Guadeloupe : une économie en léger recul de 1% en 2023, selon l’Insee

Vue de Pointe-à-Pitre ©DR

Guadeloupe : une économie en léger recul de 1% en 2023, selon l’Insee

En 2023, l'économie de la Guadeloupe est légèrement en berne, avec une baisse de 1% de la croissance après une hausse de 5,9% en 2022 due à la reprise post-crise sanitaire, selon une récente étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). L'inflation affaiblit la demande, entraînant une diminution des échanges extérieurs : les importations baissent de 5,6% et les exportations de 3%. Cependant, les dépenses touristiques augmentent, tout comme la consommation des ménages, qui progresse de 1,2% et contribue à la croissance. En revanche, les investissements privés stagnent et les investissements publics diminuent.

 

Bien qu’inférieure à l’inflation enregistrée au niveau national (+4,9%), elle demeure constante en Guadeloupe, avec une augmentation moyenne des prix à la consommation de 3,9% contre 3,6% en 2022. « Cette hausse s’explique essentiellement par l’augmentation des prix de l’alimentation : +10,2% après +5,2% l’année précédente. Les prix des produits frais (+18,7% après +10,2%) augmentent plus fortement que les prix de l’alimentation hors produits frais (+9,1% après +4,7%). Les prix des produits frais fluctuent selon les conditions climatiques et les cours internationaux, ce qui les rend très volatils », explique l’Insee.

 Pour atténuer l'impact de l'inflation sur le pouvoir d'achat des ménages, des initiatives locales ont été mises en place au second semestre 2023. Parmi elles, le dispositif « coup de pouce énergie » lancé en octobre 2023 par la Région Guadeloupe, qui vise à aider les ménages les plus vulnérables à faire face à la hausse des coûts de l'énergie. « Par ailleurs, l'accord de modération des prix des produits de grande consommation dit Bouclier Qualité Prix, est étendu en 2023 à un plus grand nombre de produits et vise à réduire le coût global des paniers de consommation de 2% à 4% », précise l’étude.

 

 

« Les importations de la Guadeloupe enregistrent une baisse de 5,6% en volume, contrastant avec l’augmentation de 14% de 2022 », constate l’Insee (voir graphique ci-dessus). La baisse des échanges commerciaux s'explique en partie par deux années d'inflation qui affaiblissent la demande. Les importations de produits manufacturés chutent de 5% en volume, représentant à elles seules la moitié de la baisse totale des importations. Les importations de produits pétroliers raffinés diminuent de 9,5%, contribuant pour un tiers à cette baisse. Les exportations de biens et services reculent de 3%, après une forte hausse de 41,8% en 2022, due au rebond post-covid des dépenses touristiques.

Bonne nouvelle pour le secteur dans le marasme ambiant, les dépenses touristiques continuent de croître, limitant la baisse des exportations, avec une hausse de 7% en volume et représentant 45,6% du total des exportations. Le nombre de nuitées dans les hôtels augmente de 10%, atteignant un record de 1,3 million depuis 2011, tandis que la durée moyenne de séjour reste stable à 3,4 nuitées. La reprise du tourisme amorcée l'année précédente se confirme, soutenue également par une hausse de 3,6% du trafic aérien à l'aéroport Guadeloupe Pôle Caraïbe, après une forte augmentation de 62,4% en 2022.

 En 2023, la consommation des ménages en Guadeloupe augmente de 1,2%, contribuant à hauteur de 0,7 point à la croissance, mais ralentit par rapport au rebond de 6% en 2022 (voir graphique ci-dessus). Ce ralentissement est dû à l'inflation persistante et à la baisse du nombre de consommateurs liée au déclin démographique. Toutefois, la consommation reste soutenue par un marché du travail stable, avec une croissance de l'emploi de 0,4%, principalement dans le secteur tertiaire marchand (+0,5%). Les créations d'emplois sont particulièrement fortes dans l'hébergement et la restauration (+3,5%) ainsi que dans les services aux ménages (+2,2%). Cependant, relève l’Insee « le marché du travail en Guadeloupe reste préoccupant, avec un taux de chômage de 19%, bien supérieur au taux national de 7% »

Enfin, « l’investissement global diminue (-1,8% en volume) et contribue faiblement au recul de la croissance (à hauteur de -0,3 point). L’investissement privé marque le pas (+0,6% en valeur) après la reprise amorcée en 2021 (+6,5%) et confirmée en 2022 (+7,1%) », souligne l’étude. Ce ralentissement économique est dû au resserrement de la politique monétaire et à l'augmentation des coûts des crédits. Bien que les importations de biens d'investissements aient augmenté (+9,6%) et que les financements d'investissements par les entreprises aient progressé (+5,6%), les importations de biens intermédiaires ont diminué de 4,3%. Ce ralentissement de l'investissement privé est également confirmé par les déclarations des entreprises auprès de la Direction générale des finances publiques.

 

PM