Guyane: la justice "annule" à nouveau le projet controversé de centrale électrique d'EDF

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Guyane: la justice "annule" à nouveau le projet controversé de centrale électrique d'EDF

Le tribunal administratif de Guyane a prononcé "l'annulation" de l'autorisation préfectorale accordée en 2020 à EDF pour la construction d'une grande centrale électrique en bord de mer à Larivot, a indiqué jeudi le tribunal par voie de presse.


Le tribunal administratif de Guyane considère qu'EDF et l'État n'ont pas démontré "l'absence" de "solutions alternatives" foncières à ce projet très controversé, porté par EDF dans un secteur à valeur écologique soumis à des risques d'inondation et de submersion marine, dans la commune de Matoury, près de Cayenne, au lieu-dit Larivot.

Saisi par les associations France nature environnement et Guyane nature environnement, le tribunal a jugé "illégale" la dérogation accordée par la préfecture à l'interdiction de porter atteinte aux espèces protégées dans ce secteur.

Pour une telle dérogation, les services de l'État auraient du démontrer "l'absence de +solution alternative satisfaisante+ permettant de réduire les atteintes", a précisé le tribunal.

La justice estime qu'"il n'est pas démontré" par l'État et EDF que la zone de bord de mer du Larivot constituait l'unique option foncière, dans la mesure où des terrains avaient été initialement envisagés dans la commune de Rémire-Montjoly à proximité du Grand port maritime.
Pour les juges, "ces terrains aurait permis de réduire les atteintes portées aux espèces protégées".
Contactée par l'AFP, la directrice régionale en charge du projet chez EDF, Gaëlle Paygambar, a annoncé que le groupe fera "appel" auprès du Conseil d'État.

Ce projet de 120 MW, envisagé en remplacement de l'actuelle centrale électrique d'EDF, vétuste et polluante, autorisée à fonctionner jusqu'en 2023, fait l'objet d'une intense bataille politique et juridique entre écologistes et sympathisants des énergies renouvelables face à EDF, soutenu par le gouvernement.

En octobre 2020, le projet avait fait l'objet d'un arbitrage par Barbara Pompili qui avait publiquement demandé à EDF de revoir sa copie pour garantir un approvisionnement en biodiesel plutôt qu'en énergies fossiles (fioul).

En juillet 2021, le juge des référés du tribunal administratif de Guyane, saisi par les écologistes, avait émis "un doute sérieux quant à la légalité de l'arrêté" préfectoral qu'il avait temporairement suspendu. Mais le Conseil d'État saisi par EDF et l'État avait annulé la décision du juge des référés, le 10 février 2022.

La centrale électrique du Larivot nécessiterait l'importation de grandes quantités de biodiesel et la construction d'un oléoduc de 14 kilomètres à travers la communauté d'agglomération du centre littoral (CACL) pour les acheminer.

Avec AFP