À l’issue de dix jours de négociations intenses, l’accord de Bougival sur l’avenir institutionnel, économique et politique de la Nouvelle-Calédonie a été signé ce matin, marquant un tournant majeur dans l’histoire des relations entre l’archipel et la République française. Lors d’une allocution pour conclure ce sommet sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, le président Emmanuel Macron, qui a reçu les signataires à l'Elysée, a salué « un modèle de responsabilité», et « l'aboutissement d'un processus entamé depuis 40 ans » en soulignant l’ampleur du chemin parcouru depuis les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998).
« Sur le cadre institutionnel, vous avez inventé un chemin ! Vous avez permis de donner un cadre d'avenir institutionnel pérenne et évolutif, qui évite à nouveau la fracture» a déclaré Emmanuel Macron devant les représentants politiques calédoniens, les membres du gouvernement et les acteurs institutionnels réunis sous les ors du palais de l'Elysée.
Le président de la République a rendu hommage à une classe politique calédonienne qui a su, selon lui, dépasser les postures habituelles : « vous avez fait œuvre de responsabilité, mais surtout, vous avez fait de la politique, au sens noble du terme. Dans un temps où la politique, c'est gagner contre l'autre, et ce que les référendums nous ont souvent appris, vous avez collectivement montré que la politique, c'est reconnaître la part de l'autre (..) en ne cédant rien de vos désaccords, de vos histoires».
L’accord de Bougival entérine plusieurs mesures clefs. Sur le plan économique, le président a souligné l’importance d’une refonte de la filière nickel, pierre angulaire de l’économie calédonienne : « Il s’agit de bâtir ensemble une filière rentable, durable, capable de financer le développement de la Nouvelle-Calédonie.»
Emmanuel Macron a également insisté sur la nécessité d’assainir les finances publiques locales, d’accompagner les réformes par une expertise technique avec la mise en place d'une mission interministérielle et de faire de la jeunesse un axe central du renouveau social. « Sur les sujets également d'avenir, le pari de la jeunesse, de la formation, de l'adaptation respectueuse de la coutume et de la société calédonienne d'aujourd'hui, de la lutte contre les maux qui la rongent, constituent une combinaison d'enjeux qui peuvent permettre la réconciliation et, je crois, répondent aussi à l'ambition que nous avons en partage.»
L’accord prévoit également des transferts de compétences, notamment dans les domaines régaliens, sous conditions de majorité qualifiée et de consultation populaire. Un nouveau corps électoral a été défini, agréé par les parties, pour garantir l’équité démocratique. Le calendrier électoral sera adapté afin de permettre la mise en œuvre des réformes constitutionnelles et organiques. Il prévoit la création d’un «État de la Nouvelle-Calédonie» au sein de la République, avec une loi fondamentale inscrite dans la Constitution. Autre fait notable, l’accord introduit également la reconnaissance d’une nationalité calédonienne, aux côtés de la nationalité française.
Pour le chef de l'Etat, cet accord marque une nouvelle étape.«Nous sommes donc à l'aboutissement d'un processus, celui entamé il y a presque 40 ans lors des accords de Matignon et de Nouméa. Le chemin que vous avez réussi à construire collectivement est inédit et il force le respect. Après deux accords et trois référendums, la Nouvelle-Calédonie, par ce que vous avez signé ce matin, ouvre une nouvelle page de son avenir dans un lien serein avec la France».
Emmanuel Macron a souligné que « le gouvernement s'attelle au travail constitutionnel, organique et législatif permettant de donner une réalité à cet accord en lien étroit avec le président du Sénat et la présidente de l'Assemblée nationale».
En ouverture de cette conclusion de ce sommet, chaque représentant politique calédonien a témoigné de son état d'esprit après ces 10 jours de négociations. Au delà de la fatigue, rtous, de manière unanime, ont reconnu les «concessions, compromis mais aussi le sens de responsabilité» de chaque camp pour aboutir à cet accord. Après cette séquence parisienne, les partis loyalistes et indépendantistes, de retour à Nouméa, ont la charge de convaincre leur base électorale et la population calédoniennes sur le caractère inédit et historique signé ce 12 juillet.