A l’initiative de l’Association Pays d’Etain-Martinique (APEM) et de l’Union Territoriale des Associations de Combattants de Martinique (UTAC-Martinique), un monument aux morts et une Pierre gravée à l’ossuaire de Douaumont ont été érigés dans la Meuse en hommage aux combattants martiniquais. Des cérémonies qui auront lieu respectivement les 12 et 14 novembre et qui sont un symbole fort de l’histoire de la Meuse et de la Martinique, réunies par cette mémoire douloureuse.
Ce 11 novembre, partout en France, on célèbrera le 105ème anniversaire de l’armistice signé en 1918 à la Clairière devenue le symbole de la Victoire, de la paix et de l’hommage à tous les combattants morts lors de la première guerre mondiale.
C’est l’occasion choisie par l’Association Pays d’Etain-Martinique (APEM) dans sa mission de préservation et de promotion transmission de la mémoire combattante à laquelle s’est jointe l’Union Territoriale des Associations de Combattants de la Martinique (UTAC-Martinique) pour rendre hommage aux poilus martiniquais.
Lors de ce qu’il est coutume d’appeler « la grande guerre », 1 400 000 soldats français sont tombés au champ d’honneur. Parmi eux, 2 000 martiniquais morts ou disparus. On estime à 9 000, le nombre de soldats martiniquais qui ont pris part aux combats, ce qui correspond à 22% de l’effectif, soit un soldat sur cinq. Une histoire qui a été quelque peu occultée et que l’APEM tente de faire connaître en entreprenant ce projet mémoriel destiné à rendre hommage à l’ensemble des poilus martiniquais.
Des liens indéfectibles tissés entre la Meuse et la Martinique
Ce projet mémoriel d’ampleur nationale a été élaboré à Etain, petite ville du département de la Meuse, détruite à 93% pendant la guerre et reconstruite en partie grâce à l’aide financière de la Martinique. En effet, répondant favorablement aux échanges entre l’église d’Etain et celles de la Martinique, une chaîne de solidarité a été mise en place dans l’île et a permis de récolter des fonds qui ont contribué à la reconstruction de la petite ville martyre. Etain s’est souvenu de cet acte généreux et, en guise de reconnaissance, a dénommé sa principale place « place de la Martinique ». La petite ville a été l’une des premières communes à donner à l’une de ses rues, le nom d’Aimé Césaire, du nom de l’illustre poète et homme politique martiniquais disparu en 2008. Des liens presque indéfectibles ont ainsi été tissés symbolisés par le jumelage signé entre Etain et la ville du Vauclin, dans le sud de la Martinique.
Un évènement orienté vers la jeunesse
C’est dans cette histoire et cette volonté de maintenir les liens entre les habitants d’Etain et ceux de la Martinique que s’inscrivent les objectifs de l’APEM et qui débouchent aujourd’hui sur la création de ce monument aux morts réalisé par l’artiste-plasticien martiniquais Hervé Beuze et du dévoilement d’une Pierre gravée au sein de l’ossuaire de Douaumont, commune déléguée de Douaumont-Vaux, dans la Meuse et connue pour son ossuaire militaire de la Première Guerre mondiale.
Le monument représente un poilu martiniquais (combattant) sortant de la carte de la Martinique (colonie), elle-même posée sur une canne à sucre (effort de guerre). La démarche artistique d’Hervé Beuze qui a été formé à l’Institut Régional d’Arts Visuels de la Martinique, témoigne d’un questionnement sur l’identité, les mémoires de l’île et de ses habitants. Il a créé un langage métaphorique en combinant des matériaux bruts du lieu, chargés de sens symbolique pour « exprimer l’identité d’une Martinique née d’un passé fort et en prise directe avec le monde, et en mutation permanente », explique l’artiste.
L’inauguration de ce monument et du dévoilement de la Pierre gravée auront lieu respectivement ces 12 et 14 novembre en présence d’une délégation d’une soixantaine de Martiniquais, dont une trentaine de jeunes issue de collèges et lycées martiniquais qui ont intégré le dispositif de « l’option Croix-Rouge ». Un dispositif visant à favoriser l’engagement citoyen des Jeunes. Car l’un des objectifs de cet évènement est de cibler la jeunesse afin, comme l’assure Brigitte Véfour, déléguée à l’engagement et du développement à la délégation territoriale de la Croix-Rouge française de Martinique, « qu’elle n’oublie pas le passé en ayant une meilleure connaissance d’un moment crucial de notre histoire et de celle de l’humanité ».
E.B.