En 2023, les délais de paiement interentreprises dans les départements et collectivités d’Outre-mer (DCOM) de la zone euro (Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon) sont « globalement stables », mais restent supérieurs à ceux observés au niveau national, selon le rapport 2024 de l'Institut d'émission des départements d'Outre-mer (IEDOM, filiale de la Banque de France).
Le « Rapport annuel 2024 des délais de paiement pratiqués par les entreprises et les organismes publics des DCOM » de l’IEDOM a été rendu public ce 22 septembre. En 2023, les délais interentreprises dans les DCOM sont restés globalement stables, avec une moyenne de 42 jours de chiffre d’affaires pour les créances clients et 48 jours pour les dettes fournisseurs. Ces délais restent supérieurs à ceux constatés au niveau national, avec un différentiel de 12 jours pour les clients et 11 jours pour les fournisseurs. Par conséquent, le besoin en trésorerie lié aux délais de paiement atteint 13 jours de chiffre d’affaires, soit 5 jours de plus que la moyenne nationale. Bien que les délais moyens respectent le plafond légal de 60 jours, 27% des entreprises ultramarines continuent de subir des retards de paiement. « La trésorerie nette susceptible de leur être mise à disposition si aucun retard de paiement n’était constaté s’élèverait à 713 millions d’euros », souligne l’IEDOM.
Sur le plan sectoriel, les délais de paiement des clients continuent de dépasser le seuil légal de 60 jours dans les secteurs de la construction et des services aux entreprises. « Les entreprises du secteur du soutien aux entreprises (18,3% de l’échantillon) demeurent celles qui subissent les délais clients les plus élevés en 2023. Ils augmentent de 2 jours sur an pour s’établir à 68 jours de chiffre d’affaires, soit un niveau supérieur au plafond légal de 60 jours », précise le rapport. En 2023, une amélioration est toutefois constatée dans la construction, avec une réduction de deux jours, portant le délai moyen à 62 jours.
Parallèlement, les délais de règlement des fournisseurs y diminuent de deux jours, s’établissant à 50 jours d’achats, ce qui accentue la pression liée au crédit interentreprises. « Les entreprises du secteur de l’industrie sont celles qui règlent leurs fournisseurs le plus tardivement à 59 jours d’achats. Cependant, elles sont elles-mêmes payées par leurs clients à 55 jours de chiffre d’affaires (+1 jour par rapport à 2022), si bien que le solde du crédit interentreprises s’élève à 17 jours en 2023 », ajoute l’IEDOM.

Les dynamiques territoriales en matière de délais de paiement présentent des contrastes marqués. À Mayotte, les délais clients ont augmenté de trois jours pour atteindre 59 jours, tandis que les délais fournisseurs ont progressé de cinq jours, s’établissant à 61 jours. « Ils demeurent ainsi les délais clients les plus élevés des DCOM de la zone euro », relève le rapport. Mayotte devient ainsi le seul territoire où les entreprises règlent leurs fournisseurs au-delà du seuil légal. En Guyane, les délais de paiement demeurent particulièrement élevés, avec 53 jours pour les créances clients et 52 jours pour les dettes fournisseurs. Néanmoins, une amélioration se poursuit, ces délais ayant diminué d’un jour pour la troisième année consécutive.
« En Guadeloupe et à La Réunion, les délais clients sont en faible baisse (-2 et -1 jour par rapport à 2022), après deux années de stabilité. Ils s’établissent à respectivement 41 et 39 jours de chiffre d’affaires. Les délais clients à La Réunion sont ainsi les plus faibles observés dans la zone DCOM euro. En Martinique, les délais clients connaissent un rebond (+3 jours sur un an), après deux années consécutives en baisse, et s’élèvent à 42 jours », observe également l’IEDOM. Concernant les délais fournisseurs pour ces DROM, ils sont légèrement en hausse en Guadeloupe (+1 jour à 48 jours), et demeurent stables en Martinique (49 jours). Enfin, La Réunion enregistre des chiffres inférieurs avec des règlements fournisseurs à 46 jours, comme en 2022.

En 2024, le délai moyen de paiement de l’État dans les DROM diminue de 2,3 jours, atteignant 19,6 jours. « Mayotte se distingue en réduisant de 18,3 jours son délai après avoir enregistré une très forte dégradation de 22,8 jours en 2023. Enfin, pour la seconde année consécutive, le délai à La Réunion diminue pour atteindre 22 jours en 2024 (-2,8 jours) », observe le rapport. La commande publique, qui représente 57% des dépenses totales, enregistre également une amélioration, avec un délai ramené à 19,4 jours, soit une baisse de 3,8 jours. Du côté du secteur public local, le délai de paiement progresse également, passant à 39,2 jours (-3,2 jours). Ce niveau reste néanmoins supérieur au plafond réglementaire de 30 jours, ainsi qu’à la moyenne observée dans l’Hexagone, qui s’établit à 19,3 jours.
En 2024, les établissements publics de santé affichent un délai moyen de paiement de 121,5 jours, en augmentation de 10,1 jours par rapport à 2023. Ce délai est plus de deux fois supérieur à celui observé en France hexagonale (62,3 jours) et dépasse largement le plafond réglementaire fixé à 50 jours. Par ailleurs, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a mené des contrôles auprès de 25 établissements ultramarins. « Les dépassements de délais de paiement légaux ont donné lieu à quatre avertissements pour les cas de dépassements non significatifs et neuf procès-verbaux de manquement. Les procédures de sanction administrative ont mené à des amendes pour un total de 755 000 euros », indique l’IEDOM.

PM
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