Baignée dès l'enfance dans une ambiance musicale familiale, elle débute avec le piano classique, qu’elle pratique pendant 13 ans, s’imprégnant de compositeurs comme Chopin, Mozart et Bach. Ces années lui apportent une solide rigueur musicale et une sensibilité artistique.

Très vite, ses horizons s'élargissent, notamment grâce à son père, qui lui fait découvrir des voix emblématiques comme celles de Mariah Carey et Whitney Houston, des références majeures pour elle. Elle est également marquée par la musique gospel, omniprésente chez elle, et par le jazz, notamment à travers des artistes tels que Nat King Cole. Ses influences s’étendent également à la salsa, au merengue et à la bachata, des genres qui résonnent avec ses racines caribéennes, en raison de la proximité culturelle entre la Martinique et Cuba.

Sa mère, quant à elle, la relie à la musique traditionnelle caribéenne, comme la biguine, la mazurka et le zouk. D’abord en arrière-plan, ces styles prennent aujourd’hui une place centrale dans son répertoire. Kélia aspire à les intégrer pleinement dans son projet artistique, tout en explorant d’autres horizons musicaux.

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Faire Briller les rythmes créoles sur la scène internationale

Kélia Paulin est également portée par une ambition forte : celle de faire rayonner les musiques créoles, à l'image de la montée en puissance des musiques afro sur la scène mondiale. Fascinée par des genres comme l’amapiano, elle observe comment les rythmes africains sont parvenus à séduire le monde entier, et se demande : « Pourquoi pas nous ? »

Elle souhaite valoriser les musiques traditionnelles antillaises, comme la biguine et la mazurka, dont les rythmes syncopés uniques sont parfois difficiles à jouer pour des musiciens non caribéens. Pour Kélia, cette singularité est une force qu’elle veut mettre en avant, à l’instar des musiques afro qui captent aujourd'hui l’attention internationale. Son rêve est de voir les sonorités créoles bénéficier du même engouement mondial, en contribuant à leur renaissance et à leur reconnaissance, tout en les intégrant au paysage musical contemporain.

L’Art de se réinventer

À 33 ans, Kélia Paulin se trouve à un tournant décisif de sa carrière musicale. Après avoir longtemps hésité à se lancer pleinement dans la musique, malgré une carrière déjà bien établie, elle a finalement choisi de surmonter ses doutes : « J’ai démissionné d’un CDI dans une multinationale il y a un an. Aujourd’hui, je suis artiste indépendante, sans label ni agent, et jusqu'à présent, j'ai tout géré avec l'aide de ma famille. Mais maintenant, avec l'ampleur des opportunités qui se présentent, je sens que je dois être accompagnée. » Afin de franchir de nouvelles étapes, Kelia cherche une équipe spécialisée pour la soutenir dans les domaines de la gestion, du droit et du management artistique.

Lorsqu'on lui demande quel conseil elle donnerait à ceux qui aspirent à suivre son chemin, Kélia répond avec une conviction sereine : « La vie est trop courte pour avoir des regrets. Je ne veux pas me retrouver, un jour, sur mon lit de mort à me dire que je n'ai pas osé poursuivre mes rêves. » Comme un clin d'œil à l’icône de la chanson française, Édith Piaf, elle aspire à pouvoir dire qu’elle ne regrette rien.

Découvrez l’univers envoûtant de Kelia Paulin

Page facebook : https://www.facebook.com/reel/8103059953142619

Chaine youtube de Kelia : https://www.youtube.com/channel/UCuVp0cGa1Z7TWJCCBpLF1Ug/about

Compte Instagram : https://www.instagram.com/keliapaulin?igsh=cGxqcHNldjI0cjcz

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