Dans le cadre du projet CARIBSAN porté par l’Office de l'Eau de la Martinique (ODE), valorisant le développement des filtres plantés de végétaux dans la Caraïbe, une visite à la station de Taupinière au Diamant a été organisée lundi 31 janvier 2022 par l’Office international de l'Eau (OiEau), en présence de représentants de la Communauté d’Agglomération de l’Espace Sud Martinique, de la mairie du Diamant, de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et des équipes métiers assainissement de la Société Martiniquaise des Eaux (SME).
Virginie Clerima, chargée de mission à l’OiEau en charge du projet CARIBSAN en Martinique explique la démarche : « Le site de Taupinière a comme technologie le traitement de filtres plantés de végétaux pour le traitement de l’assainissement des eaux usées. Ce site est particulièrement emblématique sur la Martinique parce que c’est l’un des premiers sites qui a utilisé cette technologie. Aujourd’hui, on se rend compte, après 8 ans d’exploitation, que le traitement est satisfaisant que ce soit pour les maîtres d’ouvrage ou les exploitants. Financé par l’Union Européenne, par le programme Interreg Caraïbes, par l’Agence Française de Développement (AFD) mais également les Offices de l’eau Martinique et Guadeloupe, l’idée du projet CARIBSAN, fort de cette expérience et de ce site pilote qui a fonctionné extrêmement bien, est de développer cette technologie chez nos voisins de la Caraïbe. Les îles de Cuba, de la Dominique et de Sainte-Lucie sont intéressées. Le projet sur un an et demi vise à trouver
des sites où l’on pourrait implanter des filtres plantés de végétaux pilotes pour après, étendre cette technologie sur les sites anglophones et hispanophones de la Caraïbe. »
Avec ses quatre lits plantés de macrophytes, la station de Taupinière, propriété de l’Espace Sud
Martinique, dispose aujourd’hui d’une capacité de 800 équivalent/habitants et garantit des
performances constantes.
Depuis 2018, l’exploitation du site de Taupinière a été confiée à la Société Martiniquaise des Eaux, délégataire du service public de l’eau potable et de l’assainissement pour l’Espace Sud Martinique.
« Nous gérons pour le compte de l’Espace Sud plus de 38 stations d’épuration sur tout le territoire, de la commune du Robert jusqu’à celle de Sainte-Anne. Parmi elles, nous gérons deux installations à filtres plantés : la première à Mansarde-Rancé, commune du François, qui a permis d’adapter les espèces de végétaux, et ici à Taupinière au Diamant, où les résultats en exploitation sont prometteurs. » Karen Zami, cheffe d’agence assainissement SME.
La station de traitement de Taupinière est une station de petite capacité et simple de gestion. Elle se base sur un système d'épuration naturelle, inspiré du fonctionnement des écosystèmes des zones humides. Le processus de transformation et d'absorption des polluants se déroule dans le sol, par l'action d'une grande diversité de bactéries qui traitent à la fois les eaux usées et les matières en suspension.
Le principe de filtres plantés est écologique et contribue à la préservation de l’écosystème
Thierry Numa, agent d’exploitation SME sur la station d’épuration de Taupinière en confirme les
avantages : « Cette station a la particularité, par rapport aux autres systèmes que l’on connait, de fonctionner avec très peu de matières réelles et très peu d’équipements électriques. Au quotidien, le principe de filtres plantés est écologique et contribue à la préservation de l'écosystème. »
Une station qui, à l’époque de sa création, avait remporté en 2014 le Grand Prix du Génie Ecologique et nécessité plusieurs études et recherches avec la participation de l’INRAE.
Après son lancement par l’Espace Sud Martinique, il y a 8 ans, cette visite d’expérience a été l’occasion de faire un bilan de performance de la station à filtres plantés de Taupinière.
Pascal Molle, directeur de recherche dans l'unité de recherche INRAE REVERSAAL à Lyon a porté un regard satisfait sur l’exploitation de la station et ses performances : « Le projet ATTENTIVE visait à valoriser, sur des stations réelles en Martinique et Guadeloupe, des filières dimensionnées pour le milieu tropical. L’objectif était, ici sur Taupinière, d’aller sur un traitement poussé aérobie et de voir si on pouvait optimiser la dénitrification sur ce type de filière tout en restant compact.
Nous avions trois grands enjeux pour l’adaptation en milieu tropical : réduire l’emprise foncière en raison du climat qui permet une activité de logique active toute l’année ; travailler avec des matériaux granulaires locaux en tenant compte de l’influence de ces matériaux sur le traitement ; sélectionner des plantes adaptées à chacun des départements d’outremer permettant un effet mécanique très fort.
La station a démarré en 2014 et a été suivie jusqu’en 2018. Depuis 3-4 ans, l’exploitation est très bien faite et visiblement le maître d’ouvrage est satisfait du fonctionnement de la station.
Lorsqu’on regarde les derniers bilans, on voit qu’il n’y a pas eu de déviance des performances dans le temps et que la station fonctionne très bien. »