Ce lundi, une mission de ravitaillement attendue a enfin atteint le village isolé de Trois-Sauts, en Guyane. Quatre pirogues, affrétées par la préfecture, ont transporté environ quatre tonnes de denrées alimentaires destinées aux habitants de la région. Ce convoi a été rendu nécessaire par la crise alimentaire qui frappe la région à cause d’une maladie affectant le manioc, base alimentaire des populations locales. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.
Laurent Yawalou, maire de Camopi, a souligné les nombreux obstacles rencontrés pour acheminer ces vivres. En plus des difficultés d’organisation, la mission a été retardée par le faible niveau du fleuve, caractéristique de la saison sèche, rendant le trajet particulièrement difficile. Le maire explique : « La pirogue a mis quand même deux jours pour arriver à Trois-Sauts, après neuf mois de concertation. [...] Nous avons rencontré plusieurs fois les autorités pour faire comprendre qu’il y avait une nécessité dans cette zone ». Selon lui, c'est une situation alarmante qui a demandé une intervention d'urgence.
Le trajet, déjà long et complexe, a failli échouer lorsqu’une des pirogues a subi un accident entre Camopi et Trois-Sauts. « La mission a failli échouer parce qu’il y a une pirogue qui a coulé à Saut Cachiri. En saison sèche, il y a entre 10 et 11 naufrages chaque année », rapporte le maire. Malgré cet incident, les produits alimentaires ont finalement été distribués aux habitants de Trois-Sauts. Parmi les denrées livrées : haricots, pâtes, riz, mais aussi d’autres produits secs indispensables à court terme pour pallier le manque de manioc.
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La crise, qui persiste dans la région, a conduit les autorités à envisager d’autres missions de ravitaillement dans les semaines à venir. « En ce moment, il n'y a pas du tout de manioc. Il restait des bananes et des ignames seulement. [...] On va peut-être s'apercevoir plus tard que ça ne sera jamais suffisant. Voyez-vous, c'est 4 tonnes, c'est quoi ? C'est 7 kilos par foyer. [...] Ça va être peu, mais c'est déjà ça », ajoute Laurent Yawalou.
Le maire reste néanmoins prudent face à la situation, rappelant que cette première mission, bien que bienvenue, ne suffira probablement pas à combler les besoins à long terme des habitants de cette région, touchée par la maladie du manioc, et dont les habitants sont limités en termes de pêche, en raison du bas niveau du fleuve en pleine saison sèche.
Damien Chaillot