Agriculture : La « souveraineté alimentaire française passe aussi par la ferme Outre-mer » assure Emmanuel Macron

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Agriculture : La « souveraineté alimentaire française passe aussi par la ferme Outre-mer » assure Emmanuel Macron

Le président de la République a reçu, ce mercredi à l’Élysée, et en marge du Salon international de l’Agriculture, élus et acteurs du monde agricole ultramarin. Le but : réserver un moment particulier aux Outre-mer et délivrer son message sur la souveraineté alimentaire en trois axes : la protection contre le changement climatique, le renouvellement des générations et le modèle de production.

350 élus et acteurs du monde agricole, et de l’ensemble des territoires ultramarins, ont répondu à l’invitation de l’Élysée, ce mercredi. L’occasion pour le chef de l’État de délivrer son message aux filières des Outre-mer. « Notre agriculture ultramarine est en quelque sorte un continent en soi et la souveraineté alimentaire française passe aussi par cette ferme Outre-mer » a déclaré Emmanuel Macron dans son discours. 

« En effet, au cœur de nos paysages, de nos territoires, avec des spécificités propres à chacun, il y a un projet à bâtir et des défis parfois plus importants : les mutations climatiques sont plus fortes, avec des conséquences terribles, les territoires ultramarins sont encore plus exposés aux dérèglements climatiques contemporains avec des défis d’accessibilité, de souveraineté alimentaire » a-t-il ajouté, citant trois axes : la protection des exploitations face aux dérèglements climatiques ; le renouvellement des générations agricoles et l’attractivité des métiers ; et le renforcement de la production.

Sur le premier axe, Emmanuel Macron a promis un déblocage plus rapide du fonds de secours Outre-mer, augmenté de 20% en 10 ans, en cas de catastrophe naturelle. « A chaque catastrophe, l’État est là pour indemniser » a-t-il assuré, citant l’exemple du passage du cyclone Belal à La Réunion dont le montant des dégats est estimé à une dizaine de millions d’euros. « Nous allons accélérer très fortement l’intervention du fonds de secours pour les Outre-mer », a-t-il insisté. Dans le cas de La Réunion, les fonds premiers devraient arriver en juin prochain, en lieu et place d’un délai d’un an.

Autre annonce à ce sujet : une ordonnance passée ce même jour au Conseil des ministres permettant notamment « d’ouvrir le dispositif de l’assurance-récolte dans les Outre-mer, en l’adaptant ». « Le dispositif de l’assurance-récolte repose sur un partage équitable du risque entre l’État, les agriculteurs et les entreprises d’assurance. Il s’agit d’une assurance subventionnée qui correspond à l’intervention de droit commun du fonds national de gestion des risques en agriculture », détaille le compte-rendu du Conseil des ministres.

« L’objectif est d’accompagner le développement de l’assurance agricole Outre-mer. Pour ce faire, il est prévu de compléter cette ordonnance par une expérimentation qui permettra également d’introduire un niveau d’indemnisation majoré, qui existe pour l’hexagone dans le cadre du FNGRA, en cas de calamité » ajoute-t-on. « Il s'agit concrètement de proposer une assurance agricole qui permettra aux exploitants agricoles ultramarins d'y devenir éligibles. Et cette réforme devra se déployer d'ici à la fin de l'année pour permettre justement d'adapter complètement notre modèle et mieux vous accompagner » résume le chef de l’État.

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Sur le renouvellement des générations agricoles et l’attractivité des métiers, « défi pour la Nation entière », le chef de l’État s’est appuyé sur le modèle calédonien, revenant sur les annonces faites en juillet dernier, notamment sur la réorientation des missions de l’Agence de développement durable et d’aménagement foncier vers la protection et la viabilisation du foncier agricole. Ajouté à cela : l’annonce d’un nouveau lycée agricole à La Foa pour « compléter l’offre de formation » et « une aide à l'installation » avec la signature de la convention de la dotation d’installation agriculteur. Emmanuel Macron souhaite déployer ces dispositifs dans tous les territoires ultramarins « avec une approche différenciée par territoire ».

Il évoque aussi un projet de loi, prévu en mars, pour favoriser l’installation des jeunes agriculteurs, comprenant des dispositions Outre-mer. L’Élysée avait d’ailleurs, ce mercredi, invité une douzaine de jeunes martiniquais, actuellement en formation agricole. Toujours sur le renouvellement, Emmanuel Macron assure que « le Pacte d'orientation pour le renouvellement des générations en agriculture, présenté en décembre dernier et qui vaut tout particulièrement pour les Outre-mer, va conduire à changer les choses en matière de formation professionnelle, d'accompagnement des jeunes, de démographie ».

Enfin sur la dernière partie, Emmanuel Macron appelle à « produire mieux, différemment » sans « renoncer à notre souveraineté agricole dans tous nos territoires Outre-mer ». « Vous avez toutes et tous vos singularités mais nous sommes collectivement déterminés à cette stratégie pour atteindre la souveraineté agricole » a martelé le chef de l’État. Sur les plans de souveraineté alimentaire signé avec les DROM, à l’automne dernier, Emmanuel Macron appelle à aller plus vite sur le financement.

« L’État a fait une partie du chemin : 45 millions d’euros ont été mobilisés en 2023, 60 millions à l’horizon 2024 (…). Nous allons poursuivre cet effort de financement des plans de souveraineté alimentaire, réparti entre l’État et les filières, et je ne lâcherai pas à ce combat indispensable, il appartient au gouvernement de trouver les solutions adaptées mais en tout état de cause nous devons continuer d’avancer », a assuré le président. Il a aussi annoncé 11 millions d’euros aux petits exploitants de la filière banane antillaise « qui ont des difficultés de trésorerie », le développement du premier sucre bio européen à La Réunion et la poursuite de la lutte contre la leucose bovine pour les éleveurs réunionnais pour trois années supplémentaires.

« La diversification agricole demeure au centre de notre ambition » a enfin déclaré le chef de l’État, « ne soyons plus dépendants de monoculture, des systèmes oligopolistiques, même monopolistique pour la production et la distribution. Et donc (…) nous devons aussi continuer l'agenda de réforme pour avoir des modèles plus ouverts, plus protecteurs au fond de nos territoires et de leur population, car notre agriculture ultramarine est une force formidable », a-t-il conclu.