De la vente d’avions d’affaires à la commercialisation de drones longue distance, Pen Aviation franchit aujourd’hui un cap décisif. Désormais valorisée entre 16 et 19 millions d’euros, l’entreprise lance une levée de fonds et accélère son expansion internationale, notamment à travers la création de sa filiale française, Pen Aviation Europe. Des collaborations commerciales avec les Outre-mer sont également en réflexion. Interrogé par la rédaction d’Outremers 360, Jean-Bernard Boura partage sa vision et ses projets de développement.

Diplômé de l’ENAC, Jean-Bernard Boura débute sa carrière chez Dassault Aviation avant de s’installer en Malaisie, avec sa famille, guidé par le souhait d’offrir à ses enfants une éducation dans un environnement international, multiculturel et multireligieux. Il y trouve aussi un terrain d’opportunités professionnelles. Il prend la tête de la division aéronautique d’un conglomérat en tant que CEO, avant de fonder Pen Aviation en 2016, qu’il dirige aujourd’hui avec une ambition claire : innover et rayonner à l’international.
L’émergence des drones de grande capacité révolutionne le secteur de la logistique
A l’origine, Pen Aviation était dédiée à l’aviation d’affaires, avec une activité drone marginale. Mais la crise du Covid-19 a bouleversé ce modèle. L’aviation d’affaires, très dépendante des interactions humaines, s’est brutalement arrêtée, tandis que la demande pour des solutions logistiques autonomes et sans contact s’est envolée. Aujourd’hui, après plusieurs années de recherche et développement technologique, cette activité constitue 95 % du cœur de métier de l’entreprise.
Pen Aviation propose désormais des appareils capables de transporter des charges lourdes sur de longues distances, avec une autonomie renforcée comme le précise Jean-Bernard Boura : « Grâce à une combinaison intelligente entre un hardware robuste et un logiciel d’optimisation, ces drones sont désormais certifiables et exploitables dans l’espace aérien contrôlé, ouvrant ainsi la voie à une commercialisation à grande échelle. »

Pen Aviation Europe, une filiale française à la conquête du marché européen
Aujourd’hui, l’entreprise vise des marchés diversifiés, allant du transport offshore dans le secteur pétrolier à la logistique portuaire ou encore des missions gouvernementales d'intelligence, de surveillance et de défense. Le tout dans une logique de déploiement global, avec une présence renforcée en Asie et désormais en Europe via la France avec la création de Pen Aviation Europe, filiale spécialisée dans la conception, la fabrication, la maintenance, la commercialisation et la distribution d'aéronefs non habités. Cette dualité entre l’ancrage asiatique et la vitrine européenne permet à l’entreprise d’allier flexibilité opérationnelle et exigence réglementaire, deux atouts majeurs pour croître sur un marché international : « La Malaisie nous permet de maintenir des coûts relativement bas et d’avoir une certaine agilité et la France nous permet de mener nos activités de certification, de développer des produits spécifiques et de bénéficier de la crédibilité associée à notre statut d’entreprise française et européenne. » admet Jean-Bernard Boura.

Les Outre-mer, territoires d’expérimentation et de collaboration
Les territoires ultramarins français présentent de nombreuses similitudes avec les archipels d’Asie du Sud-Est. Ces environnements insulaires, marqués par des contraintes géographiques, climatiques et logistiques, nécessitent des solutions techniques adaptées aux réalités locales.
Bien qu’il évoque peu ses racines ultramarines, Jean-Bernard Boura y reste profondément attaché : « Il y a un aspect plus personnel dont je n’avais pas conscience c’est que les ultramarins ont besoin d’exemples concrets pour les aider à se projeter hors de leur cadre quotidien, à s’ouvrir à d’autres modèles. Depuis nos interventions en Outre-mer on est contacté par des gens en Martinique ou à La Réunion qui souhaitent travailler avec nous ou en savoir plus sur notre parcours. C’est quelque chose auquel on ne s’attendait pas. Et le fait d’être originaire de la Martinique, crée un lien supplémentaire. »
C’est dans cette logique de réciprocité et d’ancrage local que Jean-Bernard Boura envisage la possibilité de relations commerciales avec des entreprises ultramarines : « On préfère aider les gens à développer leur business localement simplement parce que l'exploitation du drone requiert une bonne connaissance du tissu local. On n’a pas la prétention de maîtriser les spécificités de chaque pays où nos solutions pourraient être utiles. C’est pour ça qu’on privilégie des partenariats avec des personnes ancrées localement, qui connaissent leur environnement, leurs contraintes, leurs opportunités. Eux savent évaluer ce qu’on peut leur apporter, et nous, on apprend aussi beaucoup à leurs côtés. »
EG