Climat : les Outre-mer au cœur des enjeux stratégiques pour les armées

Exercice de la Marine nationale Croix du Sud 2023 en Nouvelle-Calédonie ©MB/Marine nationale

Climat : les Outre-mer au cœur des enjeux stratégiques pour les armées

Dans l’avenir, les dérèglements climatiques seront à l’origine de plus en plus de crises globales : montées des eaux, tsunamis, ouragans, sécheresses, insécurité alimentaire, migrations, etc., menaçant un équilibre géopolitique déjà fragile. Dans cette optique, les armées seront amenées à jouer un rôle de plus en plus important, et les Outre-mer, de par leurs positions géographiques, seront notamment au centre de leurs missions.

 

Dans le document intitulé « Changement climatique. Quels enjeux stratégiques pour les armées ? », le ministre des Armées Sébastien Lecornu le rappelle : « Affronter les conséquences du changement climatique s’annonce comme le défi des années à venir. Les crises qui en résulteront auront des effets concrets sur notre quotidien. Je pense en particulier à nos compatriotes ultramarins qui vivent sur des atolls polynésiens en dessous du niveau des océans, aux Antillais qui voient les ouragans devenir chaque année plus nombreux et plus dévastateurs, et plus largement aux Français qui vivent en bord de mer et voient le trait de côte s’éroder un peu plus après chaque tempête, ou ceux qui subissent les incendies et les inondations. » 

Face à ces enjeux cruciaux pour la France et pour la planète, comment le ministère des Armées se prépare-t-il, et plus particulièrement dans les Outre-mer ? La Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) évoque l’instauration d’une véritable diplomatie de la sécurité climatique, pour renforcer l’Etat avec ses alliés et partenaires, en unissant leurs forces. Les armées devront notamment opérer dans un contexte géostratégique radicalement différent, avec des conséquences sur les capacités, la préparation opérationnelle et le soutien des forces.

« L’intensification des événements climatiques extrêmes entraînera vraisemblablement par exemple une augmentation des opérations de secours humanitaire post-catastrophes naturelles, non seulement sur le territoire national, mais aussi dans les Caraïbes et en Indopacifique, où les armées sont déjà régulièrement sollicitées », souligne la DGRIS. Cet organisme illustre ce fait par l’opération Caouanne menée à la suite du cyclone Idai en 2019, où les Forces armées françaises de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) avaient répondu favorablement à l’aide demandée par le Mozambique à la communauté internationale et envoyé un porte-hélicoptère amphibie ainsi qu’une frégate de surveillance pour soutenir entre autres les populations sur les plans logistique et médical.

 

Afin de mieux analyser et anticiper les impacts des bouleversements climatiques, le ministère des Armées a mis en place en 2016 un Observatoire défense et climat, piloté par la DGRIS, dont le contrat a été reconduit pour quatre ans supplémentaires (2022-2026). Il s’agit d’un « véritable instrument de coopération internationale au travers d’études conjointes et de travaux de cartographie avec nos partenaires du Pacifique et de l’océan Indien ». Par exemple, le ministère des Armées a soutenu une étude scientifique, dénommée Kivi Kuaka, menée par le Muséum d’histoire naturelle sur les oiseaux migrateurs du Pacifique. Ces derniers adaptent en effet leurs vols aux incidents naturels comme les tsunamis et les grandes submersions. « Ce projet pourrait éventuellement permettre de compléter les sources conventionnelles d’informations météorologiques et permettre, le cas échéant, d’améliorer les systèmes d’alerte avancée », précise la DGRIS.

Au niveau international, la France et l’Australie se sont engagées, dès 2018, à cartographier les risques environnementaux dans l’océan Indien pour étudier et travailler sur les conséquences des changements du climat. Les conclusions françaises avaient été formellement présentées lors du Symposium naval de l’océan Indien (IONS) à La Réunion en 2021, dont la problématique centrale était la sécurité environnementale. En outre, en janvier 2022, dans le cadre de la présidence française de la Commission de l’océan Indien (COI), la DGRIS a organisé le premier forum international sur les espaces maritimes de la COI, dont les conclusions ont été présentées au 36e conseil des ministres de cette institution.

► À lire également : La Marine nationale en première ligne face à la multiplication des événements climatiques violents

Affronter les conséquences du dérèglement climatique. Pour répondre à ces défis, la Marine nationale adapte ses moyens, coopère et s’entraîne. L’exercice de gestion de crise post-catastrophe naturelle et d’assistance humanitaire Croix du Sud 2023 en Nouvelle-Calédonie est une illustration. Le commandant de la composante maritime de l’exercice, le contre-amiral Cédric Chetaille, décrypte les enjeux d’un tel entraînement. 

Changement climatique. Quels enjeux stratégiques pour les armées ? (mars 2023)

 

PM