C’est au sujet de la filière bois que se sont rencontrés Jean-Luk Le West, vice-président de la Collectivité Territoriale de Guyane, délégué au développement économique et au tourisme, accompagné d’une délégation d’acteurs de la filière, et le Cabinet de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et la Souveraineté alimentaire, jeudi dernier à Paris.
Aborder des questions majeures liées à des projets d’agroforesterie, notamment les freins rencontrés par les acteurs locaux du secteur, c’était l’objectif de la rencontre qui a réuni la CTG, représentée par Jean Luk Le West, ainsi qu’une délégation guyanaise composée de Thomas Caparros, président d’Interprobois, de Benjamin Fremaux, président du groupe IDEX et Corentin Blanchard, chef de projet Biomasse, de Laurence Monnoyer-Smith, directrice de la délégation au développement durable pour le CNES, ou encore Stéphane Maillet, Président de Maillet TP et porteur du projet et Antoine Madoui, associé fondateur Nerius Invest et porteur du projet MIA.
Parmi les questions abordées, celle de l’inadaptabilité de la directive européenne RED 3 à la Guyane, ou encore celle du projet agroforestier d’économie verte MIA, qui vise à aménager une parcelle sur la bande littorale pour produire des bioressources agroforestières tout en sauvegardant près de 70% de la forêt naturelle qui s’y trouve, dispositif qui se veut également être une source d’approvisionnement pour le projet de verdissement de la base spatiale, dans le cadre des projets de centrale biomasse CBK1 et CBK2 du CNES, pour lesquels le groupe IDEX s’est porté acquéreur.
Également abordé, les difficultés rencontrées par les acteurs locaux vis-à-vis de l’ONF, en raison de nombreux points de blocage sur plusieurs projets. L délégation s’est dite inquiétée du positionnement de l’ONF, affirmant que l’efficacité de ce dispositif n’a pas été démontrée industriellement. Pour la CTG, le constat s’agissant de l’action de l’ONF est sans appel : les moyens humains déployés sont insuffisants et pas proportionnels à la couverture du patrimoine forestier. En comparaison, l’île de La Réunion, dispose d’un effectif de 250 personnes pour une surface forestière de près de 100 000 hectares contre 92 personnes pour la Guyane, pour une surface forestière de 2,4 millions d’hectares.
Ensuite, la question de l’approvisionnement en bois d’œuvre, jugée de plus en plus difficile, a également été abordée. La délégation a alerté que la Guyane « ne sera pas en mesure de couvrir ses besoins en matière de bois d’œuvre », tandis que l’un des objectifs du Programme Régional Forêt Bois est justement de tripler le volume de bois pour répondre aux besoins de construction, en passant d’une surface exploitable de 70 000m³ à 210 000 m³ d’ici 2029.
Enfin, le vice-président de la CTG a rappelé le contexte socio-démographique du territoire, ses nombreux retards structurels et les besoins qui y sont associés et a de nouveau alerté le cabinet du ministre sur le caractère inadapté de certaines directives européennes : « Nous voulons rester européens, mais nous ne voulons pas que ce statut représente un frein à notre développement économique ». Suite à cette rencontre, le Cabinet du ministre Marc Fesneau a émis le souhait de revoir très prochainement la délégation afin de poursuivre le travail, et annoncé la tenue prochaine du comité interministériel.
Damien Chaillot