Guyane : Alexis Tiouka, fervent défenseur des droits des peuples autochtones, décédé ce lundi matin à Montpellier

©Samia Maquigny

Guyane : Alexis Tiouka, fervent défenseur des droits des peuples autochtones, décédé ce lundi matin à Montpellier

Juriste spécialisé en droit humain et en droit autochtone, Alexis Tiouka fut l'un des fervents défenseurs des droits des peuples amérindiens en Guyane, au national et à l'international. Il était également un homme engagé en politique écologique. Retour sur le parcours d'Alexis Tiouka avec notre partenaire Radio Péyi.

Né à Awala, village Kali’na de l’ouest de la Guyane, en 1959, sa voix a été prépondérante lors des débats sur les droits des peuples autochtones à l'ONU dans les années 1990-2000. Depuis près d'un quart de siècle, il donnait des conférences pour sensibiliser à la défense des droits des peuples premiers à travers le globe. Alexis Tiouka a participé à la création de la Fédération des Organisations Amérindiennes de Guyane, et a œuvré pour la ratification par le gouvernement français de la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), relative aux peuples indigènes et tribaux de 1989.

En politique, il a été élu municipal à Awala-Yalimapo sous la mandature de Jean-Paul Fereira et candidat sur la liste Europe Écologie les Verts de Yannick Jadot aux élections européennes de 2019. Plus récemment, Alexis Tiouka a contribué aux négociations avec les autorités publiques lors de la mobilisation de mars-avril 2017 en Guyane afin de réaffirmer les revendications autochtones. Il a exercé des fonctions stratégiques au sein des communes comme à Papaïchton en tant que Directeur de l'aménagement du territoire, à Sinnamary en tant que responsable service urbanisme et chargé de mission aménagement du territoire à Camopi.

Il laisse également derrière lui un ouvrage qui a marqué les esprits. Co-auteur de « Petit guerrier pour la paix », paru aux éditions Ibis Rouge en 2017. Il y a retracé 40 années de parcours de la première génération de leaders du mouvement autochtone guyanais, passée par les « Homes indiens » et l'école française du grand rassemblement des Amérindiens de Guyane en 1984, aux revendications pour la terre de 2017 puis aux négociations internationales.

Enfin, il s’est souvent prêté au jeu d’acteur dans plusieurs productions cinéma notamment dans la série « Guyane » diffusée sur Canal + ou encore « Meurtre à Cayenne » sur FranceTv. Alexis Tiouka demeurera une figure emblématique du militantisme autochtones. Il s’en est allé à l’âge de 64 ans des suites d’une longue maladie.

Une « grande perte »

« C’est une figure de l’histoire du territoire qui s’en est allée aujourd’hui. Alexis Tiouka partageait l’histoire des amérindiens avec fierté et avec une volonté de transmission, de protection de leurs modes de vie traditionnels et de respect de leurs droits » a déclaré le président de la Collectivité territoriale Gabriel Serville, pour qui « sa disparition représente une grande perte pour notre territoire ».

« Alexis est une référence militante, un avant-gardiste, un rigoureux juriste, mais aussi un très grand humaniste doué d’une humilité hors du commun » a écrit pour sa part le député (GDR) Jean-Victor Castor, membre du Mouvement de décolonisation et d'émancipation sociale de Guyane. Son collègue Davy Rimane salue « la mémoire de ce grand défenseur de la cause amérindienne, largement connu et reconnu au sein des peuples de Guyane, et pour qui j’avais, personnellement, une puissante admiration », tandis que le sénateur Georges Patient souligne cet « infatigable avocat du droit des amérindiens » qui « aura consacré sa vie à cette cause et l'aura portée jusqu'au Nations-Unies ».

Au-delà de la sphère politique guyanaise, le décès d’Alexis Tiouka a naturellement ému les organisations environnementales, culturelles ou autochtones du territoire, telles que le Parc amazonien, dont il fut membre du Conseil scientifique, l’association Maiouri Nature Guyane avec qui il s’est opposé au projet Montagne d’Or, ou encore la Jeunesse Autochtone de Guyane.