Guyane : L'offre de soins en Guyane poursuit sa restructuration

En Guyane, Sébastien Lecornu a visité le Centre Délocalisé de Prévention et de Soins (CDPS) de Maripasaoula © Marie-Christine Ponamalé

Guyane : L'offre de soins en Guyane poursuit sa restructuration

Dans la continuité du travail entamé avec le projet du CHRU de Guyane, le territoire planifie l'organisation de son système de santé pour les années à venir. Dans cette lancée, ce sont cette fois-ci les centres de santé de Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Georges qui sont concernés. Actuellement définis comme Centres Délocalisés de Prévention et de Soins (CDPS), ils ont vocation à se transformer en hôpitaux de proximités avec l'émergence du CHRU. Le ministre des Outre-mer a assuré du soutien de l'Etat pour le développement des infrastructures hospitalières pendant tout son déplacement. Point sur les centres délocalisés qui sont amenés à évoluer.

 

La Guyane a entamé un important travail de structuration de son offre de soin, en témoigne le projet du CHRU prévu pour 2025, dont le comité de pilotage à récemment entamé le travail de planification. En parallèle, ce sont les structures de soin déjà existantes qui sont amenées à évoluer dans l'objectif de tisser un véritable réseau de soin uniformisé à l'échelle du territoire.

Dans ce cadre, les Centres Délocalisés de Prévention et de Soins (CDPS) que sont ceux de Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Georges, qui assurent à eux seuls 50% de l'activité des 17 centres de santé du territoire, ont pour vocation d'obtenir le label d'hôpital de proximité, devenant, avec les trois hôpitaux publics déjà existant, l'un des piliers du futur CHRU.

La première pierre sera posée dès 2022 pour ces trois CDPS, avec le renforcement de leur capacité en lits d'hospitalisation de courte durée, 8 nouveaux lits à Maripasoula, 6 lits à Grand-Santi et autant à Saint-Georges, auxquels s'ajouteront des lits de médecine et de traumatologie de courte durée. Une optimisation des capacités de soins axée sur les séjours hospitaliers de faible gravité, un service qui représente 20% des hospitalisations sur la zone d'influence de ces 3 centres.
Amandine Papin, directrice adjointe du Centre Hospitalier de Cayenne et directrice déléguée aux CDPS, précise : “le but est de rapprocher les patients de leur domicile et d’éviter des évacuations sanitaires”.

La deuxième évolution prévue dès l'année prochaine concerne la gynécologie-obstétrique, puisque des séjours au sein de ces centres seront possible pour des soins tels que la surveillance de la parturiente avant le transfert à l’hôpital, l'équilibrage de l’insuline, les interruptions volontaires de grossesse ou la surveillance des fausses-couches, entre-autres. À noter cependant qu'aucune création de maternité n'y est projetée, en raison d'un taux de naissance trop faible comparé aux critères minimaux de sécurité, et il en va de même pour les services de néonatalogie, chirurgie ou activité interventionnelle.

Troisième évolution prévue à court terme, la création d'une salle de radiologie dans chacun des trois centres, qui permettra d’améliorer l’activité de diagnostic et d’éviter quelques-unes des plus de 1 500 évacuations sanitaires réalisées chaque année, si la gravité ne l’exige pas. Une ouverture qui va de pair avec la création cette année du cursus de formation de manipulateurs en radiologie sur le territoire.

Enfin, en matière de biologie, l’offre de diagnostic sur site, considérablement renforcée depuis le début de l’épidémie de Covid-19, sera améliorée, puisque les navettes avec les hôpitaux du littoral mises en œuvre depuis la pandémie seront maintenues pour la remise des résultats complets.

© Marie-Christine Ponamalé


Un ensemble de transformation qui vise à renforcer l'offre de soin, fluidifier son fonctionnement, et apporter une logistique efficace au bénéfice de tous les patients, comme l'explique Amandine Papin :«Passer d’une surveillance de plusieurs jours dans un lit de « mise en observation » normalement limité à moins de douze heures, à une hospitalisation de plusieurs jours, constitue une réponse adaptée à la prise en charge de patients justifiants d’un suivi dans le cadre de soins programmés, notent les inspecteurs généraux dans leur rapport. Alors que ces CDPS sont tous à plus de 30 minutes d’un service d’urgence autorisé, la création de ces unités, avec un encadrement en personnel et un plateau technique pour des examens standards (biologie et imagerie), permettrait de se donner le temps nécessaire pour confirmer le diagnostic, éviter des Evasan pour des traumatismes légers et de prendre ainsi des décisions médicales plus performantes”.

Continuer sur cette lancée de 2022 à 2025

Passé ces premières étapes à court-terme, le renforcement des soins se poursuivra de 2022 à 2025, avec notamment le renforcement des interventions de spécialistes. Si de nombreux domaines ont déjà bénéficiés d'un tel renforcement, à l'image de la gynécologie-obstétrique, la pédiatrie, l'infectiologie, l'urologie, la dermatologie, et la rhumatologie, de nouvelles disciplines seront concernées, parmi lesquelles la cardiologie, l'odontologie, l'ophtalmologie, la diabétologie, la neurologie, entre-autres.

Selon Amandin Papin, il s'agit de “renforcer les équipes de spécialistes dans les hôpitaux, pour pouvoir ensuite les détacher dans les communes de l’intérieur. Ce travail, nous l’avons commencé”.



Renforcer puis uniformiser

Un tel renforcement de l'offre de soin passe nécessairement par la mise en œuvre de recrutements, de constructions, de dotation en équipements et d'une réorganisation. Ainsi, les effectifs des trois centres de santé devront être augmentés, tandis que la coordination avec Cayenne sera renforcée, et qu'un plan d’équipement adapté, en cours de préparation, sera acté, de pair avec des travaux de mise aux normes et d’agrandissement.

Automatiquement, avec de tels changements structuraux, d'autres chantiers devront être mis en œuvre, rappelle Amandine Papin : "La création des hôpitaux de proximité nécessitera des services de restauration et de blanchisserie. Pour cela, nous aimerions nous appuyer sur des prestataires locaux. Dans certaines communes, il existe des porteurs ; dans d’autres, ce n’est pas le cas. Il y a donc un sujet autour de l’appui à la création d’entreprise”.

À cela, s'ajouteront les besoins en infrastructure numérique et les capacités de logements à destination des soignants, impliquant donc le travail de concert avec les collectivités locales.

Enfin, il s'agira ensuite de faire suivre ces transformations au niveau inférieur, puisque les CDPS de Papaïchton, Apatou et Camopi devront être reconstruits au cours des trois prochaines années. Dotés d’une gouvernance renforcée, les CDPS pourront ainsi parler d’égal à égal avec les trois hôpitaux, au sein du futur CHRU devenant eux aussi partie intégrante du tissu de soin guyanais.

 


 

Damien CHAILLOT