Après une année 2024 marquée par un nombre limité de tirs, le Centre spatial guyanais (CSG) s'apprête à connaître une année 2025 bien plus active. Neuf lancements sont prévus, avec cinq vols d'Ariane 6 et quatre de Vega-C. Le premier tir est programmé pour le 26 février. Le Centre national d'études spatiales (CNES) souligne également l'arrivée de nouveaux petits lanceurs, notamment ceux de Maiaspace, filiale d’ArianeGroup, sur l'ancien pas de tir de Soyouz. Focus grâce à l’interview de David Cavaillolès, président exécutif d'Arianespace, par nos partenaires de Radio Péyi.
L'activité accrue du CSG intervient dans un contexte de concurrence internationale intense. En 2024, plus de 260 lancements ont eu lieu dans le monde, dont près de 130 réalisés par SpaceX, tandis que Kourou n'en a compté que trois.
Malgré un nombre réduit de tirs, David Cavaillolès, président exécutif d'Arianespace depuis le 20 janvier dernier, dresse un bilan positif de l'année 2024 :
« Ça a été une année de rebond. Les années 2022 et 2023 avaient été assez compliquées pour diverses raisons, on a perdu temporairement l'autonomie d'accès à l'espace en Europe, Ariane 6 n'était pas encore là, Ariane 5 a cessé son exploitation, on avait eu des difficultés en vol sur le lanceur Vega C et puis on avait arrêté d'exploiter Soyouz à la suite de l'invasion de l'Ukraine par les Russes. Donc 2024, c'est une année de rebond. On a réalisé trois lancements, mais trois lancements qui sont absolument clés puisqu’outre un vol Vega, le dernier du lanceur Vega, on a eu le retour en vol de Vega C qui s'est très bien passé, et surtout on a eu le vol inaugural d'Ariane 6, c'était quelque chose qu'on attendait depuis une dizaine d'années. Un vol inaugural d'une nouvelle fusée c'est toujours un moment critique et ça s'est parfaitement bien passé et ça ouvre la voie à la montée en puissance d'Ariane 6 avec le second vol qui va se tenir le 26 février. Donc de ce point de vue, pour moi deux-mille-vingt-quatre c'est vraiment l'année du rebond d'Arianespace et de la filière spatiale européenne ».
Des ambitions renforcées pour 2025
Lors de ses vœux, David Cavaillolès a annoncé que neuf tirs auront lieu au CSG en 2025 et exprime son ambition de voir ce chiffre augmenter dans les années à venir :
« Pour 2025, on a une ambition qui est forte et qui est de réaliser neuf lancements, dont quatre de Vega C et cinq d'Ariane 6. Le premier vol d'Ariane 6 en 2025 arrivera le vingt-six février avec à son bord un satellite militaire pour les armées françaises, le satellite CSO 3, et ensuite on va accélérer progressivement pour réaliser des tirs à la fois pour les institutions européennes, Galiléo, Copernicus, un satellite météorologique, mais aussi notre premier tir pour un client commercial à savoir Amazon, avec le premier vol Kuiper sur Ariane 64 en fin d'année. L'enjeu c'est non seulement de revenir à des chiffres qu'on a connus par le passé, mais même de les dépasser puisque si on se remémore, Ariane 5 faisait entre cinq et sept vols par an. Pour Ariane 6, l'ambition, assez rapidement quand on sera à la cadence cible, c'est de réaliser neuf à dix tirs par an, donc quasiment deux fois plus qu'Ariane 5. Donc évidemment ça génère un certain nombre de défis et en même temps c'est fantastique qu'on puisse réaliser autant de tirs chaque année depuis Kourou ».
Une mission scientifique majeure en 2026
En plus des missions institutionnelles et commerciales, Arianespace a annoncé un lancement scientifique majeur en 2026. La société mettra en orbite le satellite PLATO de l'Agence spatiale européenne (ESA) à bord d'Ariane 6. Ce télescope spatial, dédié à l'étude des exoplanètes de type terrestre et de leurs étoiles hôtes, constituera la première mission scientifique de la nouvelle fusée européenne. Ce lancement porte à 32 le nombre de missions déjà inscrites dans le carnet de commandes d'Ariane 6 pour les prochaines années.
Avec cette montée en cadence, Arianespace entend renforcer la position du CSG dans l'industrie spatiale mondiale face à une concurrence accrue.
Damien CHAILLOT