Ce vendredi 3 mars, la sénatrice Catherine Procaccia a présenté le rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques sur l'impact du chlordécone aux Antilles.
Treize ans après la publication du premier rapport, les sénateurs établissent un bilan des connaissances sur la contamination des écosystèmes antillais et sur les solutions développées pour y faire face. «Si des progrès ont été réalisés dans la connaissance des atteintes environnementales et sanitaires liées au chlordécone, les résultats obtenus depuis 2009 ne sont cependant pas à la hauteur de la situation» a souligné la sénatrice Catherine Procaccia lors d'une conférence de presse. Il existe «un manque de connaissances sur ses effets sur la biodiversité. Ce domaine devra être investi dans une approche « one health », considérant la santé des humains, des animaux et des écosystèmes comme liée et interdépendante»,ajoute le rapport.
En matière sanitaire, le sénatrice a aussi relevé le nombre réduit de connaissances scientifiques concernant l'impact d'une exposition au chlordécone sur la fertilité féminine ou la survenance de d'autres cancers autres que celui de la prostate. «Les études menées depuis 2009 ont établi un lien de présomption forte entre l'exposition à la chlordécone et la survenue de cancers de la prostate. Si cela a permis de reconnaître récemment ce cancer comme maladie professionnelle pour les agriculteurs exposés à la chlordécone, peu d’études ont été lancées sur d’autres formes de cancer».
Concernant l'action de l'Etat, si le plan chlordécone IV "est un progrès", le rapport préconise qu'une évaluation externe soit réalisée à mi-parcours.
Pour les sénateurs, il faut repenser la communication pour la rendre "moins verticale" et tenir compte "des réalités socio-culturelles propres aux Antilles", notamment en s'appuyant sur l'ensemble des médias tout en ciblant les populations sensibles et particulièrement à risque d'exposition, comme les travailleurs agricoles et des marins pêcheurs. Des recommandations nécessaires pour lutter contre la défiance de la population aux Antilles. « La contamination par la chlordécone est vécue comme un véritable scandale par la population locale. Plusieurs actions de l'Etat sont perçues comme avançant trop lentement, à l’instar de la cartographie des sols qui ne couvre – aujourd’hui encore – qu’une faible partie des territoires. Il en est de même pour les recherches sur les techniques de dépollution et pour les études concernant les effets sanitaires de la chlordécone, pour lesquelles les financements ont été insuffisants»
"La pollution des terres antillaises et des Antillais par la chlordécone parait précurseur des futures pollutions que nous allons découvrir au XXIe siècle, qu’il s’agisse de pesticides ou d’autres substances.Pour mieux gérer les crises futures, où qu'elles se produisent, l'Etat doit tirer tous les enseignements des lenteurs, erreurs et faiblesses qui ont affecté la prise en charge des populations antillaises et nourri leur défiance", conclut le rapport. Au total, 24 recommandations ont émis dans ce rapport.
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