Des villes de Guyane se lancent dans la coopération internationale avec celles du Bénin

© Melvin Derby

Des villes de Guyane se lancent dans la coopération internationale avec celles du Bénin

L’action de coopération entre les villes est souvent plus connue sous forme de jumelage mais elle peut être aussi liée par des conventions de coopération sur différents domaines au-delà de leur champ de compétences. Sinnamary, Macouria et Mana ont donc décidé de former un consortium pour répondre à un appel d’offre du cabinet Innovation conseil ouest Guyane (ICO) pour se lancer dans une politique d’échange avec Grand Popo, ville de 80 000 hab. au Bénin. Une délégation béninoise de la commune de Grand Popo mené par le Maire Jocelyn Ahayi est actuellement en visite en Guyane. Des interviews réalisées au micro de notre partenaire Radio Péyi.

 

Ce rapprochement vient d’un constat qu’il existe des actions de coopération avec l’hexagone, les Antilles et les pays voisins mais très peu avec les villes d’Afrique et celles de Guyane. La coopération devrait s’engager sur les domaines de l’agriculture, du développement économique, de la culture et du sport.

Une coopération qui a déjà commencé depuis 2 ans avec la ville de Macouria et qui doit se poursuivre, explique Monique Azer, 1ere adjointe au maire chargée de la culture, du tourisme et du patrimoine. « Nous avons répondu en 2022 à un appel à projets du Ministère des Affaires étrangères, notamment sur le volet sport. Une délégation est déjà partie l'année dernière pour permettre de rencontrer des jeunes au Bénin. Ils ont eu une initiation à la natation avec un expert de la Guyane. Il a toujours été dit que Macouria tourne le dos à sa mer. Nous avons une très belle plage, pas suffisamment exploitée. A ce titre, nous avons prévu de faire venir des jeunes du Bénin pour les initier au kitesurf dans le cadre du prochain appel à projets. Notre prochain appel à projet se termine en 2023 d'où la venue de la délégation et faire évoluer le projet. Il faut dresser le bilan de ce ce qui a été fait, afin de répondre à un autre appel à projets pour aborder de nouvelles thématiques comme la transition écologique, la culture, etc»

Une coopération qui provient aussi d’une volonté politique du président de la République Patrice Talon de s’ouvrir vers l’extérieur, explique le maire de Grand Popo, Jocelyn Ahayi.« Macouria et Grand Popo sont deux communautés frères qui se regardent à distance. L'histoire nous a distancé mais la volonté des élus que nous sommes, amène à pousser cette distance de par nos actions et volontés. Autrefois, la coopération n'était que gouvernementale. Je remercie le Président Talon qui, par la prise de lois nécéssaires, a permis cette ouverture en donnant le pouvoir aux maires et élus de s'ouvrir au monde extérieur, de voir ce qui est faisable pour le bien-être de la communauté. C'est un levier de développement. La volonté de travailler à construire, renforcer, consolider ce levier doit pouvoir nous amène à laisser des empreintes aux générations futures»

De quoi montrer que « la Guyane n’est pas sous cloche », soutient Albéric Benth, le maire de Mana. « Politiquement parlant, nous ne fonctionnons que sur nous-même. Il était important de voir avec nos populations, voire nos jeunes et moins jeunes , de faire sortir l'idée que la Guyane n'est pas sous cloche, montrer à nos jeunes qu'on peut aller voir ailleurs. L'idée de coopération a germé en permettant à une délégation de nos jeunes de partir en Afrique, et faire venir une délégation africaine ici, d'abord sur la base agricole. Au fur-et-à mesure, nous nous sommes rendus compte qu'il fallait l'ouvrir à d'autres secteurs. Nous avons passé un accord à trois pour monter un dossier de coopération. Le consortium a répondu à un appel à projets. Aujourd'hui, nous avons commencé sur la coopération avec des échanges que l'on va mettre en oeuvre pour les jeunes».

L’échange peut se faire sur un partage d’expérience notamment sur les changements climatiques, explique le maire de Grand Popo, Jocelyn Ahayi.«Nous pensons que nous pouvons nous unir pour combattre la malnutrition, produire pour se satisfaire et les pays voisins. Si l'expérience en cours à Macouria et au Bénin, permet de créer un pont pour renforcer cette production. Je suis convaincu que c'est un point gagné. Au-delà de cela, il y a d'autres axes que nous souhaitons ouvrir comme l'éducation ou encore le changement climatique où Grand Popo ou à Macouria subissent ces effets de ce phénomène. Nous pouvons partager les expériences ets s'accorder ensemble pour tendre vers une politique de résilience ou d'adaptation de la population»

Maripasoula rejoint le consortium et signera une convention avec la commune de Zè en avril prochain.