Après une absence de quatre ans, l'association Le Refuge, dédiée à l'accueil des jeunes LGBT+ en situation d'exclusion, réouvre ses portes en Guyane. Cette organisation, qui offre un abri aux jeunes chassés de chez eux en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre, avait quitté le territoire en 2020 suite au départ de ses bénévoles et salariés, qui avaient alors fondé une nouvelle structure, Kaz’Avenir. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.
Le Refuge revient avec l'ambition de soutenir à nouveau ces jeunes en détresse, en s'appuyant sur un réseau local d'associations et en ouvrant un nouveau local à Cayenne. Des permanences seront également organisées à Saint-Georges et Saint-Laurent.
Benoît Cascade, directeur des finances et du développement de l'association, actuellement présent en Guyane, explique que les recrutements sont en cours. « Nous souhaitons recruter des personnes qui connaissent très bien le territoire, parce que pour comprendre la complexité du territoire guyanais dans sa dimension multiculturelle, c'est indispensable », précise-t-il. Il souligne que la question LGBT+ est encore taboue dans de nombreuses régions de Guyane, comme dans d'autres territoires ultramarins : « Il peut y avoir une acceptation à l'intérieur du cercle familial, mais l'idée est qu’il ne faut pas que les autres familles le sachent, car il y a une question de réputation ».
Le rejet familial est l'une des causes principales de l'exclusion et de la précarité des jeunes LGBT+. Selon Benoît Cascade, la tranche d’âge prioritaire pour l’association est celle des 18-25 ans. « Ce sont des jeunes qui subissent souvent des violences psychologiques et physiques au sein de leur famille, et qui n'osent pas partir avant leur majorité. Lorsqu’ils arrivent au Refuge, ils ont souvent déjà vécu plusieurs années d’errance ». Il souligne l’importance du Refuge en tant que dernier recours pour ces jeunes, qui ne savent pas vers qui se tourner : « Les jeunes qui appellent le Refuge ne contacteront pas le Samu social ni d'autres services publics, car ils ne savent pas quel accueil ils recevront ».
Outre l'hébergement, Le Refuge vise à aider les jeunes à retrouver une stabilité sociale et professionnelle. « Nous avons une durée moyenne de séjour de neuf mois au niveau national. Notre objectif est d'augmenter le nombre de places disponibles, tout en faisant en sorte que les jeunes puissent rester le moins longtemps possible », explique Benoît Cascade. Pour cela, l'association collabore avec les missions locales, les associations d'insertion, les universités et les entreprises.
Un programme spécifique à l’insertion professionnelle a été lancé cette année. « Nous recrutons des conseillers d'insertion pour définir des parcours, afin que ces jeunes puissent rapidement accéder à des revenus, car la première des priorités pour eux, c’est de quitter le Refuge et de retrouver leur autonomie », conclut-il. Le but étant de permettre aux jeunes de reprendre confiance en eux et d’avancer vers une vie plus stable et indépendante.
Avec cette réimplantation en Guyane, Le Refuge réaffirme son engagement à offrir un espace sécurisé et un soutien concret aux jeunes LGBT+ rejetés par leur famille, tout visant un accompagnement vers une réinsertion durable.
Damien Chaillot
