CESE : Le Réunionnais Eric Leung élu à l'unanimité Président de la Délégation aux Outre-mer

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CESE : Le Réunionnais Eric Leung élu à l'unanimité Président de la Délégation aux Outre-mer

Comme nous l'annoncions sur Outremers 360, le conseiller économique et social de La Réunion Eric Leung a été élu Président de la Délégation aux Outre-mer du CESE ce mardi 15 juin. Il avait été désigné comme candidat par la délégation au mois de mai dernier. Joint par Outremers 360 à l'issue de son élection, le nouveau Président de la délégation aux Outre-mer du CESE a partagé les premières priorités de sa mandature parmi lesquels « mieux connaître et faire reconnaître la France océanique». 
 

Pourquoi vous êtes-vous présenté à la Présidence de la Délégation aux Outre-Mer du CESE ?

Eric Leung : Nous sommes 4 conseillères et 4 conseillers, nommés par Arrêté du ministre des Outre-Mer en avril dernier, afin de représenter nos 11 Territoires ultra marin. Le Groupe Outre-Mer qui rassemble les 8 conseillers que nous sommes est présidé par Mme Inès Bouchaut Choisy et représente un groupe important parmi les 19 autres groupes qui rassemblent d’autres acteurs de la société civile (culture, entreprises, salariés, famille, santé etc.)

La délégation aux Outre-Mer, composée de 30 Conseillers dont 22 non ultramarins, est une formation de travail importante au sein de la 3ème Assemblée de la République. Ma candidature est un prolongement de mes engagements au service du développement économique de l’Ile de la Réunion, au travers de ma responsabilité au sein de la CPME Réunion, et de manière plus large pour le développement d’un Département et Région d’Outre-Mer.

J’ai à cœur de partager au CESE et au-delà, la vision d’une France d’Outre-Mer, forte de ses 11 Territoires d’Outre-Mer et de ses 2,7 millions d’habitants, qui avec son hétérogénéité de statuts, d’écosystème, de développement et de démographie, peut apporter à la Nation une valeur ajoutée sociétale, économique et environnementale.

Quelles sont les priorités, les projets de mandature que vous souhaitez impulser sous votre présidence ? 

Eric Leung : La délégation aux Outre-Mer peut être saisie par le gouvernement ou l’Assemblée nationale sur des sujets prioritaires et nous devrons établir des contributions dans des temps parfois contraints. Nous pouvons également faire des auto-saisines sur des sujets qui nous paraissent importants et pourront produire des études. Sur la dernière mandature, les sujets traités ont été par exemple l’accès aux services publics dans les outre-mer, pouvoir d’achat et cohésion sociale dans les outre-mer : fractures et opportunités, plan de relance et déclinaison dans les Outre-mer etc.

Au-delà de ces saisines et auto-saisines, la délégation aux outre-mer a comme mission de veiller à ce que le fait Outre-Mer puisse être présent dans l’ensemble des 7 formations de travail (Économie et Finance, Aménagement Territoire et agriculture, Travail Emploi, affaires sociales, affaires européennes et internationale, Éducation, Environnement). Je formule le souhait de montrer le côté dynamique et positif de nos Territoires.

Nos Territoires sont des laboratoires économiques, sociaux et environnementaux et les réponses que nous avons su y apporter sont la preuve de notre résilience et de notre génie créatif malgré des contraintes reconnues par exemple au niveau européen pour les régions ultrapériphériques. Avec les 30 membres de cette délégation, nous entamerons très rapidement des échanges sur les travaux à effectuer selon leurs priorités.

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Outremers 360 vous publie ci-dessous le discours d'Eric Leung prononcé après son élection :

                             Mieux Connaître et faire reconnaître la France océanique

Chers collègues,

Je vous remercie de votre confiance et j’aurais à Cœur d’assumer la responsabilité que vous m’avez confié, dans le partage et la concertation avec l’ensemble des Membres de cette Délégation aux Outre-Mer.

Je vous remercie également d’avoir fait le choix d’être présents dans cette Délégation, qui
rassemble 22 non ultramarins et 8 ultramarins. Nous avons donc une diversité dynamique qui laisse augurer de bons travaux.

Je remercie mes prédécesseurs à cette fonction et me ravi de la présence de Conseillères et de Conseillers qui avaient participés aux travaux de la précédente mandature et nous saurons vous solliciter pour nous éclairer de nouveau.
Malgré les multiples efforts déployés ces dernières décennies, la perception de nos compatriotes français sur les outre-mer ne reflète pas encore la diversité de notre histoire, de nos territoires, de nos cultures et de notre apport à l’identité et au soft-power français.

Alors que notre pays s’étend au-delà de ses rivages hexagonaux et dispose, grâce aux Outre-mer, d’atouts décisifs, nos territoires restent mal connus de nos concitoyens. Nous sommes encore trop souvent enfermés dans une vision exotique et réductrice de la vigueur et de la richesse de nos territoires.

En plus d’enfermer parfois les Ultramarins dans une vision raccourcie et étriquée, cette conception ne permet pas à la France de revendiquer tout le potentiel de cette France océanique.

Nos territoires sont pourtant des laboratoires économiques, sociaux et environnementaux et les réponses que nous avons su y apporter à nos concitoyens, sont la preuve de notre résilience et de notre génie créatif malgré des contraintes reconnues par exemple au niveau européen pour les Régions Ultrapériphériques.

Les Outre-mer participent à la richesse de la France et à son rayonnement international. Ils sont une frontière-active sur le monde et ses problématiques globales comme, les changements climatiques, la protection et la valorisation de la biodiversité, les questions migratoires ou de développement.

Les Outre-mer constituent de véritables modèles d’intégration et de vivre-ensemble et sont la preuve que nous pouvons vivre dans le cadre d’une laïcité bienveillante. Ils stimulent la culture française avec notamment les richesses de la créolité, la créativité de nos entrepreneurs, notre identité singulière et cosmopolite et nos valeurs ancrées dans la République.

Je nous invite donc à continuer à affirmer notre singularité dans la République et faire en sorte que La France continentale et océanique affirme son visage et sa puissance, que notre pays s’affirme tel qu’il est, dans tous les océans, fort de toute sa diversité.

Chacun d’entre nous dans nos fonctions locales respectives, sommes confrontés, au quotidien, aux difficultés à se faire entendre d’un Etat jacobin pour qui la décentralisation reste à parachever. La territorialisation des politiques publiques sur laquelle nous avons eu l’occasion de nous pencher il y a quelques mois dans le cadre du Plan de Relance, reste plus que jamais un sujet central. Il nous faut repenser cette relation centre-périphérie dans laquelle nous sommes enfermés.

C’est d’ailleurs le sens de ma proposition à faire de nos territoires des relais des problématiques de nos territoires et de nos espaces d’intégration dans les 3 bassins océaniques. Des problématiques que nous avons souvent su régler ou tentons de régler avec les États voisins dans une approche multilatérale dont la France devrait s’enrichir.

Reconnaître les Outre-Mer, c’est reconnaître leurs spécificités. C’est leur donner les moyens d’y faire face, sans paternalisme, et en toute responsabilité.

La méthode que je vous propose pour y parvenir sera la co-construction. Cela passe non seulement par des échanges réguliers de notre Délégation vers les territoires ultramarins mais aussi par la capacité à accueillir les représentants des Outre-mer, nos collègues et amis de nos territoires, ici, à Paris au sein du CESE.

Je tiens également à affirmer qu’à mes yeux, l’Outre-mer ne doit pas être qu’une question réservée aux Ultramarins. Notre défi sera de sensibiliser nos collègues de l’ensemble du CESE au fait ultramarin pour qu’ils puissent faire évoluer leur regard sur nos territoires et deviennent nos premiers Ambassadeurs. Nous ne sommes ni les confettis d’un Empire colonial nostalgique, ni les danseuses d’un État ne voyant dans ces territoires lointains que des postes de dépenses et de problèmes.

C’est dans la co-construction avec notamment nos collègues de l’Assemblée Nationale et du Sénat, que nous parviendrons à changer le regard porté sur les Outre-Mer. Mais ce travail passe aussi par le regard que nos compatriotes dans nos territoires respectifs portent sur nos institutions (et en premier lieu le CESE) et les cercles de décision parisiens.

Il nous appartiendra de renforcer ce dialogue entre nous en mobilisant notamment les CESER locaux (ou leur équivalent) et les autres organisations de la société civile dont, nous sommes issus.

Comme je l’ai déjà dit, il me semble que l’une de nos forces est la capacité de notre Assemblée à enjamber le calendrier politique pour créer une passerelle entre deux mandatures présidentielles et législatives.

Je nous invite à profiter de cette opportunité pour écrire les premières pages d’une nouvelle histoire d’Amour et de Raison entre nos territoires, la République française et l’ensemble des Français.