INTERVIEW. Journées économiques de l’Outre-mer : La conférence ARUM, une rencontre à la fois académique et économique

INTERVIEW. Journées économiques de l’Outre-mer : La conférence ARUM, une rencontre à la fois académique et économique

Du 11 au 13 octobre prochain se tiendra la première édition des Journées économiques de l’Outre-mer avec, pour les deux premiers jours, une conférence des Actes de la Recherche ultramarine (ARUM). Les cinq organisateurs ont répondu aux questions de la rédaction, expliquant le but de l’événement, son apport dans le débat économique ultramarin et les perspectives attendues à son issue.

Pourquoi organiser une conférence « académique » de cette dimension sur les Outre-Mer ?

Pour la première fois, avec la conférence ARUM, toutes les équipes de recherche intéressées par l’économie des outre-mer vont être réunies en un même lieu pour présenter les résultats de leurs derniers travaux. Tous les laboratoires ultramarins sont associés, ainsi que tous les laboratoires hexagonaux qui travaillent sur ces questions. Des recherches localisées dans tous les territoires et adossées sur des disciplines scientifiques variées vont y être présentées.

Mais la conférence n’est pas seulement une rencontre académique. Les principaux acteurs engagés dans le développement économique des outre-mer seront aussi présents. Cette exhaustivité des problématiques, des territoires et des laboratoires a été rendu possible par la réunion du réseau ATOM (Atelier sur les Outre-Mer), qui a déjà organisé de nombreuses manifestations thématiques sur les outre-mer, et de la fédération TEPP (Théorie et Évaluation des politiques Publiques) qui réunit plus de 300 chercheurs intéressés par l’évaluation des politiques publiques, dans tous les domaines. Elle a aussi été rendue possible par le soutien de nombreuses institutions qui ont souhaité être partenaires du projet, le Conseil Économique, Sociale et Environnemental, qui accueille la manifestation, et aussi le ministère des outre-mer, le ministère de la jeunesse (INJEP), la région Réunion et la région Guadeloupe qui soutiennent la conférence.

L’ARUM se tiendra les 11 et 12 octobre et sera suivie par la conférence AFD-CEROM, le 13 octobre. La combinaison des deux évènements forme les Journées Économiques des Outre-Mer (JEOM).

Pourquoi organiser une conférence sur les Outre-Mer à Paris ?

A première vue, il peut paraître surprenant qu’une manifestation scientifique qui porte exclusivement sur les Outre-Mer, organisée par des chercheurs des Outre-Mer et de l’Hexagone, ne se déroule pas dans un Outre-Mer. D’ailleurs, les colloques organisés par le réseau ATOM ont lieu en Outre-Mer. La raison de cette localisation est surtout pratique. Puisqu’il s’agit de réunir des chercheurs de la zone Caraïbe, de l’océan Indien et du Pacifique, la localisation parisienne permet d’optimiser l’accès physique des chercheur.es les plus isolé.es. En outre, attachés au principe de non-discrimination, il était important pour nous de ne pas favoriser un territoire plutôt qu’un autre. Nous avons considéré qu’organiser cet événement sur Paris participerait au rayonnement de nos territoires à l’échelle nationale et internationale.

Quelles sont les thématiques abordées lors de l’ARUM ?

Lorsque nous avons rédigé l’appel à communications qui a été largement diffusé à toutes les universités de l’Hexagone et des Outre-Mer, nous avons choisi d’être ouvert à toutes les problématiques, sans aucune exclusive. Tous les travaux de recherche en lien avec l’économie des Outre-Mer ont été les bienvenus. Nous avons également sollicité de nombreux acteurs institutionnels actifs sur les Outre-Mer. L’accueil a été très positif et le désir de participer a été massif, ce qui nous a permis d’organiser la conférence autour de trois temps forts.

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D’abord, plusieurs sessions traitent des thématiques chères aux Outre-Mer telles que le développement insulaire, les discriminations, les inégalités, la précarité et la pauvreté, les risques sanitaires et climatiques, l’organisation des marchés, le développement soutenable, le tourisme ou encore la gouvernance. Ensuite, trois sessions plénières, faisant intervenir des chercheurs reconnus nationalement, sont proposées sur les thèmes « L’Outre-Mer dans sa diversité (Pr J.C. Gay) », « Les Outre-Mer dans l’espace international. Jeux d’échelles, de pouvoirs et de souverainetés (Pr. F. Constant) », et « Le développement durable des petits États insulaires en développement (Pr P. Watson) ».

Enfin, trois tables rondes ont aussi été construites pour affirmer le lien avec le monde socio-économique et institutionnel (CESE, MoM, AFD, Région Réunion, Région Guadeloupe, INJEP). Celles-ci portent sur les enjeux de développement économique ultramarin, l’insertion des jeunes en Outre-Mer, et l'Environnement, transition énergétique et développement durable. 

Quelles sont les perspectives pour l’après ARUM ?

Les perspectives se réfléchissent à plusieurs niveaux. A court terme, nous espérons que cette rencontre aidera au développement de nouvelles collaborations scientifiques et de nouveaux partenariats institutionnels. Nous allons valoriser les travaux de la conférence en publiant un numéro spécial de la Revue Économique à partir d’une sélection des meilleurs articles présentés. Nous envisageons aussi de publier une série d’articles non techniques destinés à un public large. A moyen terme, notre souhait est d’organiser de façon pérenne les Journées Économiques des Outre-Mer tous les deux ans, de façon à planifier un grand rendez-vous entre l’ensemble des chercheurs et des acteurs investis sur l’Outre-Mer. Après la première conférence ARUM, nous dresserons avec nos partenaires un bilan de l’évènement afin de matérialiser ces perspectives.   

Frédéric Chantreuil (U. Nouvelle Calédonie, Larje)

Jean-François Hoarau (U. Réunion, Cemoi)

Isabelle Lebon (U. Caen, Crem)

Yannick L’Horty (U. Gustave Eiffel, Erudite)

Sébastien Mathouraparsad (U. Antilles, Creddi)

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