Le 2 février marquait la Journée mondiale des zones humides sur le thème « Il est urgent de restaurer les zones humides ! ». Pour cette occasion, la secrétaire d’État chargée de l’Écologie Bérangère Couillard a annoncé le lancement d’un Plan national d'action (PNA), d'une durée de 10 ans, en faveur des poissons Harttiella et des amphibiens Anomaloglossus de Guyane.
Ce plan couvre plusieurs espèces présentes uniquement sur le plateau des Guyanes, la plupart étant en danger ou en danger critique au titre de la liste rouge nationale. « Le lancement de ce plan illustre aussi le rééquilibrage de cette politique envers les Outre-mer, où sont majoritairement localisées les espèces endémiques les plus menacées », précise le secrétariat d’État chargé de l’Écologie.
Les espèces concernées sont des Harttiellas, des poissons de petites tailles (5cm environ) : sept espèces ont été dénombrées et deux sont en cours de description. « En dehors d’Harttiella crassicauda, présente uniquement au Suriname, l’intégralité des espèces sont endémiques de la Guyane. Les six espèces décrites sur le territoire sont toutes menacées au titre de la liste rouge nationale, dont une majorité en danger critique », souligne le PNA.
Anomaloglossus est un genre d’amphibiens de petite taille (moins de 2cm). « La plupart des espèces de ce genre présentent des répartitions réduites », ajoute le Plan. « En Guyane, six Anomaloglossus sont décrits, trois d’entre eux étant strictement endémiques : A. blanci, A. dewynteri, A. degranvillei. Ces trois espèces ont été évaluées comme étant en danger ou en danger critique d’extinction dans les listes rouges nationale et internationale. »
Il est connu que les zones humides (marais, tourbières, prairies humides, lagunes, mangroves…) comportent une biodiversité remarquable, particulièrement dans les Outre-mer. Elles jouent également un rôle crucial pour atténuer les effets du dérèglement climatique. Entre autres, en absorbant et stockant les eaux, elles diminuent l’intensité des crues et des épisodes de canicule. Elles alimentent les nappes phréatiques, retardent les sécheresses et préservent la ressource en eau. Plus que les forêts, elles captent de fortes quantités de carbone. Et réduisent les effets des tempêtes et protègent les côtes.
Quelques chiffres mentionnés par la Journée mondiale des zones humides : en France, plus de 67% des zones humides ont disparu depuis les années 1970 ; l'état de 41% des milieux humides s'est dégradé entre 2010 et 2020 (seulement 11% s'est amélioré) ; la valeur économique des services rendus par les zones humides est estimée à un peu plus de 3,8 milliards d'euros par an. Pourtant, ces zones, déjà très largement détruites ou dégradées, font face à des menaces persistantes : pollutions, artificialisation des sols, assèchement, fragmentation des habitats, surexploitation, etc. (À noter que le gouvernement s’est doté d’un Plan national en faveur des milieux humides sur la période 2022-2026 de 325 millions d’euros).
La Guyane évoquée plus haut fait partie des Plans nationaux d’actions en faveur des espèces menacées (PNA) qui couvre déjà la France hexagonale et la majorité des départements et régions d’Outre-mer (Guadeloupe, La Réunion, Martinique et Mayotte). Le plan précédent pour la Guyane concernait les tortues marines (la tortue Luth – Dermochelys coriacea ; la tortue verte – Chelonia mydas ; et la tortue olivâtre – Lepidochelys olivacea). Ces tortues venaient pondre régulièrement en Guyane et sont toutes menacées d’extinction à l’échelle mondiale selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Le Comité français de cet organisme a constaté par ailleurs qu’ « en Outre-mer, plus d’un tiers des espèces d’oiseaux de La Réunion sont menacées ou ont déjà disparu. Parmi la faune menacée de l’île, figurent aussi 14% des papillons de jour et 33% des poissons d’eau douce. En Guyane, 13% des oiseaux et des poissons sont menacés et 16% des mammifères marins. En Martinique, ce sont par exemple 47% des reptiles, 28% des mollusques et 21% des oiseaux qui sont menacés. Pour la flore, les menaces de disparition concernent 15% des fougères et des plantes à fleurs de Guadeloupe, 30% à La Réunion et 43% à Mayotte. »
PM