Le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco, arrivé mercredi en Guadeloupe, a exprimé à sa sortie de l'avion le « soutien » du gouvernement à la région, face aux problèmes « d'eau, de routes, de relogement » qui se posent, quatre jours après le passage de la tempête Fiona.
A Pointe-à-Pitre, Jean-Fraçois Carenco a assuré devant la presse être venu « en signe du soutien du gouvernement » et pour exprimer « publiquement l'affection de la Nation au moment où la Guadeloupe souffre ». La tempête tropicale Fiona, devenue depuis un ouragan de catégorie 4 sur l'échelle de Saffir-Simpson, a éprouvé la Guadeloupe pendant le weekend, avec des vents violents, des pluies diluviennes et des inondations qui ont fait un mort.
Mercredi, près de 60 000 clients (particuliers ou entreprises) y étaient toujours privés d'eau en raison des dégâts importants sur des installations du réseau. Tel le Centre Hospitalier de Basse-Terre, qui a fait savoir que cela compromettait son bon fonctionnement et la continuité des soins. « De très gros travaux sont à prévoir » pour la remise en service du réseau d'eau, a indiqué le Syndicat Mixte de Gestion de l'Eau et de l'Assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG), évoquant au minimum « plusieurs semaines » avant un retour à la normale.
Un avion et 40 renforts apportant « une machine capable de potabiliser l'eau des rivières » doivent arriver mercredi soir en Guadeloupe afin de pallier les manques dans les zones les plus touchées, a annoncé Jean-François Carenco. Le ministre a également promis que l'arrêté de catastrophe naturelle serait publié « avant samedi ». Le dispositif Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile) Eau potable a été mis en œuvre « dès la fin de l'événement et reste mobilisé », a par ailleurs assuré le ministre dans un courrier adressé mercredi au député de Guadeloupe Olivier Serra, qui avait réclamé le déclenchement de ce dispositif.
En Guadeloupe, de nombreux militants demandent de longue date l'instauration de ce plan de manière durable, du fait de la situation critique des réseaux d'eaux sur l'île, vétustes et qui n'assurent pas la distribution en eau potable pour tous.
« Plus rien »
La visite ministérielle s'est poursuivie dans la commune de Goyave. Partout la boue est encore là. Sur les murs, parfois sur un mètre de haut dans les maisons, dépouillées. Les débris ont été sortis dans la rue, où des pelleteuses déblaient la boue et les détritus. Dans certains endroits, le débordement des égouts, mêlé à la boue, répand une odeur pestilentielle. Partout les habitants s'hébergent, s'entraident, en attendant des solutions plus durables, dont personne ne sait quand elles arriveront.
La commune n'a pas fini de recenser les dégâts. Le maire Ferdy Louisy évoque 200 logements et plus de 1 000 personnes sinistrées pour la zone de logements sociaux de l'Aiguille. « Je dormais, je me suis réveillée dans le noir quand le compteur a disjoncté et je me suis aperçue que j'avais de l'eau à la taille » raconte au ministre Julie Di Omede, 52 ans. « Je n'ai pas les moyens de racheter tout ce que j'ai perdu : mon frigo, mon matelas, la nourriture, mes vêtements. Je n'ai même plus mes papiers », poursuit-t-elle.
Plus loin, Lydie Loudac, 64 ans, raconte avoir manqué de se faire emporter par les flots déchaînés. Un homme, le pantalon encore boueux, s'inquiète lui pour les enfants, très nombreux dans la cité. « Ils n'ont plus rien, plus de livres d'école, plus de fournitures scolaires, et puis, ils n'ont plus d'école », affirme Yohan Fetama, 38 ans. Les élus tentent de rassurer : « On a recensé avec le rectorat les besoins, on collecte des dons, ça s'organise ».
Le réseau routier de l'archipel a souffert du passage de la tempête. « Une quinzaine de ponts sont fragilisés », a indiqué le préfet, Alexandre Rochatte, lors du même point presse. Mercredi, à Capesterre-Belle-Eau (sud-est de l'île de Basse-Terre), commune touristique ayant été très affectée par les crues des rivières, le maire a pris des arrêtés pour interdire le passage par certains ponts « compte tenu du risque d'effondrement ». Le président du département, Guy Losbar, a appelé dans un communiqué mercredi à un « grand plan de reconstruction » de la Guadeloupe, chiffré à « plus d'un milliard d'euros ».
Lors de son passage en Guadeloupe, la tempête Fiona a fait une victime : un homme de 54 ans emporté avec sa maison à Rivière-des-Pères, où le ministre doit se rendre ce jeudi. Devenu un ouragan majeur, Fiona aurait fait au moins 5 morts sur son passage, de l’archipel guadeloupéen aux Turques-et-Caïques, en passant par Porto Rico et la République dominicaine. L’ouragan approche désormais des Bermudes avec des vents moyens de 210 km/h. Sa transition extra tropicale s’annonce aussi explosive pour la Nouvelle-Écosse ce week-end.
Avec AFP