©CHU La Réunion
Afin de soutenir les soignants dans leurs revendications pour davantage de moyens en faveur des hôpitaux, la députée Éricka Bareigts, et de leur coté le député David Lorion et la sénatrice Viviane Malet de La Réunion ont interpellé tous les deux ensemble par courrier le ministre des solidarités et de la santé Olivier Véran.
Alors que le personnel soignant battait hier les pavés des villes hexagonales et réunionnaises afin de se faire entendre, Éricka Bareigts tire la sonnette d’alarme. À travers un long courrier envoyé ce jour, elle attire l’attention du ministre de la santé Olivier Véran sur deux points phares.
La députée interpelle sur l’urgence de l’augmentation des salaires, prône une meilleure écoute du personnel de santé et insiste sur l’amélioration nécessaire des moyens mis à leur disposition, tout en rappelant la promesse présidentielle sur l’amélioration des conditions de travail du personnel soignant en hôpital public. « Un plan d’urgence doit être mis en place pour l’hôpital public français et adapté aux situations de chaque territoire », pointe-t-elle dans son courrier. Un plan qui va « permettre la réévaluation du coefficient géographique de notre CHU » qui selon elle « reste inchangé depuis de trop nombreuses années et qui ne tient plus suffisamment compte des surcoûts liés à l’insularité de nos territoires ultramarins et à l’éloignement de l’Hexagone ».
Dans un second temps, la députée de La Réunion a rappelé la situation sanitaire difficile de l’île intense depuis plusieurs mois, notamment avec la prolifération de la dengue. « La forte mobilisation de nos personnels lors de cette crise de la Covid-19 a souligné le fragile équilibre de nos ressources humaines face à la gestion simultanée de deux pandémies », souligne Éricka Bareigts. Selon elle, la nécessité de l’ouverture de lits et de postes dans des services déjà identifiés doit être entendue afin que le CHU de La Réunion devienne « l’hôpital français de l’océan Indien ». Une situation stratégique auprès des autres Français du bassin Indien, confortée dernièrement par l’accueil de patients mahorais atteints de la Covid-19.
En parallèle, un courrier co-signé par le député de La Réunion David Lorion et la sénatrice de La Réunion Viviane Malet a été envoyé mardi 16 juin au ministre de la santé afin d’obtenir pour le territoire une « nouvelle organisation de soins plus efficace, plus adaptée et plus humaine ». Dans la liste de leurs doléances, la réévaluation du coefficient géographique à hauteur de 4%. « Ce retard de réévaluation met artificiellement le CHU de l’île en situation de déficit l’obligeant ainsi à des restructurations hospitalières avec des fermetures de lits et une diminution du personnel hospitalier (…) », indiquent-ils dans leur courrier commun. Les deux parlementaires demandent aussi « un rattrapage par une enveloppe budgétaire spécifique de l’offre structurelle et de la santé mentale », soulignant que la dotation annuelle du fonctionnement de la psychiatrie est inférieure de 20% à la moyenne nationale, soit 600 euros de moins par patient comparativement à un patient en Hexagone.
David Lorion et Viviane Malet interpellent également Olivier Véran sur l’arrêt du COPERMO (Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins) mise en place en janvier 2018, à l’origine selon eux « de fermetures de sites et de tensions sociales au sein de l’hôpital et de la population ». Enfin, ils demandent une agence régionale de santé (ARS) sous tutelle de région, affranchie des normes hexagonales pour défendre les particularités des Outre-mer et notamment de La Réunion, à savoir une marge suffisante de capacité hospitalière, surtout durant les fréquentes périodes épidémiques, moins d’ambulatoire (part importante de maladies chroniques) et la définition d’un stade spécifique épidémique lié à l’insularité et stock suffisant de matériels et équipements de protection.
Amélie Rigollet