Guyane : Le Centre de Ressources biologiques Amazonie, la nouvelle bio-banque du territoire

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Guyane : Le Centre de Ressources biologiques Amazonie, la nouvelle bio-banque du territoire

En juillet 2022, le Centre de Ressources Biologiques (CRB) Amazonie a décroché deux certifications ISO reconnues à l’international. Le centre, unique CRB humain européen situé en Amérique latine, est un outil de choix pour les chercheurs du monde entier, mais aussi l’une des pierres angulaires du projet du CHU du territoire.

L’un des rouages essentiels du futur CHRU de Guyane, affirme la lettre Pro de l’Agence Régionale de Santé (ARS), puisque le Centre de Ressources Biologiques (CRB) représente tout simplement la banque de stockage nécessaire à la mise en œuvre de la recherche sur le territoire.

Située au Centre Hospitalier de Cayenne (CHC), la biobanque conserve plus de 10 000 échantillons humains, qu’il s’agisse de fluides (urine, sang, sérum) dans la sérothèque, ou de tissus dans la tumorothèque. Ces échantillons serviront en Guyane à améliorer la santé des Guyanais, et à l’international, à étudier les maladies infectieuses et tropicales par exemple.

Le centre est dorénavant reconnu à l’international, grâce à ses différentes certifications obtenues. La première en 2019, (NF2016). Depuis, tous les ans, des inspecteurs viennent sur place vérifier si la biobanque respecte les normes, mais aussi son évolution. Cette année, le CRB décroche les normes internationales : ISO 9001 en mars 2022, pour le management de la qualité et ISO 20387, une norme spécifique aux biobanques reconnues dans le monde entier.

Ce CRB aujourd’hui reconnu a pourtant fait ses débuts de manière imprévue, en 2016, alors que le territoire affrontait l’épidémie de Zika. À ce moment-là, ce qui allait devenir le CRB Amazonie était agencé ainsi : une pièce, neuf congélateurs, de moins 35°C à moins 150°C, un frigo classique à 4°C. À l’intérieur, des milliers de tubes numérotés et anonymisés, de l’hôpital de Cayenne, dans le cadre de l’épidémie.

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Shana Augustin, technicienne biobanque se souvient : « Nous avions un nouveau virus dont on ne connaissait pas l’impact sur la santé. Cela nous a alertés sur l’intérêt de faire de la recherche. Il fallait récupérer les placentas pour mener des études dessus. Il fallait pouvoir les stocker. Les laboratoires peuvent les conserver, mais ne sont pas adaptés ». Ainsi apparut le CRB Amazonie, aujourd’hui reconnu comme référence mondiale sur le zika chez les femmes enceintes. 

Lié au CHC, il s’agira maintenant de s’étendre aux autres établissements, explique Hugo Porchain responsable opérationnel et qualité du CRB : « Il nous faut une traçabilité parfaite. C’est compliqué si nous ne sommes pas sur place. Nous sommes encore récents. Nous essayons déjà d’être bien organisés avec le laboratoire du CHC. Mais s’étendre aux autres établissements est imaginable, surtout dans la perspective du CHRU ».

Si les premiers à le solliciter sont très majoritairement les chercheurs de l’hôpital de Cayenne, certains échantillons sont partis en Martinique ou dans l’Hexagone pour des recherches sur le Covid-19, ou encore en Louisiane pour étudier la lèpre. Une demande déjà soutenue, mais qui pourrait encore augmenter, puisque le CRB Amazonie est le seul d’Amérique Latine, une situation qui « intéresse beaucoup les chercheurs, car nous satisfaisons aux exigences réglementaires européennes », explique le Dr Kinan Drak Alsibai, chef de service d’anatomie et cytologie pathologiques et responsable médical du CRB.

Damien Chaillot