Désamiantage dans les Outre-mer : une aide qui se fait attendre face à des besoins structurels persistants

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Désamiantage dans les Outre-mer : une aide qui se fait attendre face à des besoins structurels persistants

Alors que le parc social ultramarin nécessite une réhabilitation massive, la question du désamiantage s’impose comme un des verrous persistants. Certes, une première avancée a été obtenue avec l’inscription d’une aide dédiée dans le projet de loi de finances 2025. Mais sa mise en œuvre se fait attendre, et son enveloppe – jugée largement insuffisante – reste très en deçà des besoins exprimés par les acteurs de terrain.

 

C’est un dossier technique, mais fondamental, pour l’avenir du logement social dans les Outre-mer. Dans une question écrite adressée à Manuel Valls, ministre d’État, ministre des Outre-mer, la députée de la Martinique, Béatrice Bellay, alerte sur les difficultés persistantes en matière de désamiantage dans les DROM, en particulier aux Antilles, où une part significative du parc social a été construite avant l’interdiction de l’amiante en 1997. Pour la députée Béatrice Bellay,  « le soutien à une filière locale de désamiantage est une des conditions indispensables pour engager une réhabilitation à grande échelle. On ne peut pas laisser les territoires ultramarins seuls face à cette bombe sanitaire et financière. Aux Antilles, nous savons trop bien ce que signifie vivre avec des pollutions durables : chlordécone, sargasses… Il faut que l’État prenne ses responsabilités. »

Un surcoût qui freine la réhabilitation

Si le danger sanitaire de l’amiante est bien documenté, le coût de son traitement reste un frein majeur pour les bailleurs sociaux ultramarins. Les opérations de désamiantage coûtent jusqu’à 40 % plus cher qu’en France hexagonale, en raison notamment de l’insuffisance d’infrastructures locales, du manque de filières spécialisées et de l’évacuation coûteuse des déchets dangereux vers l’Hexagone ou des sites étrangers. « Sans prise en charge spécifique de ces surcoûts, des programmes de réhabilitation peuvent être soumis à des retards, des reconfiguration à la baisse ou même être abandonnés », confie Brayen Sooranna, Directeur Outre-mer de l’USH.

Une aide votée… mais pas encore mobilisable

L’adoption en 2024 d’un amendement au projet de loi de finances, instaurant une aide au désamiantage de 2 millions d’euros, a été saluée comme un signal positif. Mais cette aide n’a toujours pas été déployée, et son montant est jugé « symbolique » au regard de l’ampleur des besoins. À titre de comparaison, plusieurs dizaines de millions d’euros seraient nécessaires pour amorcer une réhabilitation d’ampleur du parc amianté ultramarin.

Quelle stratégie pour structurer la filière ?

Au-delà de l’aide financière, c’est toute une filière locale de traitement de l’amiante qui reste à structurer. À ce jour, les DROM souffrent d’un déficit criant d’entreprises qualifiées, de lieux de traitement et de dispositifs de formation.

La députée interpelle donc le Gouvernement sur quatre points concrets :

  • L’état d’avancement de la mise en œuvre de l’aide au désamiantage ;
  • La possibilité d’un abondement budgétaire en 2026 ;
  • Une prise en charge différenciée des surcoûts spécifiques aux DROM ;
  • Le soutien à la structuration d’une filière locale, adaptée aux réalités ultramarines.

 

Voici la question écrite :