L’édition 2025 du salon Viva Technology, rendez-vous mondial des innovations de demain, s’est achevée ce week-end, et l’heure est au bilan pour les participants. Du côté de la Guyane, c’était une première : un stand collectif y a été installé, mettant en avant notamment la structure Guyane Cosmetic Valley. Forte de 25 start-up dans la filière cosmétique, sa responsable d’antenne, Alysson Marigard, est venue présenter un modèle unique, enraciné dans la forêt amazonienne. L’occasion également pour elle de renouveler de précieux partenariats et de rencontrer de potentiels nouveaux partenaires.
Cette année à VivaTech, les délégations ultramarines étaient nombreuses. Dans l’effervescence des halls du Parc des Expositions de la Porte de Versailles, de nombreux exposants guyanais avaient fait le déplacement pour la première fois. « Nous sommes très heureux de cette première participation », confie Alysson Marigard, responsable de l’antenne Guyane Cosmetic Valley.
Pour la représentante du cluster d'entreprises de la cosmétique, ce rendez-vous a aussi été l’occasion de renouveler le partenariat avec la Collectivité Territoriale de Guyane, déjà engagée depuis 2022 dans le développement de la filière. Objectif : poursuivre la structuration d’un écosystème économique autour des bioressources locales, en alliant savoirs ancestraux, recherche scientifique et ambitions internationales. « Après trois ans, ce partenariat a permis une vraie dynamique. Nos entreprises ont pu changer d’échelle. On tenait à le renouveler ici même, à Paris », explique Alysson Marigard, alors que la signature est intervenue dès le premier jour du salon.

Au cœur du projet, un terme encore méconnu du grand public : la cosmétopée : valoriser des usages traditionnels des plantes à des fins cosmétiques, appuyée par des preuves scientifiques ; une démarche qui trouve en Guyane un terrain d’expression singulier. « Nos ressources sont exceptionnelles. On parle ici de concentrations en antioxydants, vitamines, bêta-carotène… », insiste la responsable. « Mais au-delà de la qualité des matières, il y a toute une mémoire, un savoir transmis par les peuples. Notre mission, c’est de le valoriser et de le prouver. »
Un défi logistique et financier
Le développement de cette filière ne va pas sans obstacles.« On a des points de blocage sur l’export, sur la logistique, sur la mise aux normes », souligne Alysson Marigard. C’est aussi pourquoi la présence à VivaTech est stratégique : « On est venus chercher des partenaires, des investisseurs, des solutions. » Au-delà des contacts d’affaires, c’est aussi une ouverture culturelle et technique que permet un tel événement. « Voir ce qui se fait en Afrique, en Arabie Saoudite, dans d’autres régions, ça nous permet de comprendre les dynamiques, et de positionner la Guyane dans ce paysage mondial. »
Cette approche s’appuie sur un tissu entrepreneurial en croissance. En effet, le territoire compte aujourd’hui 25 start-up adhérentes à Guyane Cosmetic Valley. Certaines ont déjà trouvé leur place sur le marché hexagonal et international. D’autres se positionnent sur des segments spécifiques, comme les soins capillaires pour cheveux texturés, un marché en plein essor. Mais le marché local n’est qu’un début. L’objectif affiché, c’est l’international. « Nous orientons toutes nos entreprises vers l’export. Que ce soit vers les Antilles, la France hexagonale, la Suisse, la Chine... », explique Alysson Marigard, qui rappelle aussi l’importance des partenaires institutionnels qui croient en ce potentiel de développement, comme Business France ou la Team France Export.
Visibilité choisie, ancrage renforcé
VivaTech a marqué une étape importante, mais la feuille de route de la structure est encore bien remplie. La participation prochaine à la Natural Hair Academy (NHA) est un autre rendez-vous d’importance pour Guyane Cosmetic Valley. L’événement, qui en 13 ans est devenu « le plus grand événement grand public pour les femmes noires et métissées en Europe », selon le site lui-même, représente un enjeu fort pour Alysson Marigard. « On ne va pas partout. On choisit des événements où la Guyane a un positionnement naturel, pertinent, identifiable. »

Les perspectives ne manquent pas. L’accompagnement des projets en phase d’industrialisation, la montée en gamme réglementaire, la mise en lumière d’une identité cosmétique propre à l’Amazonie française sont autant de piliers de la stratégie. « On commence à peine à mesurer le potentiel de notre territoire. VivaTech nous a permis de montrer que la Guyane n’est pas une terre en marge de l’innovation, mais une source d’avenir pour une cosmétique plus durable, plus équitable, plus enracinée. »
Les produits de Guyane Cosmetic Valley seront donc à retrouver les 21 et 22 juin, de nouveau Porte de Versailles, à l’occasion de la NHA, un autre événement international.
Abby Said Adinani