Comme tous les ans, le Salon International de l’Agriculture est attendu par les acteurs ultramarins du monde agricole. Cette année est d’autant plus importante qu’elle marque les 60 ans de l'événement mais aussi les 100 ans des Chambres d'agricultures et les 40 ans de l'Office de développement de l'économie agricole d'outre-mer (ODEADOM). L'occasion de faire le point sur la situation de l'agriculture en Outre-mer dans un contexte très tendu, dans l'hexagone et les territoires ultramarins, avec des attentes et un territoire affecté après l'épisode Belal à La Réunion. Jacques Andrieu, directeur de l’ODEADOM, a répondu aux questions d’Outremers360.
Outremers360 : Le Salon de l’agriculture se prépare en amont d’une actualité très chargée puisque dans l’Hexagone, il y a ces revendications, ces manifestations des agriculteurs et un durcissement des actions. Qu’en est-il dans les Outre-mer ? Est-ce que l'agriculture est suffisamment soutenue ? Il semble que dans l’Hexagone et aussi dans les territoires qu'il y ait des demandes…
Jacques Andrieu : L'agriculture ultramarine fait partie de la grande famille de l'agriculture française et n'est pas étrangère aux préoccupations qui s'expriment aujourd'hui, mais comme d'habitude, avec des spécificités, des particularités qui sont celles de ces territoires éloignés. Ils sont aussi dans cette nécessité de travailler sur les revenus agricoles. La prise en compte des nouvelles réglementations et plus globalement la préparation aux évolutions structurelles, les ouvertures de marché, le changement climatique, l'environnement, sont des enjeux importants.
Et l'actualité, c'est aussi, plus près de nous, le cyclone Belal, qui a très fortement frappé La Réunion. Nous devons accompagner les agriculteurs. Il y a actuellement une mobilisation extrêmement forte des services de l'État à la fois dans la prévention, dans l'accompagnement et puis maintenant dans l'évaluation des dégâts. Au-delà de cela, la situation agricole dans les Outre-mer est une situation qui est délicate. Différente selon les filières et les territoires. Je crois que les demandes sont aussi des demandes d'écoute, de considération, de prise en compte des spécificités des agricultures ultramarines.
Est-ce que les remontées que vous faites sont entendues ? Quel est votre rôle exactement ?
Côté ODEADOM, nous sommes sur de l'accompagnement des agricultures des Outre-mer. Nous les accompagnons financièrement, puisque nous sommes un organisme payeur des aides européennes et nationales pour les filières agricoles. Bien évidemment, il y a d'autres organismes qui sont également en appui. Cet accompagnement va de pair avec un rôle d'expertise, d'analyses et de prises de recul. C'est ce que nous avons fait, par exemple, avec le séminaire organisé en Guadeloupe, l’année dernière, sur les questions de changement climatique et l’impact que cela a sur les agricultures ultramarines. Enfin, nous avons surtout un rôle de concertation, de dialogues, de mise en commun des problématiques des huit territoires avec lesquels nous travaillons. D'ailleurs, lors de notre prochain Conseil d’administration qui se réunira lundi prochain, nous évoquerons cela. Une autre réunion est prévue, à la veille de l’ouverture du Salon, le 23 février, avec tous les acteurs.
Concernant ce Salon de l’agriculture 2024 justement… Cette année sera un moment encore plus fort pour vous puisque l’ODEADOM célèbre ses 40 ans. Ce sera également les 60 ans du Salon et les 100 ans des Chambres d’Agricultures.
Le Salon de l'agriculture est toujours un moment de rassemblement fort, pour toute la famille de l'agriculture française, encore plus pour les Outre-mer… Il n’y a pas beaucoup d'occasions pour ces filières de se retrouver ainsi. C’est l’occasion pour nous d’aborder un maximum de sujets au cours de ce temps concentré. C’est l’occasion de se rencontrer aussi. Ce sera la célébration des 40 ans de l'office. C’est important. Cela veut dire que nous nous inscrivons dans la durée. Nous avons envie de continuer et d’aller encore plus loin avec cet organisme qui se place au service des agricultures et des ministères qui pilotent les politiques dans les Outre-mer. Il y aura une série d'évènements. Et puis, 100 ans pour les Chambres de l’agriculture, ce n’est pas rien. Une durée respectable pour un rôle majeur auprès des agriculteurs. Nous avons d’ailleurs initié une collaboration un peu inédite avec elles, à l'occasion du séminaire de Guadeloupe.
Quelles seront les nouveautés de cette année ?
Nous avons souhaité un stand qui soit le reflet de nos métiers. Ce pavillon Outre-mer sera, comme l'année dernière, au 1er étage du pavillon 5. L’ODEADOM est le seul représentant des pouvoirs publics nationaux dans ce hall et donc, quelque part, il incarne la présence de l’État dans l’accompagnement des agriculteurs des Outre-mer. Notre stand sera, à ce titre, placé sous le signe du service auprès de l'ensemble de nos partenaires. Cette année, nous avons voulu insister sur un espace d’accueil où il pourra y avoir des prises de parole, des annonces. Il y aura également une salle de réunion qu’on a voulu plus grande et accueillante, à disposition de nos partenaires. Tout cela au cœur des territoires eux-mêmes. Nous allons être situés, comme les précédentes années, à proximité des stands des chambres d’agriculture et des collectivités ultramarines.
Quels seront les temps forts ?
Nous sommes en train de finaliser le programme, mais nous pouvons déjà parler du colloque consacré aux industries agro-alimentaires Outre-mer qui aura lieu le mardi après-midi, la remise des médailles du concours général agricole pour les Outre-mer le jeudi après-midi. Cette année sera également l'année de finalisation du contrat d'objectifs de performance avec l'État et le Conseil d'administration. Nous travaillons dessus depuis l’année dernière et nous espérons pouvoir signer ce contrat à l’occasion du Salon. Il y a également beaucoup de surprises à venir.